FBI
Rien ne sort. Mais les collègues qui le surveillent ont compris qu’il est sur le point de déposer un message ou des documents dans la « boîte à lettres morte » du parc de Foxstone. Les Agents spéciaux se rendent sur les lieux et trouvent un paquet contenant 50 000 dollars en billets, qu’ils photocopient avant de les remettre en place. Le FSB est impatient de ramasser les informations.
Peu après, Robert Hanssen rédige sur son ordinateur ce qui ressemble bien à une lettre d’adieux à ses « chers amis » du FSB : « Il semble que je ne puisse plus vous être utile ; il va falloir que je me retire du service actif. » Il a compris qu’il est sur le point d’être démasqué. Il se plaint d’être isolé à l’intérieur du Bureau, de n’avoir plus aucun accès aux informations du contre-espionnage. Il a cru entendre des grésillements suspects dans sa voiture, des crachotements comme ceux que les micros du Bureau émettent parfois : « Quelque chose a réveillé le tigre qui dort », écrit-il avant de conclure : « La vie est faite de hauts et de bas. »
Le dimanche 18 février, vers 16 heures, les agents du Groupe de surveillance spéciale du FBI suivent Robert Hanssen jusqu’à un centre commercial. Il gare sa voiture en plein air, en descend, ouvre son coffre et commence à entasser des documents classés top-secret dans un sac en plastique. Puis il remonte dans sa voiture et prend la direction du parc de Foxstone. Une demi-heure plus tard, une équipe d’intervention du FBI armée jusqu’aux dents arrête Hanssen alors qu’il vient de déposer les documents sous un pont. Quinze ans de chasse prennent fin.
L’affaire Hanssen survient au mauvais moment pour le Bureau. Le directeur, Louis Freeh, est au plus mal avec le président Clinton, qui ne lui parle plus et cherche par tous les moyens à s’en débarrasser. Les échos des critiques sur la manière catastrophique dont le FBI a géré le siège de la secte des Davidiens, à Waco, résonnent encore. Tout comme ceux du tollé provoqué par les dérapages auxquels on a assisté lors du procès des deux responsables de l’attentat perpétré contre l’immeuble fédéral d’Oklahoma City. L’Amérique se passionne pour l’affaire Hanssen. À Hollywood, les scénaristes sont déjà au travail. Les questions redoublent quand le Département de la Justice annonce que le traître sera jugé à huis clos. Le Bureau a-t-il quelque chose à cacher ? Pourquoi Hanssen n’a-t-il pas été détecté avant ? A-t-il bénéficié de protections, voire de complicités, à l’intérieur du Bureau ?
Les attentats du 11 septembre 2001 mettent fin aux spéculations. L’Amérique s’est découvert un nouvel ennemi : Al Qaida. Les médias se désintéressent du sort de Robert Hanssen, qui est condamné à la prison à vie dans l’indifférence générale.
La soubrette chinoise
C’est dans ce contexte que, le 9 avril 2003, le Bureau annonce l’arrestation de James Smith, un des meilleurs agents du bureau de Los Angeles jusqu’à son départ à la retraite en 2000, accusé d’intelligence avec la République populaire de Chine. Le Bureau arrête aussi Katrina Leung, sa maîtresse, son informateur et peut-être son agent traitant. James Smith reconnaît ses torts et passe un accord avec le département de la Justice : il est condamné à trois ans de prison avec sursis et à 10 000 dollars d’amende. Les poursuites contre Katrina Leung sont abandonnées à la suite d’une erreur de procédure. Vite oubliée, l’affaire est de celles qui risqueraient d’embarrasser longtemps le Bureau en lui faisant perdre toute crédibilité en matière de contre-espionnage.
Au début des années 1980, la normalisation des relations entre les États-Unis et Pékin a entraîné un renforcement spectaculaire de la présence chinoise sur le sol américain. En 1982, il y a plus de 10 000 étudiants chinois aux États-Unis, et il continue d’en arriver à raison de 300 par mois. Chaque année, plus de 14 000 Chinois immigrent légalement aux États-Unis, et 15 000 s’y rendent munis de visas de tourisme. Une aubaine pour les services secrets chinois, qui se nichent dans les replis des flux migratoires. Pour faire face à ce nouveau péril, le FBI lance une campagne de recrutement d’informateurs au sein de la communauté chinoise.
Au début de 1981, la division « Chine » du bureau de Los Angeles (LAFO) repère Katrina
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