FBI

de dommages et intérêts.

XII
     
    Psychoses (1969-2001)
     
    Dans lequel le lecteur découvre une nouvelle approche du crime – Où il est question d’Howard Teten, un agent très spécial, et de ses « vieux chiens » – Où nos héros travaillent dans la plus grande discrétion et créent la BSU – Enterrés dix fois plus profond que les morts – Les prédateurs d’Atlanta – Le FBI tend un piège.
     
    Mad Bomber
     
    Le 16 novembre 1940, des ouvriers travaillant sur un chantier de la Consolidated Edison, sur la 64 e  Rue de Manhattan, découvrent une bombe rudimentaire posée sur le rebord d’une fenêtre. Une note manuscrite rédigée en capitales est attachée à la bombe avec ce message laconique : « ESCROCS DE CON EDISON, C’EST POUR VOUS. »
    En septembre 1941, une deuxième bombe est découverte sur la 19 e  Rue, près d’Union Square, non loin du siège de la Con Edison.
    Quelques mois plus tard, la police new-yorkaise reçoit une lettre demandant que les dirigeants de Con Edison soient traduits en justice. Ils doivent payer pour leurs « épouvantables actes néfastes ». Dans les cinq années qui suivent, seize autres lettres signées des initiales « F.P. » sont adressées à la police de New York.
    En mars 1950, un troisième engin explosif, bien plus puissant que les précédents, est découvert dans l’entresol de la gare Grand Central. La bombe suivante explose dans une cabine téléphonique de la Bibliothèque publique de New York. Peu après, une autre cabine saute à Grand Central Station.
    Les journaux commencent à s’intéresser à l’affaire, en 1954, après l’explosion de six engins, dont un en plein concert à Radio City. L’année suivante, six nouvelles explosions mettent la ville en émoi. New York vient de se trouver un nouvel ennemi : the Mad Bomber , le Bombardier fou.
    Sans piste sérieuse et en désespoir de cause, l’inspecteur Howard Finney, de la police de New York (NYPD), se tourne vers James Brussel, psychiatre de renom. Le docteur Brussel et le policier n’appartiennent pas au même monde. La pipe au bec, Brussel est un disciple de Freud qui vit dans son cocon de la 12 e  Rue, en plein « Village ». En début de carrière, il a un peu travaillé pour le FBI, au Mexique, dans le cadre d’une opération de contre-espionnage. Mais il doit sa célébrité à plusieurs ouvrages, dont Comment devenir un psychiatre émérite en dix leçons . Howard Finney remet au docteur Brussel une copie du dossier de Mad Bomber . La démarche de l’inspecteur est insolite : à l’époque, pour la très grande majorité des policiers, psychiatrie rime avec escroquerie.
    James Brussel se penche avec attention sur le dossier. Les bombes sont accompagnées de lettres de revendication signées des initiales d’un certain « F.P. » qui se dit victime de la société Consolidated Edison (Con Ed). La prose de F.P. donne à penser que l’on a affaire à un paranoïaque. L’homme, qui opère depuis seize ans, a donc au moins quarante ans. Son écriture est celle d’une personne âgée. Elle trahit une personnalité méticuleuse, prudente, certainement exemplaire dans son travail. Le langage reflète une certaine éducation, et certaines tournures désuètes laissent supposer que le rédacteur pourrait être d’origine étrangère. Les lettres sont écrites en capitales, parfaitement dessinées, à l’exception des « W » qui, selon Brussel, évoquent une « poitrine féminine ». Sur le MO ( modus operandi ), le psychiatre remarque que, lorsqu’il s’en prend à des salles de spectacles, F.P. ne dépose pas ses bombes, mais les dissimule dans des sièges qu’il a au préalable lacérés et partiellement évidés. Brussel y voit la symbolique d’une pénétration sexuelle et en déduit que F.P. n’est probablement pas quitte avec son complexe d’Œdipe. Il doit être célibataire et pourrait vivre avec une personne qui, pour lui, représente une figure maternelle. En étudiant la manière dont les bombes sont fabriquées et mises en place, le psychiatre en conclut que F.P. est sans doute originaire d’Europe de l’Est. Les lettres de revendication ont été postées non loin du Connecticut, où réside une forte communauté slave.
    Le docteur Brussel expose ses conclusions aux policiers new-yorkais chargés de l’enquête. Avec un certain sens de la mise en scène, il marque un silence avant de leur communiquer son ultime découverte.