FBI
présentes sur le plateau, le numéro trois du FBI fait la seule chose possible : rejoindre le parti des rieurs.
Mais on ne saurait tout contrôler. Le 27 septembre 1970, à l’issue de l’émission, Ephrem Zimbalist fait comme à son habitude la promotion d’un film qu’ABC doit diffuser. Problème : le FBI n’a pas approuvé l’intervention de Zimbalist dans cette promotion d’une production dont la vedette est Jane Fonda, l’égérie des groupes contestataires de gauche et d’extrême gauche. J. Edgar Hoover reçoit une lettre de protestation d’un téléspectateur en colère qui reproche à Zimbalist de faire, à travers Jane Fonda, l’apologie de « groupes communistes » et de « traîtres ». Pour commencer, le Directeur enquête sur son correspondant. Pratique habituelle appliquée à toute personne qui écrit au directeur du FBI. Nul n’y échappe, pas même les enfants dont les noms sont passés au crible des fichiers du Bureau (Bufiles). Peu après, les responsables d’ABC reçoivent une lettre signée Clyde Tolson, protestant contre l’emploi d’Ephrem Zimbalist ou de « toute autre personne de l’équipe « pour promouvoir des films avec des personnes aussi blâmables que Jane Fonda ». Les responsables d’ABC répondent que, dorénavant, Ephrem Zimbalist ne fera plus de publicité pour aucun film à la fin de l’émission.
La série FBI est la chose de J. Edgar Hoover. Un présentateur d’ABC ose-t-il le critiquer ? Hoover demande sa tête et menace, s’il ne l’obtient pas, d’arrêter la production de la série. ABC envisage-t-il de la faire passer de 52 minutes à 90 ? « Nous ne voulons pas d’un format de 90 minutes », note Hoover en marge d’un rapport. Le vice-président de la Warner, Bernard Goodman, en est informé. Le format des épisodes reste inchangé.
La série fait les beaux dimanches d’une Amérique en pleine effervescence. Le pays ne va pas tarder à plonger dans la guerre (au Vietnam), les émeutes (celles des ghettos noirs des grandes villes et dans le Sud), les assassinats politiques (Bobby Kennedy à Los Angeles, Martin Luther King à Memphis), les manifestations de masse (un peu partout). Dans la vraie vie, les agents sont un peu moins policés qu’Ephrem Zimbalist, leurs voitures ne sont pas du dernier cri et ils ne dégainent pas leur arme à tout bout de champ. Derrière le mythe d’un FBI sans peur et sans reproche se cache une réalité autrement plus sombre, que les ennemis du Bureau n’hésitent pas à dénoncer.
Écoutes sauvages
À Washington, un vieil adversaire de J. Edgar Hoover reprend du poil de la bête. Bobby Kennedy semble s’être remis de la dépression dans laquelle il a sombré après l’assassinat de son frère. Après avoir quitté son poste de Procureur général le 3 septembre 1964, Bobby est élu sénateur de New York. Visant l’élection présidentielle de 1968, il s’en prend à l’escalade de la guerre au Vietnam, ordonnée par le président Johnson. Il n’hésite pas à égratigner le FBI au passage.
Le 26 juin 1966, Bobby Kennedy est soumis au feu roulant de questions des journalistes de l’émission politique phare de la chaîne ABC, Issues and Answers . Les journalistes lui demandent s’il a autorisé des écoutes, quand il était Procureur général, en dehors des dossiers relevant de la sécurité nationale. Non, répond Bobby. Ils reviennent à la charge :
« Aurait-on placé des écoutes sans que vous en ayez été informé ?
– Si cela a été le cas, oui, lâche Bobby, embarrassé.
– Cela signifierait-il que le FBI a procédé à des écoutes sans que vous en ayez été informé ?
– Je m’attends à ce qu’il y ait des développements de ce côté-là. »
« Voilà un ancien Procureur général, candidat potentiel à la Présidence, qui laisse entendre que le FBI se serait lancé dans une campagne d’écoutes sauvages ! » s’exclame, indigné, Cartha DeLoach. Hoover n’est pas homme à laisser passer l’attaque sans broncher.
« Mais il n’aurait pas été bon pour le Bureau que le Directeur réponde directement à Bobby Kennedy, explique Cartha DeLoach. Alors Hoover s’est adressé à un ami, le parlementaire Gross. » Sous le contrôle de DeLoach, Gross écrit à Hoover : « J’ai l’impression que, par le passé, le FBI n’effectuait des écoutes que sous la supervision du Département de la Justice […]. J’ai cru comprendre qu’il
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