FBI
l’opération « Tempête du désert » contre l’Irak. C’est lui qui chapeaute l’enquête.
J. Edgar Hoover met sur l’affaire une équipe de vingt agents dirigés par Thomas Sisk, un enquêteur chevronné. Rapidement, les agents du Bureau s’aperçoivent qu’ils ne sont pas les bienvenus. Il y a déjà beaucoup de monde sur l’affaire. Les policiers locaux de New York et ceux du New Jersey s’entredéchirent. Chacun revendique le commandement des opérations, espérant en tirer une parcelle de gloire. Hoover ordonne à ses agents de suivre les moindres pistes, même les plus farfelues. L’Agent spécial Leon Turrou ne ménage ni son temps ni ses efforts. Courant avril, ses collègues et lui ont un « tuyau ». Ils se précipitent au domicile d’un couple d’origine italienne et s’emparent du bébé qui s’y trouve. Mais, avant de communiquer la bonne nouvelle à Hoover, Turrou a l’idée de soulever les couches du bébé : c’est une fille ! Si Turrou n’avait pas eu cette présence d’esprit, sa carrière eût été terminée, Hoover étant déjà prêt à annoncer l’heureux dénouement aux journaux américains.
Au matin du 2 mai 1932, les enquêteurs du Bureau apprennent par une indiscrétion qu’une rançon doit être versée le soir même au cimetière St. Raymond du Bronx. Turrou veut intervenir au nez et à la barbe de la police new-yorkaise, qui a décidé de laisser faire. Hoover refuse et donne l’ordre à ses agents de ne pas bouger. « J’étais comme un type qui meurt de faim dans une camisole de force en face d’un banquet somptueux », écrira par la suite Leon Turrou dans ses mémoires. La rançon de 50 000 dollars est versée, mais le bébé ne sera jamais rendu vivant. Le 12 mai, son cadavre est découvert, enterré à une dizaine de kilomètres de la maison de l’aviateur. Il a sans doute été tué la nuit même de son enlèvement.
Seul un décret présidentiel aurait pu autoriser le Bureau à se charger de l’affaire et, jusqu’alors, le président Herbert Hoover s’y était toujours refusé. Au lendemain de la découverte du cadavre du bébé Lindbergh, Herbert Hoover lance toutes ses agences fédérales aux trousses du ou des assassins. Le Bureau affronte une forte concurrence : le Secret Service, le Federal Bureau of Narcotics du Département du Trésor, la police des gardes-côtes, l’Unité de renseignement du fisc (IRS), le Bureau de la prohibition, les Services d’inspection de la Poste et les Douanes. Il y a aussi la police du New Jersey et celle de New York, qui refusent de communiquer leurs dossiers aux agences fédérales.
J. Edgar Hoover décide de « kidnapper » l’affaire. Le Bureau inonde la presse de communiqués qui donnent l’impression qu’il est en charge du dossier. Le 22 juin 1932, le Congrès adopte une loi reconnaissant la compétence du Bureau dans les affaires d’enlèvements3. Le public en arrive à croire que le Bureau mène l’enquête. Mais, devant le peu de résultats, la presse finit par demander des comptes à J. Edgar Hoover.
Une vieille connaissance de Hoover brouille également les cartes. L’« étonnant » Gaston Means, viré avec pertes et fracas du Bureau, refait alors surface. Means est parvenu à convaincre la propriétaire du Washington Post qu’il est en contact avec les ravisseurs et qu’il se fait fort d’obtenir la libération de l’enfant, moyennant le versement d’une rançon de 100 000 dollars. Means empoche la somme avec, en plus, 4 000 dollars « pour ses frais ». Il est arrêté par ses anciens collègues au début du mois de mai 1932. J. Edgar Hoover assiste à son procès. Gaston Means l’interpelle : « Tu dois admettre que c’était une putain de bonne histoire ! » Means est condamné à quinze ans de prison. Du fond de sa cellule, à chaque grande affaire criminelle, il ne manquera pas de contacter Hoover en prétendant avoir des révélations à lui faire et en offrant ses services en échange de sa libération. Il mourra au bout de neuf années de détention.
En préparant l’argent de la rançon du bébé Lindbergh, Elmer Irey, le responsable des Affaires criminelles du Département de la Justice, a réparti le montant en billets de banque et en bons-or, et pris la précaution d’en relever les numéros. Depuis lors, il attend que les billets ou les bons refassent surface. En 1933, les États-Unis abandonnent l’étalon-or et prennent des mesures
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