FBI
arrivait quoi que ce soit à Joe Pistone, ils leur rendraient la vie tellement impossible qu’ils ne pourraient plus jamais travailler. Les choses se sont calmées, et le contrat a été suspendu.
De son côté, Joe Pistone passe plus d’un an à préparer le procès-fleuve qui doit couronner « Coldwater ». Il bâtit les dossiers avec deux substituts du procureur de New York, Louis Freeh, futur directeur du FBI, et Barbara Jones. Début 1982, une centaine de mafieux de la famille Bonanno sont renvoyés devant les tribunaux fédéraux.
Deux jours avant sa déposition, Joe Pistone retrouve Barbara Jones dans son bureau du Parquet, au neuvième étage du 1, St. Andrew Place, juste en face du Palais de Justice. Ils doivent préparer sa déposition devant le tribunal.
« Joe, j’ai une mauvaise nouvelle, lui annonce Barbara. Un informateur du bureau de Buffalo nous a dit que, si tu déposes, la Cosa Nostra réactive le contrat qu’elle a suspendu, double la somme et y inclut ta femme et vos deux filles. »
Pistone explose :
« Je vais m’occuper moi-même de ces salopards !
– Joe, écoute…
– Non, ce sont des bêtes sauvages, ils veulent s’en prendre à Peggy et aux filles, je vais m’occuper d’eux !
– Laisse faire le Bureau.
– J’emmerde le Bureau !
– Joe, tu n’as même pas à témoigner devant le tribunal, on a assez d’éléments contre eux.
– Tu es folle ! Je n’ai pas passé six ans avec eux pour me dégonfler maintenant. Je vais témoigner, mais auparavant je vais aller trouver Castellano ! »
Barbara Jones sait que Joe Pistone est parfaitement capable de débarquer chez le chef suprême de la Mafia pour le menacer.
« Joe, laisse le Bureau s’occuper de ça.
– Pourquoi ? Ça vous pose un problème, que j’aille voir Paulie ? Moi, non ! »
Le lendemain, à la demande de Barbara Jones, Jules Bonavolonta, qui se trouve à Washington, remonte en catastrophe pour contenir son ami Pistone. C’est un dimanche. Bonavolonta saute dans le premier avion pour New York et débarque dans le bureau de Barbara Jones. Il prend son ami par le bras et l’entraîne pour une balade dans les rues d’un New York désert et assoupi.
« Joe, moi vivant, il n’arrivera jamais rien à Peggy ni aux filles.
– Ces trous du cul de Bonanno, je vais m’en occuper !
– Joe, tu es le meilleur infiltré que le Bureau ou n’importe quelle autre Agence ait jamais eu. Tout ce que tu dois faire, c’est aller demain témoigner devant le tribunal, et ensuite retourner près de Peggy et des gamines.
– Je sais, je sais…
– Ce que tu veux faire ne réglera rien.
– Arrête tes conneries : tu ne ferais pas la même chose, si la vie de ta famille était menacée ? »
Jules Bonavolonta sait que son ami vient de marquer un point, mais pas question de le reconnaître.
« Concentre-toi sur demain, Joe, et tout ira bien.
– Je sais, je sais… »
Au bout d’une heure, quand les deux hommes retournent dans le bureau de Barbara Jones, Joe Pistone s’est calmé. Il ne parle plus d’aller « rendre visite » à Paul Castellano. C’est alors qu’il demande à son ami Bonavolonta pourquoi il est venu à New York un dimanche.
« Juste pour être avec toi.
– Ouais, c’est des conneries, tout ça ! »
Le lendemain matin, lundi 23 août 1982, Jules Bonavolonta est au premier rang du public quand Barbara Jones appelle Joe Pistone à la barre des témoins. Dans le box des accusés, Lefty Ruggiero fait un signe de reconnaissance à l’adresse de son ancien ami lorsque ce dernier se présente à la barre. Ruggiero espère sans doute que, terrifié par les menaces de mort, Pistone se taira. Il se trompe : Joe Pistone va parler pendant plus de neuf heures d’affilée. Le 27 août, tous sont condamnés, sauf un. Lefty Ruggiero, lui, écope de quinze ans de prison.
Les infiltrés sous la loupe de la BSU
Après avoir bouclé le dossier « Coldwater », le FBI confie ses deux agents infiltrés, Joe Pistone et Ed Robb, aux chercheurs de la plus insolite de ses sections, la Behavioral Science Unit (BSU), installée dans l’école des agents du FBI, au cœur de la base de marines de Quantico, à une centaine de kilomètres au sud de Washington. Ses agents très spéciaux et ses profileurs savent sonder l’âme humaine à la recherche du Mal. Rien de ce qui est criminel n’est étranger à la BSU. Son fondateur, Howard Teten, est un ancien
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