FBI

détecteur de mensonges. Certaines de ses informations sont confirmées par un transfuge des services secrets chinois. La CIA, qui bénéficie elle aussi des informations recueillies par Katrina Leung, félicite régulièrement le FBI. Fin 1989, la jeune femme réussit un joli coup en se rendant en Chine juste après les événements de la place Tien Anmen. Le FBI est impressionné : elle est considérée comme le meilleur informateur du Bureau sur la Chine.
    En 1987, un diplomate en poste au consulat chinois de San Francisco reçoit un appel téléphonique d’une jeune femme qui lui demande de la rappeler depuis une cabine téléphonique. La jeune femme sait que le diplomate est écouté par le Bureau. Une enquête est ouverte. Le Bureau remonte jusqu’à la jeune femme : il s’agit de Katrina Leung. James Smith intervient et se porte garant de son informateur. L’enquête est classée sans suite.
    En juin 1990, nouvelle alerte : le FBI apprend que Katrina Leung a remis aux Chinois, sans autorisation, les détails d’une opération d’espionnage classée top-secret, et des informations sur un programme de contre-espionnage tout aussi secret. Le Quartier général demande au LAFO de s’expliquer. Mais l’échange de correspondance est mal archivé et n’est pas versé au dossier de Katrina Leung. Dix mois plus tard, le FBI découvre que la jeune femme a livré aux Chinois de nouvelles informations concernant des opérations secrètes du Bureau. L’affaire est à nouveau étouffée.
    À l’époque, James Smith a la réputation d’être le meilleur agent de contre-espionnage du LAFO. Personne ne songe à remettre sa parole en question lorsqu’il se porte garant de l’innocence de Katrina Leung. Les superviseurs de Smith ignorent que l’Agent spécial lui parle librement des affaires en cours, lui laisse consulter des documents confidentiels et l’informe des opérations les plus secrètes. Il lui révèle les identités des diplomates chinois recrutés par le FBI, mais ne paraît pas s’étonner quand, peu après, les taupes disparaissent ou cessent de fournir des informations.
    James Smith a des doutes, mais ne fait rien. Il se dit que Katrina Leung présente trop d’intérêt aux yeux du FBI pour clore sa carrière d’informateur. Au fond de lui, il sait qu’il garde le silence par crainte d’une enquête qui ne manquerait pas de révéler la nature de leurs relations, mettant ainsi fin à sa propre carrière d’Agent spécial.
    James Smith ment pour couvrir Katrina Leung. Il dit à ses supérieurs qu’il est satisfait des explications de la jeune femme, sans trop entrer dans le détail. Les dirigeants du FBI ont toute confiance en leur Agent spécial. Il est autorisé à lui remettre de fortes sommes d’argent en dehors de tout témoin, contrairement à l’usage au sein du Bureau. En mars 1993, le FBI a déjà versé 700 000 dollars à la jeune femme sans que personne trouve rien à y redire. Au contraire, le Bureau approuve toutes les demandes d’augmentation de budget que Smith soumet tous les six mois.
    Le superviseur de James Smith est une jeune femme qui lui est dévouée corps et âme. Fin 1996, sans prévenir, celle-ci se rend à l’aéroport de Los Angeles pour accueillir l’Agent spécial, de retour d’un séjour à Londres. Elle s’aperçoit alors que Katrina Leung débarque avec Smith. Elle connaît bien la jeune Chinoise, mais feint de ne pas l’avoir remarquée. Si le superviseur avait mentionné l’incident à son SAC, une enquête interne aurait à coup sûr mis au jour la trahison de Leung avec la complicité de Smith.
    Quelques mois plus tard, nouvelle alerte : un informateur signale que les Chinois ont recruté un agent au sein du FBI ; il s’agit d’une femme prénommée Katrina. James Smith se charge de l’enquête. Ses conclusions : Katrina Leung est innocente ; l’informateur est un misogyne, doublé d’un affabulateur.
    Katrina Leung est intouchable depuis qu’elle informe le Bureau sur les financements chinois versés au Parti démocrate lors de la campagne électorale de 1996. Une affaire cruciale pour le FBI : son directeur, Louis Freeh, a en effet lancé en 1997 l’opération « Campcon » visant, entre autres, les financements illicites de la campagne de Bill Clinton par la République populaire. Avec 300 agents du FBI mobilisés à temps plein, « Campcon » est une des plus grosses opérations du Bureau menées dans les années