FBI
était nu, allongé sur une table d’autopsie. L’Agent spécial O’Neil a fait derechef son travail : il a pris des notes.
Ce qu’il a vu ce jour-là, il l’a consigné dans un rapport immédiatement frappé du sceau de la sécurité nationale. Pas question d’en dire un mot, tant ses conclusions vont à l’encontre de certaines thèses plus ou moins officielles. Alors, pendant des années, Fox O’Neil a respecté les ordres et n’a parlé que quand on lui a dit de le faire. Ce qu’il a vu ce jour-là le hantera jusqu’à la fin de ses jours. Quarante-cinq ans plus tard, il finit doucement ses jours au milieu des siens dans la station balnéaire de Hyannis, sur la presqu’île de Cape Code, au sud-est de Boston, non loin de la propriété familiale des Kennedy et du musée Kennedy, dans une ville qui semble dédiée tout entière à la mémoire du trente-cinquième président des États-Unis. Fox O’Neil est enfin libre de parler. Mais trop tard. Le pays est désormais sans vérité. Et cela fait longtemps.
Le 98 e escadron d’opérations spéciales de l’US Air Force cantonné sur la base d’Andrew, dans le Maryland, héberge Air Force One , l’avion présidentiel. Le FBI dispose, à la base d’Andrew, d’un bureau où l’un de ses agents se tient toujours prêt à intervenir en cas de violation de la loi fédérale. En ce mois de novembre 1963, cette tâche jusque-là fastidieuse incombe à Fox O’Neil.
Comme à chaque départ présidentiel, Fox O’Neil se trouve sur le tarmac quand JFK embarque avec sa famille à destination de Dallas, le 21 novembre. Il représente le FBI. Conformément à un rituel immuable depuis son premier décollage de la base, le Président salue l’agent du FBI d’un signe de tête.
Le lendemain, Fox O’Neil est à la base d’Andrew, où il attend la dépouille du président Kennedy.
Peu auparavant, à l’hôpital Parkland de Dallas, il s’est passé une chose aussi incroyable que lourde de conséquences. Le clan Kennedy a récupéré par la violence le cadavre du Président ! Sans doute à la demande du frère, le Procureur général Bobby Kennedy, une équipe d’agents du Secret Service, dirigée par le chef de cabinet de JFK, a fait irruption dans le bloc opératoire et s’est emparée de la dépouille du Président. Les médecins et un juge ont protesté : c’était contraire à la loi du Texas qui stipule qu’aucune victime de meurtre ne peut quitter l’État sans avoir subi une autopsie. Certains témoins affirment que les hommes de Bobby Kennedy ont braqué les médecins avec leurs armes à feu avant de disparaître avec le corps du président Kennedy. « Ni plus ni moins qu’un putain de kidnapping ! », pour reprendre l’expression de l’agent du FBI Jim Sibert.
Jim Sibert, l’agent-résident de la petite antenne du FBI de Hyattsville (Maryland), est arrivé à la base d’Andrew peu après 16 heures. Fox O’Neil a en effet réclamé du renfort. Air Force One est annoncé pour 18 heures. À son bord, la famille Kennedy et l’ex-vice-président Lyndon Johnson, qui vient de prendre ses nouvelles fonctions présidentielles, accompagnent la dépouille présidentielle. Sur le tarmac règne une activité fébrile. À l’aide de grosses cordes, des dizaines de soldats délimitent les zones réservées aux VIP’s et celles imparties à la presse.
Peu avant 18 heures, alors qu’ Air Force One amorce son approche, Fox O’Neil est informé qu’il doit rappeler sur-le-champ son supérieur, Edwin Tully. L’agent du FBI se fraie un passage parmi la foule des militaires et des officiels qui se pressent sur le tarmac. Tully vient de recevoir un appel de J. Edgar Hoover qui veut savoir si le Bureau est représenté à la base.
« Je lui ai dit que vous étiez là, l’informe Tully. Voici ses ordres : vous devez rester près du cadavre quoi qu’il arrive ; vous devez récupérer toutes les preuves de l’assassinat que vous pourrez réunir [c’est-à-dire les balles] et les apporter au laboratoire du FBI à Washington. »
Fox O’Neil retourne sur le tarmac au moment où Air Force One atterrit. Il transmet à son collègue Jim Sibert les ordres reçus. Le FBI n’a pas encore compétence sur l’enquête. Les deux Agents spéciaux assisteront à la suite des événements en tant qu’observateurs.
Le cercueil est chargé à bord d’une ambulance. La famille Kennedy prend place dans la première des limousines du
Weitere Kostenlose Bücher