FBI
chaussures. Quand on profile une scène de crime, on ne doit pas faire ça, on ne doit pas chercher ce qu’on s’attend à voir. Il faut laisser la scène du crime vous lâcher chaque bribe d’information. Ma méthode repose sur une combinaison de psychologie, d’observation de la scène du crime, et d’étude des types de victimes. » La méthode de Howard Teten porte le nom de « profilage criminel » et sera à l’origine d’une nouvelle profession : « profileur ».
Howard Teten a toujours recherché l’excellence : « Faire toujours de son mieux ; la quête du ciel, vous voyez le topo… » Il a intégré la police californienne pour résoudre certaines affaires, mais son horizon a très vite été obstrué. Son quotidien est alors fait de patrouilles et de scènes de crime : une rude école qu’il ne se voit pas faire toute sa vie. Certain de ne pas devenir sergent avant longtemps, il présente sa candidature au FBI en 1962. Il est admis. Comme tous les agents, il passe par Quantico : « J’étais là-bas sous l’ancien régime, se souvient-il. Les agents ne passaient que quatre semaines à Quantico, pour apprendre le maniement des armes à feu. Le reste du temps, les recrues suivaient des cours à Washington dans les anciens bâtiments du Département de la Justice. » Après avoir prêté serment, Howard Teten s’est dit : « Je vais devoir porter une chemise blanche et un galurin pour le restant de mes jours. » Après avoir reçu son badge et son arme à feu, il est expédié à Oklahoma City, puis, quelques mois plus tard, à la résidence du FBI de Muskogee, en plein territoire indien. C’est là qu’il apprend à mener une enquête rigoureuse et à conduire des interrogatoires de la manière la plus efficace possible.
Muskogee, Oklahoma, est une des rares villes à posséder un collège indien fréquenté par toutes les tribus. Parmi les tâches de l’agent résident Teten, il lui incombe d’interroger les Indiens qui postulent à des emplois publics et de sonder leur passé. De quoi se forger une solide culture en matière d’indianité. Les crimes et délits sont eux aussi originaux, et vont du vol de palissades dans les enclos à bétail à celui de grain à bord des trains de marchandises. Howard Teten découvre là tous les cas les plus improbables. Armé de ce solide bagage, il est muté à Memphis, dans un Tennessee au bord de la guerre civile par suite du mouvement pour l’égalité des droits civiques, conduit notamment par le révérend Martin Luther King, ennemi juré du directeur du FBI, J. Edgar Hoover.
Le 4 avril 1968, Howard Teten est à son bureau quand tombe la nouvelle de l’assassinat de Martin Luther King. L’Agent spécial savait que le révérend était en ville pour organiser une marche de protestation, mais c’était plus là l’affaire de la police locale que celle du Bureau. Si des Agents spéciaux surveillaient le révérend, ils n’appartenaient pas au bureau de Memphis.
Le motel où Martin Luther King a été assassiné se trouve dans la même rue que le Bureau, à une vingtaine de pâtés de maisons. Howard Teten débarque sur les lieux quelques minutes après l’assassinat. Des policiers lui montrent le fusil abandonné sur le trottoir par le tueur. L’Agent spécial examine l’endroit ; il a compris d’où les coups de feu ont été tirés. Le révérend est déjà mort. Avant d’aller assister à l’autopsie, Teten rejoint les policiers qui inventorient la scène du crime. Il est le seul agent du FBI présent sur place.
L’assassinat de Martin Luther King étant un crime fédéral, Howard Teten a une bonne raison de se trouver sur les lieux. Il entretient en outre d’excellents rapports avec la police de Memphis, et personne ne s’offusque de le voir donner un coup de main aux investigateurs locaux. Il retrouve ses réflexes d’ancien enquêteur sur la scène du crime. C’est comme le vélo : ça ne s’oublie pas. Il commence par chercher des empreintes de pas dans les plates-bandes entourant la fenêtre d’où les coups de feu ont été tirés. Il réceptionne le fusil, qui sera remis au SAC de Memphis pour être envoyé au laboratoire du FBI à Washington. Puis il griffonne des croquis indiquant la position du corps et l’endroit où le tireur est censé s’être posté. Il trace des lignes droites, souligne les angles, effectue divers calculs géométriques et trigonométriques. « Je travaillais comme
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