FBI

pour enquêter sur l’incendie criminel de l’église Mount Zion et le passage à tabac de trois Noirs. Ils repartent peu après pour Meridian. Depuis, nul ne les a plus revus. Leurs proches alertent vite le FBI.
    Depuis 1962, John Proctor est l’« agent résident » du FBI pour la ville de Meridian. Il est à lui seul le représentant du Bureau pour la région ; il s’occupe des réserves indiennes, des fugitifs, des vols de voitures et des violations des droits civiques. Fort en gueule, malin, il est le modèle de l’agent du FBI joué par Gene Hackman dans le film d’Alan Parker Mississippi Burning en 1988. Il possède un impressionnant réseau d’informateurs parmi les bouilleurs de cru et les trafiquants d’alcool du Ku Klux Klan, et au sein de la communauté noire.
    Son « superviseur » le charge dès le 22 juin d’enquêter sur la disparition des trois jeunes militants. Il remonte la piste jusqu’à Longdale, interroge les familles noires qui se terrent à côté de l’église incendiée. Les poches bourrées de bonbons, il apprend des enfants ce que les parents cachent. Pour rentrer à Meridian, les militants sont passés par la petite ville de Philadelphia.
    John Proctor connaît le shérif de Philadelphia, Lawrence Rainey, et son adjoint, Cecil Price. En apparence, leurs rapports sont cordiaux, mais, de part et d’autre, on se méfie. Les responsables des forces de l’ordre de Philadelphia expliquent à Proctor qu’ils ont arrêté les trois jeunes gens pour excès de vitesse, mais les ont relâchés le soir venu. L’agent du FBI n’a aucune raison de douter de leur témoignage.
    Le préposé à la police de la réserve indienne des Choctaw, un de ses amis, l’appelle. Il a des révélations à lui faire, mais pas par téléphone. Ici, tout le monde se méfie de tout le monde. Les deux hommes se rencontrent et Proctor apprend que des Indiens ont repéré la carcasse encore fumante d’une voiture incendiée près du pont qui surplombe la Bogue Chitto Creek. C’est celle des trois disparus. John Proctor songe alors à alerter ses supérieurs. Il est au milieu de nulle part, en plein territoire du Klan. Il ne peut se servir de sa radio, de crainte d’être écouté par la police d’État (State Highway Patrol), véritable nid de serpents du Klan. Seule solution : le téléphone. Il se rend jusqu’à une ferme située à plus d’un kilomètre de là et se fait passer pour un représentant de commerce. À mots couverts, il alerte le bureau de La Nouvelle-Orléans, dont il dépend. Son interlocuteur lui demande s’il a vu des cadavres. Proctor n’a pas bien regardé à l’intérieur de la voiture. Il va retourner sur place pour s’en assurer. Son interlocuteur le prie de le rappeler quinze minutes plus tard. Impossible de faire l’aller et retour et de vérifier la présence de cadavres dans le délai imparti. L’agent de La Nouvelle-Orléans s’en moque : il veut l’entendre tous les quarts d’heure. On ne plaisante pas avec la sécurité, au pays du Klan.
    À première vue, il n’y a pas de cadavres dans la voiture ni dans les environs. À son retour à Meridian, John Proctor est accueilli par une dizaine d’agents venus en renfort. Bientôt, ils seront plus de deux cents. Le FBI vient de lancer la plus grosse opération de son histoire, « Miburn » ( Mississippi Burning : le Mississippi brûle).
    Joseph Sullivan est le responsable de « Miburn ». Il a été l’un des tout premiers arrivés à Meridian. Il arrive de Memphis, où il évaluait la menace représentée par le Ku Klux Klan dans le Sud. Il vient d’être nommé Major Case Inspector, sorte de contrôleur général du Bureau, après avoir été le SAC de Houston et de l’Alaska. C’est un homme dur, efficace, taillé pour traiter des dossiers délicats. Les responsables du casting du film Mississippi Burning ne se sont pas vraiment trompés en choisissant l’acteur Willem Dafoe pour l’incarner à l’écran.
    À Philadelphia, où les trois jeunes gens ont disparu, les autorités ont imposé le couvre-feu à l’annonce d’une marche de protestation en direction de la cour de justice du comté de Neshoba. À Washington, la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) manifeste devant le Département de la Justice ; elle est reçue chaleureusement par Bobby Kennedy, qui jette tout le poids du Département de la Justice dans la bataille.
    Le FBI a mesuré la gravité de la