Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
FBI

FBI

Titel: FBI Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Carr-Brown
Vom Netzwerk:
voit pas l’intérêt. Le Procureur général est un chaud partisan de l’égalité des droits civiques pour les Noirs ; le directeur du FBI est plus réticent, il voit un complot communiste derrière les marches et les mouvements de protestation qui gagnent la communauté de couleur. Et puis, il y a des questions d’ego. Jusqu’alors, J. Edgar Hoover a toujours eu un accès direct aux présidents des États-Unis. Or Bobby Kennedy lui impose de passer par lui s’il veut voir son frère. « Bobby voulait se débarrasser de J. Edgar Hoover, explique Cartha DeLoach. Il voulait s’approprier le FBI. »
    Un équilibre fragile finit néanmoins par s’instaurer. Le président Kennedy et son père l’ambassadeur y contribuent grandement. Mais le Président est assassiné et le vieil ambassadeur, victime d’un accident cérébral. Bobby et J. Edgar se retrouvent face à face, sans personne pour les séparer.
    Bobby dégaine le premier. Interrogé sur l’assassinat de son frère, il dit qu’il n’est pas près d’oublier le coup de fil glacial du directeur du FBI : « En m’annonçant la nouvelle, déclare-t-il, il n’était pas aussi bouleversé que s’il m’avait signalé avoir découvert un communiste [dans une université américaine] ! »
    Furieux, J. Edgar Hoover refuse alors de prendre le Procureur général au téléphone. Bobby Kennedy exige d’avoir une ligne directe avec le Directeur. Hoover la fait aboutir sur le bureau de sa secrétaire personnelle, la très fidèle Helen Gandy. Bobby tape du poing sur la table et obtient que le téléphone direct soit placé sur le bureau du directeur du FBI.
    La première fois que Bobby appelle, J. Edgar Hoover, qui est en réunion avec quelques agents dans son bureau, laisse sonner le téléphone, sans répondre. Quand la sonnerie s’arrête, le Directeur se tourne vers un de ses assistants et, désignant l’appareil, dit : « Maintenant, on peut peut-être le rapporter sur le bureau de Mademoiselle Gandy ? » À compter de ce jour, les deux hommes ne se sont pratiquement plus jamais parlé. Ce qui n’est pas sans poser problème dans un pays au bord de l’explosion raciale.
    En ce début des années 1960, la question qui hante les États-Unis est celle de l’égalité des droits civiques pour les Noirs. Depuis dix ans, le mouvement a gagné en ampleur. Des dizaines de milliers de manifestants réclament régulièrement la fin de la ségrégation dans les transports publics, dans les écoles, et surtout la possibilité pour les Noirs de s’inscrire sur les listes électorales et de voter sans risquer de se faire lyncher. En 1954, un arrêt de la Cour suprême déclare anticonstitutionnelle la ségrégation raciale dans les écoles publiques. L’année suivante, le boycott des bus à Montgomery est déclenché à la suite de l’arrestation de Rosa Parks, qui refuse de laisser son siège dans un bus à un Blanc. Parmi les dirigeants du mouvement, un jeune pasteur peu connu à l’époque, Martin Luther King Jr., qui prône la non-violence et la désobéissance civile. Après plus d’un an de boycott, la Cour suprême déclare anticonstitutionnelle la ségrégation raciale dans les bus en vigueur en Alabama. John Fitzgerald et Bobby Kennedy comptent parmi les plus ardents partisans de ce mouvement.
    Il n’a pas échappé aux responsables du FBI, dont Cartha DeLoach, que, depuis l’assassinat de son frère, Bobby Kennedy a infléchi la politique du Département de la Justice. Désormais, la lutte contre la Mafia est reléguée au second plan au profit de l’octroi des droits civiques à la communauté noire. Quarante-cinq ans plus tard, Cartha DeLoach s’interroge encore sur les raisons d’un tel changement de cap. Ce choix était-il dicté par un sentiment de culpabilité pour avoir placé son frère en porte-à-faux vis-à-vis des parrains qui avaient financé la campagne présidentielle démocrate de 1960 ? S’agissait-il d’un calcul électoral ? Bobby Kennedy va alors se présenter aux prochaines élections sénatoriales. Or la lutte en faveur des droits civiques est, pour un démocrate, plus payante que la lutte contre la Mafia. Mais il est des machines lentes et lourdes à bouger : le FBI est de celles-là. Avec seulement quelques six mille agents, le Bureau ne peut être sur tous les fronts.
    Le Bureau et « ses Noirs  »
     
    On a longtemps dit que l’entrée tardive du FBI dans la bataille pour les droits civiques

Weitere Kostenlose Bücher