FBI
venir. »
Les réunions ont généralement lieu le vendredi après-midi. Les agents se retrouvent autour de sandwiches et de bières, ils parlent librement de leurs problèmes et échangent leurs aventures.
Pour d’évidentes raisons de sécurité, Terry Hake ne met pas les pieds au quartier général de « Greylord ». « Je le rencontrais le plus souvent dans un parc, précise William Megary. Il garait sa voiture à côté de la mienne, puis venait me rejoindre. On faisait alors le point de la situation ; il me racontait ce qu’il avait fait, qui il avait payé, et me remettait les bandes magnétiques. Je ne voulais pas qu’il rédige lui-même ses rapports, afin qu’il ne transporte rien de compromettant dans sa mallette. C’est moi qui les rédigeais, et je les lui faisais lire. »
La première attaque à main armée organisée par le FBI a lieu dans un supermarché K-Mart de la banlieue de Chicago. Un Agent spécial d’origine hispanique venu de Los Angeles braque une arme à feu sur une jeune femme qui vient elle aussi du bureau de L.A. et opère sous couverture. Il lui vole son sac à main. La jeune femme se rend au commissariat, dénonce le vol à main armée et décrit son agresseur avec tout ce qu’il faut d’imprécision pour faciliter la tâche de Terry Hake devant un juge. Quelques semaines plus tard, la jeune femme appelle le commissariat : elle se trouve au K-Mart et vient de croiser son agresseur, qui a pris place dans une voiture dont elle donne la marque et la couleur. Quelques minutes plus tard, l’agent braqueur est arrêté sans ménagement par la police, qui le jette en prison. Il y reste une dizaine d’heures, le temps que sa petite amie, une employée du FBI, elle aussi clandestine, paie sa caution. Quelques semaines plus tard, un juge acquitte le braqueur après que Terry Hake lui a fait parvenir une centaine de dollars.
Le 10 mai 1982, le président Reagan effectue une visite officielle à Chicago. La police est sur les dents. Elle arrête un homme à l’allure suspecte et trouve sur lui une importante quantité de drogue, et surtout une arme à feu dont le numéro de série a été limé. Là encore, c’est un agent du FBI qui opère sous une fausse identité. Le numéro de série de l’arme a été effacé par le laboratoire du Bureau. Les policiers n’ont jamais vu un travail aussi bien fait. Ils commencent à se poser des questions. Ils découvrent que les cartes de crédit de l’agent n’ont jamais servi ; ils relèvent aussi que son adresse est la même que celle d’un autre suspect qui vient d’être arrêté avec de la drogue et une arme au numéro limé. Les policiers croient avoir mis la main sur un tueur à gages venu assassiner le président Reagan. Ils soumettent l’agent à un interrogatoire brutal, sans résultat. Le prévenu refuse de répondre à leurs questions. Le temps presse, les policiers sont convaincus d’avoir arrêté un professionnel qui est au centre d’un complot. Un inspecteur sort un revolver et le pointe sur la tempe de l’agent :
« Ou tu parles, ou tu meurs. »
Originaire du bureau de Cleveland, l’Agent spécial n’est en rien préparé à ce type d’interrogatoire. Il a conscience de la gravité de la situation ; il sait que, pour déjouer un complot contre le Président, les policiers de Chicago sont prêts à tout. Il lui suffit de révéler sa véritable identité pour s’en sortir. Mais ce serait la fin de « Greylord ». L’agent décide de continuer à se taire. Il entend le bruit de la détente et le déclic du chien qui percute une chambre… vide. L’arme n’est pas chargée.
Le FBI a appris que la police de Chicago a arrêté un tueur à gages chargé, selon elle, d’éliminer le président Reagan. Les responsables de « Greylord » font le lien avec l’arrestation de leur Agent spécial venu de Cleveland. Le Bureau décide de lui envoyer un avocat pour le tirer de ce mauvais pas. Afin de préserver la couverture de Terry Hake, il s’adresse à un avocat de banlieue qui se précipite pour verser la caution nécessaire à la libération de l’agent clandestin. Mais il n’est pas question que celui-ci passe devant les tribunaux. Une fois la caution payée, l’Agent spécial quitte les bureaux de la police et disparaît. Il ne se présentera jamais devant les tribunaux du comté de Cook pour s’expliquer, et devient le premier agent du FBI à figurer sur la liste des individus les plus
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