FBI
artisans secrets de la nomination de Lyndon Johnson à la vice-présidence des États-Unis en 1960. Depuis lors, les deux hommes sont devenus amis. Johnson préfère néanmoins s’adresser à DeLoach plutôt qu’à Hoover : « Edgar parle trop vite, et j’ai du mal à le suivre », confie Johnson à DeLoach. J. Edgar Hoover crache ses phrases comme une mitrailleuse ses balles ; la légende veut qu’un sténographe ait jeté son crayon en disant : « Je peux prendre deux cents mots à la minute, mais là, c’est au moins le double qui sort ! » Le Président exige d’avoir constamment accès au numéro trois du FBI. Il fait même installer une ligne téléphonique directe avec la Maison-Blanche dans la chambre à coucher des époux DeLoach. À l’époque, les sept enfants DeLoach vivaient encore chez leurs parents et monopolisaient le poste familial.
Peu après l’accession de Lyndon Johnson à la présidence des États-Unis, J. Edgar Hoover commence à s’inquiéter pour son avenir. Le 1 er janvier 1965, il aura soixante-dix ans, l’âge fatidique de la retraite, obligatoire pour tous les fonctionnaires. Pour la première fois en trente ans, Cartha DeLoach lit la panique dans les yeux de son boss. « Jusqu’alors, la vie du directeur du FBI tournait comme un moteur bien huilé, se souvient-il. Il prenait son petit déjeuner toujours à la même heure, venait au travail toujours à la même heure, passait ses journées au milieu de gens qui le vénéraient. Il quittait son travail chaque soir à la même heure et n’avait pas les tintouins que connaît le commun des mortels. Sa secrétaire, Helen Gandy, payait les factures, s’assurait que la cuisinière et le jardinier étaient chaque jour à leur poste, appelait le plombier et l’électricien quand le besoin s’en faisait sentir, et veillait à ce que son linge soit lavé et ses costumes envoyés au pressing. » Une fois quitté le FBI, c’en serait fini de la belle vie. Le chauffeur ? les voyages gratuits ? Terminés ! Les visites à la Maison-Blanche sur un simple coup de fil, quand ça lui chantait ? Finies ! Les milliers de personnes taillables et corvéables à merci ? Disparues !
Hoover ne veut pas connaître la fin de ces bureaucrates à la retraite, « facilement remplacés, très vite oubliés, radotant au milieu de leurs roses ». Mais la loi est la loi et, en janvier 1965, le couperet tombera, sauf si…
Peu avant l’échéance, Clyde Tolson demande à Cartha DeLoach d’intervenir à nouveau auprès de son ami le président Johnson pour qu’il signe un décret autorisant Hoover à rester en place. Le fidèle DeLoach va trouver Lyndon Johnson, qui lui dit :
« Avez-vous bien réfléchi à ce que vous me demandez ? Si j’autorise Edgar à rester à son poste jusqu’à la fin de ses jours, je ne pourrai pas vous nommer directeur du FBI comme j’en avais l’intention. Alors, je vous repose la question : avez-vous bien réfléchi à ce que vous me demandez ? »
Johnson le roublard a-t-il réellement l’intention de remplacer J. Edgar par Cartha ? Teste-t-il la loyauté du plus fidèle lieutenant de Hoover ? DeLoach a un court instant l’impression de tenir entre ses mains le destin de Hoover.
Être directeur du FBI est le rêve de sa vie. Il a cinquante ans, il est en pleine possession de ses moyens. J. Edgar Hoover parti, personne ne s’opposerait plus à lui. Tolson ? Trop vieux et en trop mauvaise santé. William Sullivan ? Il ne fait pas le poids. DeLoach fait le choix de la fidélité :
« Accordez au Vieil Homme ce qu’il veut. »
Le Président opine du bonnet en lâchant un des mots dont il a le secret :
« C’est mieux ainsi. Je préfère avoir ce vieux bâtard à l’intérieur de la tente en train de pisser dehors plutôt que de l’avoir à l’extérieur en train de pisser dedans ! »
Depuis, Lyndon Johnson demande au FBI plus qu’il ne devrait. Le Bureau a du mal à dire non à un Président dont il dépend. À la requête de Johnson, les agents du FBI effectuent des missions politiques pour le compte du Parti démocrate au pouvoir et espionnent les républicains. Parfois même, abusant de ses pouvoirs, Lyndon Johnson lance le FBI dans des aventures folles, fort éloignées de ses attributions. C’est le cas en République dominicaine, au lendemain du coup d’État du 24 avril 1965 orchestré par l’ancien président Juan Bosch.
Le président Johnson,
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