FBI

une revue pornographique non loin du cadavre d’un enfant. Sur cette base, j’ai autorisé la recherche complète. » Coût de l’opération : plus de 6 millions de dollars. Et ça marche : au bout de quelques jours, le suspect est identifié. C’est un dératiseur qui vit dans un autre État. Tandis que les agents du FBI vont sonner à sa porte, à Washington, le directeur du FBI, le Procureur général et le président des États-Unis sont prêts à faire chacun une déclaration télévisée afin d’annoncer l’arrestation du tueur en série qui, depuis plus d’un an, tient le pays en haleine.
    John Douglas et Roy Hazelwood, les deux agents de la BSU, sont sceptiques. Le suspect est blanc, il est marié et son couple semble solide : il ne correspond pas au profil qu’ils ont esquissé.
    Quand l’homme ouvre aux agents du FBI, sa femme se tient à ses côtés, sur le point d’accoucher. Au début, l’homme souhaite être interrogé en présence de son épouse, mais il se ravise lorsqu’il apprend que les agents fédéraux veulent l’interroger sur « une certaine revue trouvée dans un bois d’Atlanta ». Le malheureux n’y comprend rien, il est pris dans une affaire qui le dépasse : n’ayant pas eu de relations sexuelles depuis des mois du fait de la grossesse de sa femme, il a acheté une revue pornographique au cours d’un de ses déplacements et s’est soulagé dans un endroit discret, sans savoir que celui-ci serait bientôt transformé en scène du crime. Il ignorait que son plaisir solitaire compterait sans doute parmi les plus onéreux de toute l’histoire de l’humanité !
    Même s’ils sont convaincus d’avoir affaire à plusieurs tueurs agissant indépendamment les uns des autres, John Douglas et Roy Hazelwood sont persuadés qu’un seul individu est responsable de plus de la moitié des assassinats d’enfants. C’est sur lui qu’ils vont concentrer tous leurs efforts. Ils sont sûrs qu’il ne cessera de tuer que lorsqu’il sera arrêté.
    Quelque temps plus tard, le chef de la police de Conveyrs, petite bourgade située à une trentaine de kilomètres d’Atlanta, appelle le FBI : un homme affirmant être le tueur des enfants d’Atlanta a téléphoné à la police pour annoncer d’autres assassinats. L’appel a été enregistré. En écoutant la bande, les responsables du FBI ne cachent pas leur excitation. Enfin ils tiennent une piste ! John Douglas tempère leur ardeur : l’homme qui a appelé la police de Conveyrs est un Blanc, raciste, qui annonce l’assassinat d’autres « enfants nègres » – voilà qui ne correspond pas à leur profil.
    « Ce n’est pas le tueur, dit John Douglas, mais on va devoir l’arrêter, parce qu’autrement il va continuer à téléphoner. Tant qu’il sera en liberté, il distraira nos forces. »
    John Douglas est sûr de son coup. Il y a quelques mois, en compagnie de Robert Ressler, il a déjà vécu une situation similaire. C’était en Angleterre, dans le Yorkshire, où sévissait un tueur qui éventrait des prostituées. Douglas et Ressler donnaient des cours à l’académie de police de Bramshill, quand un responsable de Scotland Yard leur demanda leur avis sur un message enregistré qu’avait envoyé l’« éventreur du Yorkshire ». Douglas fut formel : « Cela ne correspond pas à votre éventreur. L’homme que vous cherchez ne communiquera jamais avec la police, c’est un solitaire. » Le 2 janvier 1981, après une chasse à l’homme d’ampleur nationale, la police britannique mit la main sur Peter Sutcliffe et l’accusa d’être l’« éventreur du Yorkshire ».
    Rentré au pays, John Douglas est alors plongé en plein cauchemar d’Atlanta. Quand il apprend la nouvelle, il constate non sans déplaisir que Peter Sutcliffe n’a jamais envoyé d’enregistrement à Scotland Yard. L’enregistrement provenait d’un ex-policier qui avait un compte à régler avec sa hiérarchie et qui sera intercepté par la suite.
    Pour démasquer l’imposteur de Conveyrs, John Douglas met au point une stratégie : « Il nous méprise, il se croit supérieur à nous. D’après le ton de sa voix, il pense qu’on est des connards. Eh bien, on va se comporter comme tels ! » Dans son message, l’homme indique l’emplacement où il aurait enterré un enfant, près de la route Sigmond. « On va chercher à l’opposé de l’endroit qu’il nous a indiqué », dit Douglas qui espère que l’homme