FBI
ardues. Le Bureau accepte de revoir sa prime à la hausse : elle passe à 7 millions de dollars, plus la nationalité américaine, plus une nouvelle identité, plus une maison dans un des lieux sélects de Californie. Mais ça en vaut la peine.
Au début, les agents du FBI ont du mal à croire que le Russe ait pu détourner un dossier aussi sensible que celui de Ramon Garcia. Mais l’homme a sans doute profité du désordre consécutif au coup d’État manqué de 1991 et à la dissolution du KGB qui s’est ensuivie. Le silence observé par Ramon Garcia pendant huit ans lui a permis de ne pas être découvert, nul n’ayant eu besoin d’accéder au précieux dossier.
Les documents concernant Ramon Garcia arrivent au siège du FBI en novembre 2000. Pour les acheminer depuis la Russie, le Bureau a monté une véritable opération clandestine. On dénombre des dizaines de disquettes d’ordinateur, des milliers de pages de documents, des bandes magnétiques. Le tout est envoyé au labo du FBI. Les empreintes digitales sont relevées. Tous les documents étant en russe, des milliers de pages sont traduites en extrême urgence. Une bande magnétique recèle un enregistrement de conversation effectué en novembre 1986 à New York. Deux hommes discutent au téléphone : le premier est un agent du KGB, le second n’est autre que Ramon Garcia.
Un des trois agents du FBI qui écoutent la bande croit reconnaître la voix. Mais il n’arrive pas à mettre un nom ni un visage dessus. C’est quelqu’un qu’il connaît et qu’il a rencontré à plusieurs reprises. Il relit la traduction des documents du KGB en prêtant une attention particulière aux lettres de Ramon Garcia adressées à ses correspondants soviétiques. Il y trouve des expressions qui lui sont familières. Ainsi, Ramon Garcia aime à citer le général Patton. L’agent du FBI réalise alors qu’il connaît quelqu’un qui a ce genre de manie. Il réécoute l’enregistrement avant de déclarer à ses collègues : « Je crois savoir qui est Ramon Garcia : c’est Robert Hanssen. »
Dans un des dossiers, les agents du FBI trouvent une grosse enveloppe avec mention : « Ne pas ouvrir ». Ils attendent l’arrivée de leur informateur pour la décacheter. À l’intérieur, ils découvrent un grand sac-poubelle. C’est un de ceux dont se servait Ramon Garcia pour protéger les documents qu’il déposait dans les bois. Dessus, il y a les empreintes digitales de Hanssen. Le Bureau dispose de la preuve définitive.
Louis Freeh, directeur du FBI, est immédiatement informé. Il souhaite arrêter Robert Hanssen en flagrant délit alors qu’il dépose des documents dans les bois de Virginie qui abritent ses « boîtes à lettres ».
Hanssen a alors été muté à la division du Département d’État chargée de contrôler les missions diplomatiques étrangères. Le directeur du FBI ordonne à ses hommes de le surveiller de près.
Louis Freeh connaît bien Robet Hanssen. Les deux hommes communient régulièrement à l’église catholique Sainte-Catherine-de-Sienne, à Falls Church, dans la banlieue de Washington. Hanssen ne manque jamais de saluer son directeur à l’issue de l’office. Leurs enfants fréquentent la même école de Heights, contrôlée par la sulfureuse congrégation de l’Opus Dei.
Au début du mois de décembre 2000, Louis Freeh est convié à prendre la parole lors de la soirée « père-fils » de l’école. Thème du discours : éthique et intégrité au sein du gouvernement. Robert Hanssen est assis au premier rang, à côté de son fils. Se doute-t-il que le directeur du FBI sait ? Il n’en laisse rien paraître.
Le 15 janvier 2001, Robert Hanssen réintègre le Quartier général. Pour mieux le surveiller, le Bureau lui a confié un poste sur mesure à la division chargée des moyens informatiques. Le moindre de ses mouvements est épié par une caméra dissimulée dans son bureau, son téléphone est écouté, sa voiture truffée de micros. Les techniciens du FBI ne sont pas parvenus à s’introduire chez lui, où il y a toujours quelqu’un. Des agents fouillent régulièrement sa voiture. Le 12 février 2000, ils découvrent dans la boîte à gants du ruban adhésif jaune et blanc comme celui dont il s’est servi pour communiquer avec le KGB. Le même jour, Hanssen interroge la base de données du FBI ; il tape plusieurs mots, dont : Hanssen , Garcia , Foxstone , boîte à lettres KGB , FSB .
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