FBI
Capone), est un triomphe. Il est suivi de dizaines d’autres films4. L’Association internationale des chefs de police, l’IACP, est indignée. Les organisations religieuses aussi. Hollywood capitule : les films de gangsters ont vécu. À partir de 1935, les G-men prennent la place et deviennent les nouveaux héros de celluloïd des Américains. À la grande satisfaction de l’IACP, qui note : « Les films de gangsters qui étaient favorables aux criminels ont été remplacés par les films de G-men qui incitent le public à applaudir aux efforts de la police. » En 1935, huit films à la gloire des G-men triomphent sur les écrans américains. En tête du box-office, G-men , une sorte de gangster movie à l’envers. Parmi les titres les plus plébiscités, Public Enemy Number One (1935), Let’m have it (1935), Show them no Mercy (1935), Public Enemy’s Wife (1936), Special Investigator (1936). Pour la publicité de Public Enemy’s Wife , J. Edgar Hoover se fait photographier serrant la main de la star du film. Les producteurs soulignent que les spectateurs participent à la lutte du FBI contre la criminalité. Parfois, le public est même invité à se prêter à une séance de relevé d’empreintes digitales.
En 1935, sur les conseils de Courtney Ryley Cooper, J. Edgar Hoover dote le Bureau d’un véritable instrument de communication, la « Crime Records Division ». Le FBI dispose enfin d’un moyen de clamer ses exploits à la planète entière. La Crime Records Division a ses propres publications (des brochures, des livres, des revues) et son influence se fait sentir sur les films, les émissions de radio et les articles de journaux consacrés au Bureau. Hoover nomme à sa tête un de ses plus proches collaborateurs, Louis B. Nichols, qui sera remplacé à sa retraite par Cartha DeLoach. Et ça marche ! La Crime Records devient même la division la plus importante du Bureau.
La révolution ne serait pas complète si le Bureau of Investigation ne changeait pas de nom. Après tout, John Edgar Hoover a bien changé son prénom en « J. Edgar » pour être mieux identifié. J. Edgar veut en outre symboliser une rupture avec un passé trop marqué par la corruption et les malversations. Il est temps de montrer que l’ère Burns, Gaston Means et compagnie est terminée. Hoover demande à ses assistants de lui soumettre des propositions, spécifiant qu’il souhaite que le nom comporte des initiales facilement identifiables. Edward Tamm suggère « Federal Bureau of Investigation », ou FBI. Au début, Hoover est sceptique, mais il accepte quand Edward Tamm lui explique que le sigle peut aussi signifier « Fidelity, Bravery, Integrity » (Fidélité, Bravoure, Intégrité), trois piliers du rituel maçonnique nord-américain. La loge maçonnique que Hoover a fondée à l’intérieur du FBI ne porte-t-elle pas le nom de Fidélité ?
J. Edgar Hoover et Clyde Tolson
Anacostia River, juillet 2008 . Dans un des quartiers les plus pourris d’une des métropoles les plus violentes des États-Unis, Washington, non loin de la rivière Anacostia, à portée de tir d’une prison de haute sécurité dont le vent charrie alentour les bruits métalliques, se trouve un cimetière réputé pour être un des derniers à accepter que les chiens y vagabondent en liberté au milieu des pierres tombales. La plus surprenante d’entre elles affiche l’épitaphe suivante : « Quand j’étais soldat, on m’a donné une médaille pour avoir tué deux hommes, et l’on m’a chassé pour en avoir aimé un autre. » Ci-gît une icône gay, l’ex-sergent Leonard Matlovitch, vétéran du Vietnam bardé de décorations, mais viré de l’US Army pour avoir revendiqué trop haut et fort ses préférences sexuelles.
Un endroit charmant, en dépit du quartier. La communauté gay de San Francisco voudrait le racheter pour en faire le premier cimetière homosexuel des États-Unis, sans trop se soucier des hôtes actuels du lieu. Sont enterrés ici sénateurs, membres du Congrès, architectes, vétérans de la guerre du Mexique ; on y trouve aussi un chef indien, le secrétaire particulier de Thomas Jefferson, le comparse de l’assassin de Lincoln. Mais toutes ces figures sont de peu de poids à côté de Leonard Matlovitch, dont les restes justifient les visées gays san-franciscaines.
Éloignons-nous de quelques pas et remontons la rangée d’une dizaine de tombes. Défendue par une grille aux
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