FBI

policier dont l’éclectisme étonne. Depuis le début des années 1980 et pendant près de dix ans, il a dirigé aussi la section Recherche et Développement du Bureau. C’est lui qui s’occupe de Joe Pistone et d’Ed Robb.
    Howard Teten s’est très tôt intéressé aux problèmes posés par l’emploi des agents d’infiltration. « Ils doivent être d’excellents acteurs, expose-t-il. La plupart des acteurs jouent toujours le même rôle, ils se contentent de changer de nom et de vêtements. Nos infiltrés jouent avec leur vie. Ils n’ont pas droit à l’erreur ! » Son premier infiltré était un agent du FBI chargé de s’immiscer parmi les gangs de motards. L’Agent spécial s’était laissé pousser la barbe et les cheveux, portait des jeans et un blouson de cuir, vivait avec les motards et ne rentrait chez lui que certains week-ends. Il passait généralement par-derrière, en essayant de ne pas se faire remarquer. Une fois l’opération terminée, il a repris sa vie normale, rasé sa barbe et remis son costume d’Agent spécial. Lorsqu’il est sorti, un voisin lui a dit : « Quand vous n’êtes pas là, il y a un motard qui vient voir votre femme, tous les week-ends. » Howard Teten explique que cette histoire lui « a fait prendre conscience à quel point le travail d’infiltré peut être corrosif. Il ne faut y recourir qu’en cas de besoin ! »
    Les premières opérations d’infiltration du FBI ont eu lieu dans les années 1960, très souvent à l’insu du Quartier général ; elles visaient la criminalité organisée, que J. Edgar Hoover répugnait à affronter. Les infiltrés et leurs superviseurs ont réalisé trop tard que ces opérations étaient loin d’être sans conséquences personnelles pour les agents. Howard Teten s’en est aperçu le premier après avoir constaté que le Bureau commençait à « perdre » de ses infiltrés. Certains démissionnaient et quittaient le Bureau, d’autres noyaient leurs problèmes dans l’alcool, les plus chanceux somatisaient et se faisaient hospitaliser pour des bouffées d’angoisse qu’ils prenaient pour des crises cardiaques, une minorité d’entre eux franchissaient enfin la ligne jaune séparant le Bien du Mal et se retrouvaient du côté des mafieux qu’ils étaient chargés d’infiltrer. Howard Teten s’est mis à les aider à ne pas perdre pied et à ne jamais oublier qui ils étaient, ni ce pour quoi ils étaient là. Une fois leur mission terminée, il leur permet de retrouver leurs marques afin de reprendre place au sein du Bureau.
    Afin d’aller plus loin, Howard Teten a entrepris d’élaborer un protocole de gestion des infiltrés. Joe Pistone et Ed Robb vont l’y aider. Howard Teten est secondé par Bill Hagmaier, un des meilleurs profileurs de la BSU, qui s’occupe en même temps d’un des plus fameux tueurs en série de l’époque, Ted Bundy : « Il y a toujours quelque chose à apprendre des grandes enquêtes, notamment si elles sont complexes et si des gens ont été blessés. On fait ce qu’on appelle une autopsie investigative. On va étudier ce qui a marché et ce qui a raté. C’est la même stratégie d’interview dont on s’est servi pour les tueurs en série. Nous avons beaucoup appris de Ted Bundy et des siens. Dans ce cas, nous avons aussi beaucoup appris des agents infiltrés, et surtout de Joe Pistone. Pas seulement sur ses rapports avec la Cosa Nostra. On a étudié les pressions qu’il a subies de la part des vilains, mais aussi des gentils. Souvent, les bureaucrates ne sont pas en phase avec les infiltrés, et ce fut le cas avec Joe Pistone. Il faisait un travail formidable pour le Bureau et pour son pays. Tout le monde ne le comprenait pas, à l’intérieur du Bureau. Heureusement qu’il avait des responsables qui, eux, le comprenaient. Mais, malheureusement, il y avait les autres, et ce sont les mêmes qui estiment qu’on perd son temps en interrogeant les tueurs en série… »
    Joe Pistone, alias Donnie Brasco, n’est pas sorti indemne de sa mission. Il n’a pas supporté que le Bureau mette fin à « Coldwater » et l’empêche d’être admis au sein de la famille mafieuse des Bonanno. Contrairement à Joe Pistone, Ed Robb, lui, soigne le mal par le mal et, après « Coldwater », il a enchaîné les opérations d’infiltration. Entre deux opérations, il s’est rendu à la BSU pour retrouver son ami Howard Teten. Les deux hommes s’étaient déjà