FBI

micros !
    – Ouais, dit la mégère en brandissant son couteau à la lame maculée des restes des poivrons qu’elle découpait. Si vous étiez des agents du FBI, je vous aurais coupé les couilles ! »
    Les deux agents sourient d’un air entendu avant de reprendre leur montée vers l’étage de Sonny Red. Dès qu’ils pénètrent dans l’appartement, ils commencent à chercher le meilleur endroit où poser un micro, lorsqu’ils entendent une clef tourner dans la serrure. La porte s’ouvre sur Sonny Red. Joe Cantamessa se cache dans un placard, John Kravec tente de se glisser sous le lit. Mauvaise idée pour un type qui pèse près de cent kilos ! Sonny Red entre dans sa chambre et trouve l’Agent spécial à moitié coincé sous le lit.
    « Putain, t’es qui, toi ? hurle-t-il en fouillant dans ses poches, à la recherche de son arme.
    – Du calme, monsieur, je suis l’exterminateur de rats et de cafards… »
    L’explication rassérène Sonny Red.
    « Bon, je suis crevé. J’ai bossé toute la nuit. Si ça ne vous gêne pas, je vais dormir. Faites ce que vous avez à faire. »
    Et Sonny Red commence à se déshabiller. D’où il est, l’Agent spécial voit les chaussures tomber à terre, puis les chaussettes, le pantalon, la chemise et enfin le slip du puissant capitaine de la famille Bonanno. Puis il sent le poids d’un corps qui s’affale sur le matelas, suivi de peu par un ronflement régulier. Les deux agents du FBI se retirent discrètement : les micros attendront.
     
    Quelques jours plus tard, les deux agents sonorisent enfin l’appartement de Sonny Red. Ils quittent l’endroit l’un après l’autre. Le dernier à partir est Joe Cantamessa. Il vient de refermer la porte et se dirige vers l’escalier quand il tombe sur un gros homme suant et soufflant. C’est Bruno Indelicato, le fils de Sonny Red. Le mafieux paraît très énervé, ses pupilles sont dilatées, il est bourré de coke. « Putain, t’es qui ? Qu’est-ce que tu fous là ? » Et il braque son arme sur l’Agent spécial.
    Joe Cantamessa lit la peur dans les yeux de Bruno Indelicato. Le mafieux le prend pour un tueur envoyé par Sonny Black. Il s’apprête à se lancer dans des explications, quand une voix retentit dans l’escalier. C’est celle de la mégère de l’autre jour : « Fous-lui la paix, crétin, c’est l’exterminateur, il était déjà là l’autre jour ! »
    Le tueur rengaine son arme et Cantamessa s’en va, convaincu d’être passé à un cheveu de la mort. Il ignore que Sonny Red et trois de ses hommes ont été exécutés, la veille, par des tueurs de Sonny Black. Il ne sait pas non plus que Sonny Black a placé un contrat sur la tête de Bruno Indelicato, et qu’il a des tueurs à ses trousses.
    Conseils de guerre
     
    Peu après, à 2 h 30 du matin, le téléphone sonne chez Jules Bonavolonta. À l’autre bout du fil, un Joe Pistone angoissé demande à son chef :
    « J’espère que je n’interromps rien d’important ? »
    Quelle que soit l’heure, Jules Bonavolonta est toujours content d’avoir des nouvelles de son infiltré. Surtout par temps de guerre.
    « J’ai reçu un coup de fil de Lefty ; il m’a dit que Bruno est en Floride et que je dois aller le chercher. »
    Jules Bonavolonta est maintenant parfaitement réveillé. La guerre à l’intérieur de la Famille a déjà fait ses premières victimes à New York ; il a peur de comprendre ce que son infiltré veut lui dire.
    « Je dois le trouver, le flinguer dans la rue et m’enfuir. »
    Une boule d’angoisse noue l’estomac de Jules Bonavolonta ; il essaie d’imaginer son Agent spécial enfermé dans une cabine téléphonique en Floride, regardant par-dessus son épaule, craignant d’être repéré par un mafieux. Il imagine son stress. Il se dit qu’un capitaine de la Mafia qui ordonne à un Agent spécial d’exécuter un contrat est une première digne de figurer dans le Livre des records, rubrique « proposition la plus étrange » !
    « Je fais quoi ? interroge Pistone, anxieux.
    – C’est simple, répond Bonavolonta. Tu trouves Bruno, tu le flingues et tu t’enfuis. Comme ils te l’ont demandé. »
    Silence. Puis, après une longue minute, Bonavolonta entend :
    « Quoi !!??
    – Du calme, j’essayais juste de mettre une pointe d’humour dans ta vie… »
    Pistone éclate de rire.
    « Il faut qu’on se voie, dit Bonavolonta. Tu t’excuses auprès de tes amis et tu