FBI
juge Olson ont pour habitude de se retrouver tous les vendredis midi pour déjeuner dans un restaurant italien, près du Palais de Justice. Le juge boit plus qu’il ne devrait, ce qui ne l’empêche pas de traiter ses affaires. Vers la fin du mois d’août 1980, il propose à Jim Costello le monopole des dossiers commis d’office. Un de ses confrères s’en charge moyennant une commission de 25 % des pots-de-vin ; pour 50 %, l’affaire est à lui. Costello accepte avec empressement. Le juge lève son verre de Martini et lance un toast : « À l’argent ! »
Mais les relations entre Costello et le juge se dégradent. Les deux hommes finissent par se détester. La fièvre monte. Lors d’un apéritif un peu trop arrosé, Costello saisit le juge au collet et le précipite contre un mur. « Je te ferai rayer du barreau ! » hurle Olson.
À compter de ce jour, le juge prend « Terry Tu Touches » sous son aile. Désormais, il est le nouveau « faiseur de miracles » : avec lui, les acquittements sont garantis. Les propositions affluent. Y compris les plus inattendues. À la sortie d’une audience, Terry Hake est invité à déjeuner par son meilleur ami, Art Cirignani, qui vient de quitter son poste de substitut pour devenir avocat. Devant un repas mexicain, Cirignani lui raconte qu’il vient de remettre un pot-de-vin à un juge et s’apprête à en corrompre un autre. Hake en est bouleversé. Il dit :
« Ça ne serait pas mieux, si on laissait la justice se dérouler normalement et si on se fondait uniquement sur les pièces à conviction ?
– C’est vrai, répond son ami, mais le système de corruption est si ancien que rien ne changera. »
En rentrant chez lui, ce soir-là, Terry Hake est en larmes. Il explique à sa mère qu’il vient de perdre son meilleur ami. Pendant trois jours, il hésite sur la conduite à tenir. Finalement, il tranche en faveur du FBI et dénonce son meilleur ami à William C. Megary, un de ses agents traitants. Terry Hake ne souhaite qu’une chose : ne plus en entendre parler. Mais le FBI le charge d’en savoir un peu plus sur le cabinet d’avocats d’Art Cirignani. On voit les deux hommes aux combats de boxe, dans les meilleurs restaurants de la ville. Hake a toujours son Nagra et enregistre toutes leurs conversations. Quelques semaines plus tard, il dénonce une seconde fois Cirignani au FBI. Cette fois, il ne s’agit pas de pots-de-vin, mais de butin : Cirignani et le juge Olson se sont partagé les 3 000 dollars saisis par la police de Chicago sur un trafiquant de drogue ! Cirignani a proposé une part du butin à Hake, qui a refusé en échange d’un mot d’introduction auprès du plus gros avocat corrupteur du comté, Dean Wolfson. « Dis-lui que moi aussi je touche de l’argent », lui a précisé l’infiltré. Quelque temps plus tard, Cirignani remet à Hake, de la part de Wolfson, un billet de 100 dollars en guise de cadeau de bienvenue, avec le message suivant : « Pourquoi ne l’as-tu pas dit avant ? »
En septembre, le juge Olson reçoit une promotion : à compter du début de l’année suivante, il s’occupera des divorces. Il se frotte les mains : ses revenus vont doubler. Terry Hake est effondré. La cible de « Greylord » est sur le point de se dérober. Le FBI ne possède pas encore assez d’éléments pour arrêter le juge. Il faut faire vite ! Le Bureau décide de frapper un grand coup en réalisant une première dans l’histoire de la justice américaine : poser un micro dans la chambre de délibération du juge.
Le directeur du FBI, le juge Webster, n’est pas homme à prendre une telle décision à la légère. Pour lui, la chambre d’un juge est un sanctuaire que nulle oreille indiscrète ne saurait violer. Violer le secret des délibérations d’un de ses pairs est aussi inconcevable que de voir le pape espionner le bon Dieu ! Après trois mois de réflexion, le juge Webster rencontre à Washington Terry Hake et les responsables de « Greylord », avant de les autoriser à violer ce qui, pour un juge, représente l’endroit le plus sacré qui soit. Mais Webster impose des contraintes très strictes. Le Bureau ne doit en aucun cas écouter les conversations ex parte entre le juge et les avocats à propos de points techniques relatifs aux procès en cours. Dès lors qu’il n’est pas question de corruption, les agents doivent cesser l’écoute. Ils ont le droit d’écouter quelques
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