FBI

couve.
    Tout le monde au régime
     
    En ce début de l’année 1964, J. Edgar Hoover a un problème : il se trouve trop gros. Alors qu’il s’habille pour une soirée de gala à la Maison-Blanche, il découvre qu’il ne rentre plus dans son smoking. Il décide de se mettre au régime. C’est-à-dire, précise Cartha DeLoach : pas de dessert, mais toujours son bon vieux Jack Daniels après une rude journée de travail. Le Directeur estime que ses agents sont eux aussi trop gros : il leur ordonne d’aligner leur poids sur les critères retenus par les compagnies d’assurance-vie. Sinon, pas d’augmentations, pas de promotions, pas de mutations favorables ! Les responsables du Bureau sont priés de donner l’exemple. Avant qu’ils ne commencent leur régime, le boss vérifie lui-même leur poids.
    J. Edgar Hoover convoque dans son bureau trois de ses cadres, dont Cartha DeLoach. Il les attend à côté d’une balance. Ils tombent la veste et le pantalon, montent à tour de rôle sur le plateau. Le Directeur procède lui-même à la pesée et note le poids de ses hommes en affichant un air dégoûté. « Nous étions tous en surpoids », frissonne DeLoach. Au Quartier général, on les surnomme depuis lors les « Cuirassés ». Ils se mettent au régime. En quelques semaines, ils ont fondu, mais DeLoach remarque que le tour de taille de son patron reste égal.
    À cette époque, un journaliste du Washington Star colle aux basques de J. Edgar Hoover afin de rédiger son portrait. Ami de DeLoach, le journaliste lui remet une copie du papier avant publication. DeLoach le lit et, consterné, se précipite chez Clyde Tolson pour lui montrer une déclaration attribuée au Directeur : « Je viens juste de passer ma visite médicale annuelle, je suis en parfaite condition physique, je ne pèse que 87 kilos, le poids recommandé par la compagnie d’assurance Metropolitan Life pour un homme de ma taille. »
    Gêné, DeLoach explique à Tolson que, selon les critères des compagnies d’assurance, Hoover est en surpoids. Diplomatiquement, il ajoute que les milliers d’agents qui se serrent la ceinture risquent fort de ne pas apprécier. Tolson blêmit, tape du poing sur la table : le Directeur n’est pas gros ! DeLoach suggère de demander l’avis du directeur administratif du FBI, qui s’occupe entre autres de la santé des agents. DeLoach lui pose le problème suivant : sachant que le Directeur pèse 87 kilos pour 1,79 mètre, quel est son surpoids ?
    Silence gêné du malheureux directeur administratif, qui gémit :
    « Suis-je obligé de répondre à une question aussi stupide ? »
    DeLoach reformule son problème : connaissant le poids d’un individu que l’on ne nommera pas (87 kilos), et sa taille (1,79 mètre), calculez son surpoids… La réponse est : 13 kilos.
    Défait, Tolson se tourne vers DeLoach. Nouveau problème : qui va annoncer la mauvaise nouvelle au patron ?
    « C’est mieux si c’est vous qui le faites », dit Tolson à DeLoach.
    Porteur de la mauvaise nouvelle, DeLoach redoute les foudres du Directeur. Mais, à sa grande surprise, J. Edgar Hoover prend la chose avec philosophie et demande à son numéro trois d’amputer l’article du Washington Star de la citation incriminée. L’article paraîtra donc sans la référence au poids du patron du FBI. Hoover ne renoncera pas pour autant à faire maigrir ses hommes. Mais les agents ont d’autres problèmes, surtout dans le sud du pays…
    Mississippi Burning
    L’État du Mississippi est sur le point de s’embraser. Là, seulement 6 % des Noirs sont inscrits sur les listes électorales. Deux organisations antiségrégationnistes, le CORE et le SNCC, lancent l’« Été de la liberté ». Des centaines de militants antiségrégationnistes viennent du Nord pour inciter les Noirs à participer aux élections. Le Congrès s’apprête à voter le Federal Voting Right Act afin de combattre les discriminations électorales. L’« Été de la liberté » sera chaud. Très chaud, même. La nuit appartient au Ku Klux Klan : des dizaines d’églises brûlent, des voitures explosent, des croix géantes sont enflammées devant les baraques des Noirs. Les jeunes venus du Nord sont roués de coups, souvent dès leur descente du bus. Le pays est en émoi. Partout, on se mobilise. Au matin du 21 juin 1964, trois jeunes militants du CORE, James Chaney, Andrew Goodman et Michael Schwerner, arrivent à Longdale