FBI

étouffées –, des millions de personnes risquaient de périr. »
    La réaction du président Johnson s’explique d’autant mieux qu’une aura de mystère entoure le voyage à Mexico de Lee Harvey Oswald. On sait que, lors de son séjour, Oswald a rencontré des représentants du KGB, mais aussi des diplomates espions cubains. On peut s’étonner qu’il se soit fait voir en leur compagnie dans des lieux publics. Mais le mystère commence vraiment quand on apprend qu’il n’y avait pas un, mais deux Lee Harvey Oswald à Mexico au même moment. Pour être plus précis, quelqu’un se faisait passer pour Lee Harvey Oswald !
    Le président Johnson en a été informé le 23 novembre 1963 à 10 h 1 du matin par un appel téléphonique de J. Edgar Hoover. Lee Harvey Oswald est alors encore en vie, il est détenu à l’hôtel de police de Dallas. Johnson demande à Hoover ce qu’il sait de « la visite à l’ambassade soviétique de Mexico ». Le directeur du FBI lui répond que « c’est une affaire très embrouillée ». Le FBI possède la photo d’un homme qui disait être Lee Harvey Oswald, en train de sortir de l’ambassade, et l’enregistrement d’une conversation téléphonique. Or, ajoute Hoover, « la photo et l’enregistrement ne correspondent pas à la voix ni à l’apparence [d’Oswald]. En d’autres termes, il semble qu’il y ait eu une seconde personne à l’ambassade soviétique ».
    Deux Lee Harvey Oswald à l’ambassade soviétique à Mexico ? Quelqu’un tenait vraiment à ce que les visites du futur assassin du président Kennedy ne passent pas inaperçues. Mais qui ?
     
    Dans la foulée de la commission Church, la Chambre des représentants crée une commission chargée notamment, elle aussi, d’enquêter sur l’assassinat de John F. Kennedy, le House Select Committee on Assassinations (HSCA). L’interrogatoire de James Hosty, en novembre 1977, est placé sous le signe de l’incompréhension. L’agent du FBI espère voir les parlementaires explorer la piste mexicaine. Mais, si le HSCA croit à un complot, il s’oriente plutôt du côté du crime organisé. Le responsable des enquêteurs en est d’ailleurs un spécialiste.
    James Hosty est interrogé sur le séjour de Lee Harvey Oswald à La Nouvelle-Orléans. Les parlementaires cherchent un lien entre Lee Harvey Oswald et Carlos Marcello, le chef de la famille mafieuse qui règne sur la ville. La démarche est logique. Contredisant les conclusions de la commission Warren, ils ont déjà trouvé des liens entre Jack Ruby, l’assassin d’Oswald, et la Mafia. Intrigué par les séjours de Ruby dans le Cuba de Batista en 1959, le HSCA découvre qu’il ne s’agissait pas de simples vacances, contrairement à ce que pensait la commission Warren. Les archives des services américains de l’immigration (INS) signalent plusieurs voyages d’affaires de Ruby dans l’île, notamment peu après l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro. Jack Ruby est venu pour libérer Santo Trafficante, puissant parrain américain de Tampa, propriétaire de nombreux casinos et hôtels à Cuba. Santo Trafficante a été expulsé de Cuba en octobre 1959 contre versement d’une somme estimée à 100 000 dollars. Interrogé par les parlementaires du HSCA en 1978, Trafficante admet du bout des lèvres que Raul Castro, frère de Fidel, a joué un rôle certain dans sa libération.
    En novembre 1963, peu avant l’assassinat du président Kennedy, Jack Ruby rencontre Santo Trafficante et Carlos Marcello. Officiellement, il s’agit de régler un différend d’ordre syndical que Ruby aurait eu avec l’American Guild of Variety Artists (AGVA). Les enquêteurs du HSCA sont troublés : divers témoins accusent Trafficante et Marcello d’avoir parlé d’assassiner le président Kennedy dès la fin de 1962.
    Au grand dam de James Hosty, les conclusions du HSCA affirment que le président Kennedy a peut-être été victime d’un complot, mais que toute participation des Soviétiques, des Cubains ou de la Mafia en tant que telle est exclue. En revanche, elles n’écartent pas la possibilité que des « individus » ou des « groupes » de la Mafia aient organisé un tel complot.
    En 2007, avant de mourir, un vieillard grabataire, rongé par le cancer et la gangrène, livre à son fils ce qu’il prétend être la vérité sur l’assassinat de Kennedy. Le vieil homme n’est pas n’importe qui : il s’appelle E. Howard Hunt et