FBI
Reconnu coupable, John Gotti est condamné à une peine incompressible de prison à vie en juin 1992. Il a fallu près de dix ans d’efforts, des millions de dollars et des centaines d’agents du FBI pour arriver à mettre hors d’état de nuire un des principaux parrains new-yorkais.
Jules Bonavolonta, Jim Kossler, Bruce Mouw, George Gabriel et les autres savent que le travail d’un agent n’est jamais fini. Un parrain chasse l’autre. C’est comme les mauvaises herbes, disent les Agents spéciaux, on n’en viendra jamais à bout ; il faut constamment les arracher, sinon elles envahissent tout. Alors, face aux mauvaises herbes, certains ont la tentation de recourir à des méthodes plus expéditives, quitte à passer un pacte avec le diable…
Whitey Bulger , most wanted n˚ 2
Boston, juin 2008. Joe Pistone a l’habitude de dire : « Chaque agent performant, qui résout de grosses enquêtes, finit par avoir des ennuis. » Pour le comprendre, il suffit de se rendre sur les quais de Boston, au deuxième étage du bâtiment des Coast Guards , où s’affairent dans un grand bureau paysagé une dizaine d’agents du FBI, de la DEA, de la police d’État, tous unis dans l’affaire Whitey Bulger.
Richard Teahan est responsable de la cellule Bulger. Depuis plus de dix ans, il rassemble des bribes d’information dans le but de capturer le numéro deux de la liste des dix hommes les plus recherchés, après Oussama Ben Laden : James Bulger, dit « Whitey », chef du gang Winter Hill, à Boston, un génie du Mal, un capitaliste archaïque qui ne sait faire de l’argent que par la violence, le meurtre, le chantage, l’extorsion et la menace.
Whitey Bulger tue pour toutes sortes de raisons : pour éliminer la concurrence, pour réduire au silence ceux qui en savent trop… Personne n’est à l’abri : ses ennemis comme ses amis, et même leurs petites amies. À la fin des années 1980, plus personne ne lui fait de l’ombre, pas même la Mafia, pourtant redoutable à Boston et en Nouvelle-Angleterre. Il a même laminé la puissante famille dirigée par Raymond J. Patriarca.
Quand Barry Mawn est nommé SAC du bureau de Boston, il découvre avec stupeur que toutes les activités criminelles de Whitey Bulger étaient approuvées par ses prédécesseurs. Au sein même du bureau de Boston, quelqu’un a commis une grosse erreur : « Whitey Bulger est un maître de la manipulation et du crime, explique Barry Mawn. Il est très intelligent, très malin. Il sait comment monter les hommes les uns contre les autres. Il a fourni au FBI certaines informations concernant la Cosa Nostra à une époque où la lutte contre la Mafia était une priorité absolue. »
Pour dîner avec le diable, il faut une très longue cuillère, dit le proverbe. Celle des agents de Boston ne l’était pas assez. À la fin, on ne savait plus qui faisait quoi. Whitey Bulger travaillait-il pour le FBI ? Richard Teahan pense, lui, que c’est plutôt l’inverse qui s’est produit : « Le problème, à mon sens, c’est que Whitey Bulger contrôlait les agents plus que les agents ne le contrôlaient. »
Les racines du mal étaient profondes : elles avaient pris naissance avant la découverte fortuite du sommet des parrains de la Mafia d’Apalachin, en 1957, quand J. Edgar Hoover avait ordonné à tous les SAC des grandes métropoles américaines d’entamer la surveillance des dix principaux mafieux de leurs territoires dans le cadre du Top Ten Hoodlum .
Tout commence en 1950, quand le SAC de Boston monte une équipe chargée de traquer la Mafia et y affecte les plus agressifs de ses Agents spéciaux. Parmi eux, H. Paul Rico et Dennis Condon sortent du lot et deviennent les favoris de J. Edgar Hoover. Le Bureau leur demande d’obtenir des informations – et de les obtenir au plus vite, quitte à violer la loi. À l’époque, les micros constituaient le meilleur moyen d’obtenir des informations. Bien entendu, les agents se passaient de l’autorisation des juges pour placer leurs micros clandestins, surnommés à Boston gipsy wires , les « écoutes gitanes ». À Boston comme à Providence, Chicago ou New York, des dizaines d’agents pénétrèrent par effraction dans les bureaux et les clubs de la Mafia pour y installer leurs micros, souvent des engins rudimentaires cachés derrière des radiateurs, dans des doubles plafonds, voire à l’intérieur de meubles. Ils sont reliés à la centrale
Weitere Kostenlose Bücher