FBI
la Cour suprême, Harlan Fiske Stone place le Bureau sous la tutelle exclusive du Procureur général. Son directeur n’a de comptes à rendre à personne d’autre. En mettant Hoover à l’abri d’adversaires du calibre de William Donovan, Stone renforce le pouvoir de Hoover et lui permettra de réaliser ce rêve fou : garder son poste jusqu’à la fin de sa vie. À compter de ce jour, le maintien de J. Edgar Hoover à la tête du Bureau dépend uniquement de ses qualités de négociateur. Comme pour mieux s’en souvenir, Helen Gandy, sa secrétaire, archive le mémo du 12 janvier 1925 dans un classeur à part intitulé « Official and Confidential ». C’est le premier dossier des archives très privées du directeur du FBI.
Le 11 octobre 1925, l’Agent spécial Edwin Shanahan intercepte dans un garage de Chicago un voleur de voitures. À l’époque, comme tous les agents du Bureau, Edwin Shanahan n’a pas le droit de porter d’arme. Le voleur est armé et décharge son arme sur la poitrine de l’Agent spécial, qui décède. Edwin Shanahan est le premier agent du Bureau tué en service. J. Edgar Hoover ordonne à ses agents d’arrêter le tueur : « S’il s’en sort, leur dit-il, plus aucun d’entre nous n’est à l’abri. » Pour la première fois de l’histoire du Bureau, les Agents spéciaux font bloc. Ils travaillent d’arrache-pied, prennent sur leur temps de repos quand il le faut. Le tueur est arrêté, après trois mois de cavale, à Saint Louis. Pour arriver à leurs fins, les Agents spéciaux ont arpenté douze États et parcouru des milliers de kilomètres.
À l’époque, l’assassinat d’un agent du Bureau n’était pas considéré comme un crime fédéral. Les agents du BOI ne peuvent procéder eux-mêmes à l’arrestation, mais ils sont là quand la police de Saint Louis intervient. Pour la première fois de leur histoire, ils affichent un esprit de corps. De son côté, J. Edgar Hoover leur promet qu’il ne prendra pas de repos tant que le Congrès ne les aura pas autorisés à procéder à des arrestations et à être armés. Hoover s’engage aussi à se battre pour le vote d’une loi faisant de l’assassinat d’un agent un crime fédéral. Il lui faudra neuf ans pour tenir sa promesse. Au début de l’année 1932, les 388 agents du FBI ont encore une marge de manœuvre très limitée. Les lois fédérales ne leur accordent le droit d’intervenir que dans très peu de cas. Hoover piaffe d’impatience. Il a compris que, s’il veut agrandir son territoire, il va lui falloir en arracher la moindre parcelle des griffes des législateurs. Il attend une grande affaire criminelle pour forcer le passage.
L’affaire Lindbergh
Le 1 er mars 1932 à 11 heures du soir, le superviseur de service au « Siège du Gouvernement » téléphone au domicile de J. Edgar Hoover sur la ligne directe spécialement installée pour les urgences. Charles Augustus Lindbergh Junior, le bébé de ving-deux mois du célèbre aviateur, a disparu du domicile familial de Hopewell, dans le New Jersey. La police pense à un rapt. L’événement est d’importance : Charles Lindbergh est entré dans la légende après avoir été le premier homme à traverser l’Atlantique Nord par la voie des airs. L’enlèvement n’est pas un crime fédéral, et le Bureau n’a aucune raison de se mêler de l’affaire. Hoover n’a pourtant pas l’intention de rester les bras croisés. Il ordonne d’être tenu au courant des développements. À 1 heure du matin, son téléphone sonne à nouveau : une demande de rançon vient d’être découverte. Hoover appelle son chauffeur et retrouve ses directeurs au « Siège du Gouvernement ». Lors de la réunion, il est décidé d’offrir à la famille Lindbergh une aide « officieuse ». Le Bureau n’est pas le seul : de toute part, les offres de service affluent. William Donovan, vieil ennemi de Hoover, pointe son nez. Il vient de quitter le Département de la Justice pour retourner à son cabinet d’avocat. Il se présente chez l’aviateur et est poliment éconduit. Du fond de la prison où il vient d’être jeté après sa récente arrestation, Al Capone propose également ses services. Trois jours après l’enlèvement du bébé Lindbergh, Hoover se rend à son tour à Hopewell. L’aviateur refuse de le recevoir et l’envoie chez le chef de la police du New Jersey, Norman Schwartzkopf, père du futur général de
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