FBI
laquelle vous rêvez de tomber. Vous avez des douilles sur les lieux du crime, vous avez l’arme qui correspond et, sur les douilles mêmes, les empreintes digitales du tueur. Nous avions des témoins qui l’avaient identifié, des documents prouvant qu’il avait acheté l’arme du crime. Le seul problème était qu’à ce moment-là notre suspect était déjà réfugié au Pakistan, pays sur lequel ne s’étend pas notre juridiction ! »
Feu sur le World Trade Center
Un mois plus tard, le 26 février 1993, une explosion secoue les sous-sols de la première tour du World Trade Center à New York, faisant 6 morts et 1 042 blessés. À l’époque, personne ne songe à un attentat. Lewis Schilliro, le numéro 2 de la section antiterroriste du bureau de New York, témoigne : « Je me souviens que la première réaction fut de croire à une explosion de gaz : une conduite qui aurait explosé. Mais, au bout de 30 à 45 minutes, nous nous sommes rendu compte qu’il s’agissait d’un attentat : un engin avait été déposé dans le parking. »
Les techniciens du FBI en arrivent rapidement à la conclusion que les terroristes se sont servis d’une voiture-bombe, bourrée de 600 kilos de nitrate d’hydrogène. Selon eux, l’attentat avait pour but de faire s’écrouler la tour Nord du World Trade Center sur la tour Sud, en faisant des milliers de victimes.
Aux États-Unis, l’attentat est éclipsé par une autre tragédie. Le 28 février 1993 commence le siège de la secte des Davidiens à Waco, au Texas. Le fait divers va tenir les Américains en haleine pendant cinquante et un jours. Le directeur du FBI, le juge William Sessions, s’apprête à vivre les instants les plus pénibles de sa courte carrière. « Les jours et les semaines qui suivirent furent très difficiles pour le Bureau et pour moi, reconnaît-il. Le monde n’avait d’yeux que pour notre siège de la propriété des Davidiens et pour notre groupe d’intervention en vue de la libération d’otages. Personne ne voyait que nous travaillions également sur l’attentat du World Trade Center. »
Une demi-heure après l’explosion, tout le bureau de New York a été mobilisé : tous les agents, y compris ceux qui étaient spécialisés dans la lutte contre le crime organisé, comme Charles Rooney. « En 1993, j’étais à mon bureau, se souvient ce dernier. Ma femme m’a appelé pour me dire qu’elle me préparait un sac, elle savait que cela allait durer longtemps et elle pensait que je ne rentrerais pas de sitôt… »
L’enquête commence. La carcasse du véhicule est analysée par les techniciens du laboratoire du FBI, qui reconstituent le numéro de série du moteur de la voiture-bombe. Les agents du FBI remontent jusqu’à un loueur de véhicules du New Jersey. Peu après, le FBI arrête la personne qui a loué le véhicule, ainsi que quatre autres suspects, militants islamistes qui fréquentent une mosquée du Queens où prêche le cheik aveugle, Omar Abdel Rahman, une des figures de proue de la galaxie terroriste islamiste, responsable du mouvement clandestin égyptien Gamaat Islamiya.
Le Bureau n’a pas de quoi pavoiser : informé de la préparation de l’attentat depuis des mois, il aurait pu l’empêcher. Il dispose en effet d’un informateur dans la mouvance terroriste qui gravite autour du cheik aveugle. Mais d’obscures raisons bureaucratiques ont fait que le FBI n’a pu stopper l’attentat.
L’informateur s’appelle Emad Salem. C’est un ancien lieutenant-colonel de l’armée égyptienne qui collabore avec le FBI depuis son arrivée aux États-Unis en 1988. Le Bureau se méfie de lui : il pense qu’il fournit aussi des informations aux services secrets égyptiens. Mais l’homme sait travailler et obtient des résultats, entre autres contre la mafia russe.
À la requête du FBI, Emad Salem a contacté en prison El Sayyid Nosair, l’assassin du rabbin intégriste Meir Kahane, qui l’a mis en relation avec un proche du cheik Omar Abdel Rahman. Salem apprend ainsi que le groupe met au point une campagne d’attentats à la bombe contre des « cibles juives » à New York. Les terroristes cherchent des explosifs. L’infiltré prévient ses deux agents traitants, Louis Napoli et John Anticev. Leur superviseur, Carson Dunbar, demande que Salem porte un micro et enregistre toutes ses conversations avec les terroristes afin de « bétonner » le dossier judiciaire. « Pas
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