FBI
l’époque, Neil Welch adhérait fièrement au slogan des clubs animés par Purvis : « Mieux vaut construire des garçons que de réparer des hommes. »
Une fois sa gloire éphémère passée, Melvin Purvis tente de travailler à nouveau pour le gouvernement. En vain. La famille Purvis affirme que Hoover, poursuivant de sa vindicte son ancien protégé, lui aurait fermé une à une toutes les portes. L’histoire de Melvin Purvis se terminera comme elle a commencé, dans le sang : en 1960, il se tirera une balle dans la tête avec l’arme qui lui avait servi à abattre les hommes de John Dillinger. Quelque vingt-cinq ans plus tard, il aura ainsi rejoint l’ennemi public numéro un dans la mort, après avoir maudit une dernière fois J. Edgar Hoover.
Quand Neil Welch se rend pour la première fois au « Siège du Gouvernement », il contemple avec émotion un trophée qui trône à l’entrée du bureau de J. Edgar Hoover : « C’est une figure sans yeux, explique Neil Welch, juste deux orbites vides. C’est un masque de plâtre blanc, on pourrait croire à une œuvre d’art ou à quelque ornement. Mais les yeux vides disent le contraire : cette figure est réelle, mais aussi, de manière inquiétante, tout à la fois réelle et irréelle. Le masque macabre a été réalisé en jetant du plâtre mouillé sur la figure de John Dillinger après que cinq agents du FBI l’eurent tué, en 1934. Ce regard froid a dominé l’antichambre officielle de J. Edgar Hoover pendant les quarante années suivantes. Il mettait les visiteurs mal à l’aise. Comme la fameuse affiche de recrutement de l’Oncle Sam, ses yeux sans vie regardaient partout en même temps, voyaient tout, et les visiteurs les sentaient constamment sur eux alors qu’ils se déplaçaient dans la pièce. Un médecin de Baltimore, sans doute effrayé par la mort, écrivit à Hoover qu’il admirait le FBI, mais qu’il trouvait morbide ce masque mortuaire de Dillinger. Il suggérait de l’enlever. Furieux, Hoover fit tout le contraire : il garda le masque et plaça le docteur sur sa liste noire ! » Neil Welch poursuit avec humour : « Hoover n’aurait jamais admis de s’en séparer. Dillinger ornait son mur pour la même raison que Lénine reposait dans son mausolée à Moscou. Les deux hommes étaient morts, mais ceux qui dirigeaient les institutions qui leur avaient survécu savaient que leur crédibilité dépendait de la mémoire du public (il fallait qu’on se souvienne de la vie des deux hommes) et des preuves de leur existence. Depuis l’époque des Palmer raids , Hoover avait compris que son importance était fonction de celle de ses ennemis. »
À partir de 1933, J. Edgar Hoover reçoit régulièrement deux journalistes amis du Bureau, Rex Collier, du Washington Star , et Courtney Ryley Cooper, d’ American Magazine . Ils ont accès à certains dossiers du Bureau concernant les grandes affaires criminelles. Seule condition : leurs écrits doivent être approuvés par le Bureau. À la demande de Hoover, Rex Collier réécrit l’histoire de la traque et de la fin de John Dillinger ; il efface le rôle de Purvis et en attribue tout le mérite à Sam Cowley, un autre agent tué depuis lors, au cours d’une fusillade. De 1933 à 1940, Courtney Ryley Cooper chante les exploits du Bureau en vingt-quatre longs articles, trois livres (dont un signé par Hoover, Persons in Hiding ) et quatre films.
J. Edgar Hoover a très tôt compris que le cinéma pouvait constituer un formidable outil de propagande. Le 28 août 1922, alors qu’il a encore pour patron J. Burns, il reçoit un rapport rédigé par un agent de Los Angeles indiquant que « de nombreuses stars de cinéma jouent un rôle de plus en plus actif » dans la « mouvance rouge » aux États-Unis. Il semble que les acteurs glissent même de la « propagande communiste » dans les films. Hoover ouvre une enquête sur les stars visées par le Bureau, entre autres Charlie Chaplin qui devient l’une de ses bêtes noires.
Peu après les débuts du parlant, une vague de violence a envahi les écrans américains. Hollywood met en scène la saga des gangsters. Ceux-ci incarnent le désespoir d’un peuple en pleine dépression économique et désagrégation culturelle. Les gangsters movies ne connaissent ni police ni justice. Le premier d’entre eux, Little Caesar (1930), avec Edward J. Robinson dans le rôle d’Enrico Bandello (pour ne pas dire Al
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