FBI
Johnson], le Directeur a envoyé un mémo sur les intentions des insurgés. Les événements confirmant les renseignements du Bureau, Hoover a continué à alimenter le Président en informations sur les intentions des insurgés. Le Président en était enchanté1. »
Jugeant trop longs les délais de transmission des informations recueillies par Wallace Estill à Puerto Rico, J. Edgar Hoover charge Mark Felt d’y remédier. Sitôt arrivé à Puerto Rico, Felt identifie l’origine du problème : les agents se servent d’une machine à coder rudimentaire. Ils ne peuvent utiliser l’engin plus performant dont ils sont dotés, à cause des normes de sécurité. « Wallace, dit Mark Felt au SAC, on va installer cette machine. On est dans l’urgence, on ne va pas s’emmerder avec la réglementation ! » Quelques heures plus tard, la machine est en état de marche et le « Siège du Gouvernement » commence à recevoir les messages quelques minutes seulement après leur émission.
« La crise dominicaine recelait les germes d’un nouvel affrontement entre la CIA et le FBI, rapporte Mark Felt. La CIA était supposée avoir le monopole de la collecte d’informations hors des États-Unis. Le président Johnson était déçu par le travail de la CIA en République dominicaine, et très satisfait du FBI. Au grand dam de la CIA, il a ordonné à Hoover d’établir un bureau à Saint-Domingue. Il faudra plus de deux ans à Hoover pour convaincre la Maison-Blanche de fermer ce bureau. »
Une série télévisée sous haute surveillance
En 1965, le Bureau compte 6 636 agents. Il bénéficie d’une notoriété de beaucoup supérieure à celle des autres mastodontes du renseignement ou de la répression. Un des principaux réseaux de télévision américains, ABC, vient de donner le coup d’envoi d’une série intitulée tout simplement FBI , avec en vedette Ephrem Zimbalist Jr. La série est un triomphe. De 1965 à 1973, la chaîne diffuse 236 épisodes de FBI . Chaque dimanche soir, 40 millions d’Américains suivent dans leur salon les aventures d’agents du FBI dont le moindre geste a été approuvé par les responsables du Bureau.
Le tournage de la série n’a pourtant pas commencé dans la bonne humeur. J. Edgar Hoover déteste le producteur exécutif de FBI , Quinn Martin. Le 22 juillet, deux mois avant le début du premier épisode, Hoover gribouille d’une main rageuse au bas d’un mémo : « Rien de ce que Martin fera ne changera mon opinion : c’est un rat ! » Le mot est fort : dans l’argot du FBI et de la Mafia, il désigne un traître, une balance. Par la suite, Hoover traitera le producteur d’insolent et de menteur. Mais il lui faut faire avec. À quarante-trois ans, Quinn Martin compte déjà à son actif des succès télévisés comme Le Fugitif ou Les Incorruptibles . J. Edgar Hoover déteste cette dernière série. Son héros, Eliot Ness, est un agent du fisc américain, alors que certaines de ses aventures télévisées sont empruntées à des affaires traitées par le FBI. Furieux, Hoover a mis en demeure Quinn Martin de ne pas recommencer. Depuis lors, deux agents du FBI passent en revue les scénarios des Incorruptibles afin de vérifier qu’ils ne contiennent pas de références à des dossiers traités par le FBI. En ce temps-là, à Hollywood, on ne rigole pas avec les diktats du patron du FBI !
Cartha DeLoach relit, corrige et amende les scénarios des premiers épisodes de la série télévisée FBI . La « bible » qui fixe la marge de manœuvre des scénaristes est des plus strictes : la tenue des agents doit être irréprochable, ils ne doivent pas être montrés en train de fumer, de boire, encore moins en compagnie de femmes. Les scénaristes ont reçu ordre de ne pas traiter de sujets d’une actualité brûlante. L’un d’eux souhaite s’inspirer d’un attentat à la bombe contre une église d’Alabama, qui a causé la mort de quatre enfants noirs. À l’époque, le Ku Klux Klan tente d’enrayer par la terreur et les lynchages la campagne en faveur des droits civiques de la communauté noire. Le scénariste demande la permission au Bureau, mais aussi au sponsor de la série (Ford), à la chaîne et à la maison de production, qui disposent chacun d’un droit de veto. Résultat : il peut parler de l’affaire à condition que l’église soit située au nord des États-Unis, qu’il ne soit pas question de Noirs, et encore moins des
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