FBI
et de procéder à des arrestations. Un an plus tard, le Bureau adopte le sigle « FBI ». Mais, pour son image, il a encore besoin d’une victoire éclatante sur les gangsters.
1933 : J. Edgar Hoover lance Melvin Purvis, le meilleur de ses hommes, aux trousses de John Dillinger. Le gangster est déjà une légende. Les quotidiens consacrent leur une aux faits d’armes de sa bande, qui rejoint celle des frères Jesse et Frank James au panthéon des pilleurs de banques. John Dillinger vient juste de s’évader de la prison de Crown Point, Indiana, après avoir transformé l’endroit en un véritable cirque médiatique et posé une nouvelle fois pour la postérité devant les photographes venus de tous les États-Unis. Dillinger s’est fait la belle en menaçant le shérif d’un pistolet grossièrement bricolé à partir d’une vieille planche en bois. À bord de l’automobile du shérif, il franchit la frontière de l’État de l’Illinois. Il vient de violer le Dyer Act de 1919 qui autorise le Bureau à intervenir quand une affaire de vol de voiture concerne différents États. Fort de sa « juridiction » en la matière, le FBI se joint à la chasse à l’homme. Hoover confie sa meute à son protégé, le SAC du bureau de Chicago, Melvin Purvis. Il lui écrit : « Mon garçon, arrête Dillinger pour moi, et le monde t’appartient. » Melvin Purvis y croit. Le 22 juillet 1934, à la fin de la séance de 20 heures de Manhattan Melodrama , qui a pour vedette Clark Gable, devant le cinéma Biograph de Chicago, Purvis et ses hommes abattent John Dillinger. Quelques heures plus tard, le Procureur général le qualifiera de « super-policier au service de la nation », et il n’y en aura que pour lui dans les journaux.
Enivré, Purvis dirige la traque des hommes de Dillinger. Il abat Baby Face Nelson, un tueur de flics. Les journaux titrent : « Une fois encore, Melvin Purvis triomphe ! » Bientôt, l’agent figure en deuxième place dans les sondages de popularité, talonnant un Franklin Delano Roosevelt pourtant auréolé de la réussite annoncée de son New Deal, et loin devant J. Edgar Hoover.
Melvin Purvis a besoin de tireurs d’élite. À Quantico, au polygone de tir, il est un jeune prodige qui fait mouche à tous les coups : Walter Walsh. À tireur exceptionnel, mission exceptionnelle. Au lieu de faire ses classes dans un quelconque bureau, Walsh rejoint à Chicago l’équipe de l’enfant chéri du FBI.
Après avoir décimé la bande de Dillinger, Melvin Purvis s’attaque à un autre gang, celui de Karpis-Barker que l’on dit, sans doute à tort, dirigé par une femme, Ma Barker, alias « Bloody Mamma ». Un informateur a balancé l’un des membres de la bande, Arthur Barker, dit « Doc », un des sept enfants de Ma. Il se planque dans un appartement, près du lac Michigan, en compagnie de sa petite amie, reconnaissable à son manteau de renard rouge. Les agents investissent les lieux. Purvis place ses hommes. Walsh et ses collègues sont sur leurs gardes. Doc Barker n’est pas un tendre, c’est un tueur. Walsh a sorti son 357 Magnum de prédilection… De leur planque, les agents du FBI voient d’abord sortir la femme au manteau rouge, puis Doc. Alors qu’ils sont prêts à faire feu, Doc se rend. Il n’est pas armé. Quand un des agents lui demande où sont ses armes, il répond : « Chez moi, ça n’est pas un putain d’endroit où les entreposer… »
Il vient d’échapper à la mort. Ce ne sera pas le cas de Ma Barker, abattue un an plus tard par une autre équipe du FBI à l’issue d’une fameuse fusillade.
Il reste encore à neutraliser un dernier membre de la bande, Alvin Karpis. Melvin Purvis rassemble ses hommes. L’équipe est prête à passer à l’action, mais elle n’en aura pas l’occasion.
Le patron du FBI, on l’aura compris, l’a plutôt mauvaise. Il entreprend dès lors de déboulonner la statue de Purvis. Il envoie sa police interne passer au crible le bureau de Chicago avec mission de relever toutes les violations du règlement intérieur du FBI. Il n’y a que l’embarras du choix : les règles internes au Bureau sont trop complexes et trop nombreuses pour ne pas être violées quotidiennement par les agents. La légende veut que, avant de partir en chasse, les inspecteurs demandaient à leurs supérieurs combien de violations ils étaient censés relever. Un an plus tard, Melvin Purvis quitte le Bureau.
Aujourd’hui
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