FBI
installé l’air conditionné et donné un coup de peinture. L’inauguration doit avoir lieu le lendemain. Roy K. Moore attend J. Edgar Hoover avec une escorte d’officiels et de journalistes. À la dernière minute, un agent se précipite pour acheter un tapis afin d’en recouvrir le sol en béton.
Le 10 juillet 1964, un jet-star de la Maison-Blanche se pose sur l’aéroport de Jackson avec à son bord J. Edgar Hoover, Clyde Tolson, Cartha DeLoach et trois journalistes. Ils sont accueillis par Roy K. Moore, qui leur fait un point de la situation : la seule bonne nouvelle, c’est qu’il n’y en a pas de mauvaises.
Les locaux ne sont pas encore tout à fait terminés. Roy K. Moore met en garde DeLoach : « Ici, c’est comme à Hollywood. Ça ressemble à un bureau, mais ce ne sont que des décors. Ne vous appuyez pas contre les cloisons, on n’a pas eu le temps de les consolider. »
« Quand j’ai découvert le nouveau bureau, se souvient Cartha DeLoach, mon cœur s’est serré. Trois pièces à peine étaient aménagées, et encore, elles n’étaient pas achevées. » Un agent venu de Washington s’appuie sur une cloison qu’il manque de faire s’effondrer. Mais dans les coulisses, le FBI ne plaisante pas.
Le gouverneur Paul Johnson, qui reçoit J. Edgar Hoover, a tôt fait de s’en apercevoir. « Gouverneur, lui déclare le directeur du FBI, le Président me charge de vous dire que les troupes fédérales n’interviendront pas tant que vous contrôlerez la situation. » La menace n’est pas vaine : le président Johnson a proposé au FBI l’instauration de la loi martiale sur le territoire de l’État, qui serait placé sous l’autorité de la 82 e division aéroportée.
J. Edgar Hoover a transmis au SAC de Jackson qui, après mûre réflexion, a décliné cet appui : le FBI devrait pouvoir s’en sortir seul. Non sans mal : dès leur arrivée dans l’État, les agents ont reçu des menaces de mort, on leur a craché dessus, on a brûlé des croix devant leurs demeures. Mais « la prochaine fois qu’un homme du Klan défiera un agent, dit Hoover au gouverneur, le défi sera relevé ». Le Klan s’en est d’ailleurs déjà aperçu.
« Dans un comté isolé et rural près de Natchez, raconte Neil Welch, deux membres du Klan ont prétendu qu’ils tueraient le premier agent du FBI qu’ils verraient. L’Agent spécial Paul Cummings a relevé le défi. Accompagné de ses G-men, il a pris position en face du saloon fréquenté par les hommes du Klan. Il les met au défi de se montrer. Personne ne sort. Cummings dégaine son arme et tire dans la vitrine du saloon avant de repartir. Depuis, nous n’avons plus reçu de menaces dans ce comté. »
Avant de prendre congé du gouverneur, J. Edgar Hoover se tourne vers Cartha DeLoach et lui demande de lui passer la liste des policiers qui appartiennent au Ku Klux Klan. « Je lui ai remis une feuille avec des noms, que Hoover a tendue au gouverneur ; celui-ci en est resté sans voix, il était aussi gêné que s’il pleuvait sur ses petits mocassins », témoigne DeLoach.
En cette fin de journée du 10 juillet, Hoover, Tolson et DeLoach sont au Sun ’nd Sun Motel, où ils doivent passer la nuit. Les trois hommes sont épuisés. Il leur reste une dernière chose à faire avant de pouvoir prendre du repos : faire le point avec les responsables de « Miburn » dans la suite de J. Edgar Hoover. Al Rosen est porteur de la première bonne nouvelle depuis longtemps. La campagne de recrutement d’informateurs à l’intérieur du Ku Klux Klan, lancée en juillet, commence à porter ses fruits. Le FBI a déjà recruté deux informateurs de première importance : un policier travaillant pour l’État et un pasteur. Les deux hommes savent où sont enterrés les corps des trois militants des droits civiques. Ils veulent de l’argent, beaucoup d’argent : 25 000 dollars.
Hoover se tourne vers DeLoach et Tolson. Ils sont pour.
« Faites une offre », dit-il à Al Rosen.
Puis, à DeLoach : « Occupez-vous de faire apporter l’argent au quartier général du FBI. »
La journée a été longue. Les trois dirigeants du FBI vont dormir. Leur nuit sera courte. Hoover a donné l’ordre de ne lui passer aucun coup de téléphone jusqu’au matin. Pas DeLoach : il faut bien qu’un des responsables reste joignable. Le premier coup de fil anonyme le réveille peu après minuit. Un homme du Klan menace de leur
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