FBI
destinées à interdire la détention privée de métal jaune. Les Américains ne peuvent plus se servir que de billets ou de pièces de monnaie émis par la Banque fédérale. Les bons doivent être échangés contre des dollars. En avril et mai 1933, les ravisseurs commencent alors à écouler leurs bons dans des banques new-yorkaises. Mais les employés ne vérifient pas les numéros de série et, quand les autorités bancaires se rendent compte qu’elles ont en leur possession des bons provenant de la rançon, il est trop tard.
J. Edgar Hoover en profite pour arracher, le 19 octobre 1933, un décret présidentiel lui confiant la responsabilité de l’enquête. Tous les autres agents fédéraux sont priés de se retirer, à commencer par Elmer Irey qui est pourtant l’un des enquêteurs les plus au fait du dossier.
Le 15 septembre 1934, un automobiliste paie les cinq gallons de carburant qu’il vient de mettre dans son réservoir avec un des bons provenant de la rançon. Le pompiste a la présence d’esprit de relever l’immatriculation du véhicule au dos du bon. Trois jours plus tard, la banque qui s’apprête à encaisser le bon fait le lien avec l’argent de la rançon. La police remonte jusqu’à l’automobiliste : c’est un charpentier au chômage d’origine allemande, Bruno Richard Hauptmann. Dès lors, c’est à qui arrêtera le premier ce charpentier. J. Edgar Hoover demande qu’on le suive pour le coffrer en flagrant délit. La police fait mine d’accepter, mais se précipite pour arrêter Hauptmann. Curt Gentry, le biographe de Hoover, estime que, connaissant le penchant de celui-ci pour la publicité, la police new-yorkaise a préféré dégainer la première plutôt que de se voir brûler la politesse.
La police new-yorkaise a procédé à cette arrestation alors que Hauptmann circulait dans sa voiture, suivi par des agents du FBI. Les policiers refusent que les agents fédéraux participent à la fouille du suspect ou à celle de son véhicule. Les fédéraux protestent. Profitant de la confusion, l’Agent spécial Leon Turrou réussit à subtiliser dans le portefeuille de Bruno Hauptmann une liste de courses. Il l’envoie au laboratoire du FBI, qui se charge de comparer l’écriture de la liste aux demandes de rançon. Puis Leon Turrou s’effondre à son bureau, ivre de sommeil. Quelques heures plus tard, le téléphone le réveille en sursaut. Au bout du fil, Charles Appel, le responsable du labo du FBI, qui le félicite : les écritures correspondent.
Informé, J. Edgar Hoover ne perd pas une seconde et saute dans le premier train pour New York. Il est sur place quand la police new-yorkaise procède à l’identification du suspect par la personne qui lui a remis la rançon dans un cimetière du Bronx, deux ans auparavant. Tout a été fait pour faciliter cette reconnaissance : dépenaillé, mal rasé, Hauptmann est placé au milieu de policiers en civil impeccablement vêtus et rasés de frais. Pourtant, à la grande déception des chefs de la police new-yorkaise et de Hoover, le témoin ne reconnaît pas Hauptmann. À la conférence de presse qui a lieu dans l’après-midi, Hoover et les chefs de la police annoncent qu’ils ont arrêté l’homme qui a touché l’argent de la rançon.
Dès lors, tout va se gâter. Une première perquisition au domicile de Hauptmann ne donne rien. J. Edgar Hoover insiste pour y envoyer ses agents. Ils trouvent dans une cachette aménagée dans un des murs du garage une partie de l’argent de la rançon : 1 830 dollars en bons du Trésor. Contretemps légal : la découverte a eu lieu en l’absence de l’occupant des lieux ; les agents du Bureau remettent donc les certificats en place et les redécouvrent en présence de Hauptmann… La découverte d’autres caches permet la saisie de près de 12 000 dollars supplémentaires. Hauptmann prétend que l’argent lui a été remis par une personne qui est décédée depuis. C’est plus qu’il n’en faut pour que le Département de la Justice renvoie Hauptmann devant les tribunaux. Reconnu coupable de l’assassinat du bébé Lindbergh, Hauptmann mourra sur la chaise électrique le 3 avril 1936. Pourtant, le doute subsiste…
Dès l’arrestation de Bruno Hauptmann, l’Agent spécial Leon Turrou fait part de son scepticisme à ses supérieurs. Hauptmann est sans doute mêlé au kidnapping du bébé Lindbergh, mais il n’est probablement qu’un comparse. Le témoin
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