FBI

sein du FBI. On aurait dû avoir un meilleur plan, envisager l’éventualité d’un suicide collectif et être prêt à faire face à un incendie. »
    Le samedi 17 juillet 1993, la Procureur général, Janet Reno, qui a donné l’ordre de l’assaut à Waco, convoque le directeur du FBI pour lui signifier la décision de la Maison-Blanche : s’il n’a pas démissionné de ses fonctions le lundi suivant, il sera limogé par le président Clinton. En sortant du bureau de Reno, le directeur du FBI trébuche et se fracture l’épaule. À sa sortie de l’hôpital, quelques heures plus tard, William Sessions convoque les journalistes pour leur signifier qu’il refuse de démissionner : il en fait une question de principe. Même s’il se dit prêt à servir à discrétion le Président, il ne cautionnera pas l’ingérence politique de la Maison-Blanche dans les affaires du FBI.
    Le lundi 19 juillet, le président Clinton annonce qu’il vient de limoger le juge Sessions, sixième directeur du Bureau depuis sa création. Le bras de fer entre l’administration Clinton et le FBI ne fait que commencer.
    Les fantômes de Waco
     
    Les fantômes de Waco n’en finissent pas de hanter le Bureau. Deux ans jour pour jour après le suicide collectif des Davidiens, le 19 avril 1995 à 9 h 2 du matin, un camion bourré de 2 800 kilos d’un mélange de nitrate d’ammoniac, de nitro-méthane et de fuel explose devant le bâtiment fédéral « Alfred P. Murrah » d’Oklahoma City, faisant 168 morts et plus de 800 blessés. Un tiers du bâtiment est détruit ; dans un rayon d’une centaine de mètres, 324 immeubles sont endommagés ou détruits. Un attentat encore sans précédent sur le territoire des États-Unis.
    Au début, les responsables du Bureau se demandent s’il ne s’agit pas de l’action d’un groupe terroriste international dans la lignée de celui qui a déjà secoué les sous-sols des tours jumelles du World Trade Center en 1993. Les agents fédéraux présents à Waco ne souscrivent pas à cette hypothèse. L’enquête mobilise plus d’un millier d’agents du Bureau et de l’ATF. Quelques heures après l’explosion, ayant retrouvé l’essieu du camion-bombe, un Agent spécial remonte jusqu’à une agence de location et identifie un suspect : Timothy McVeigh, qui a agi pour venger la mort des Davidiens de Waco.
    Le FBI joue un rôle essentiel dans les poursuites engagées contre McVeigh. Les Agents spéciaux interrogent 25 000 personnes, amassent près de 3 tonnes de pièces à conviction. Lors du procès, l’accusation produit 138 témoins. Mais le Bureau dérape en commettant des erreurs de procédure : il oublie de communiquer à la défense près de 10 000 documents ; et ce n’est rien par rapport aux bévues commises par le fleuron du Bureau : son Laboratoire scientifique.
    Quelques mois avant l’ouverture du procès McVeigh, le service d’inspection interne au Département de la Justice (OIG, Office of Inspector General) ouvre une enquête à la suite de sérieuses accusations portées par un des superviseurs du Laboratoire, le docteur Frederic Whitehurst : chimiste de formation, celui-ci est scandalisé par les dérives du Laboratoire de police scientifique du FBI. Il dénonce l’emploi croissant de personnel non scientifique dans les expertises, la manipulation de certaines pièces à conviction, l’intervention d’experts hors de leur domaine d’expertise, ou encore le recours à des techniques peu fiables. Dans le cadre de l’enquête sur l’attentat de 1993 contre le World Trade Center, le principal expert en explosifs a ainsi fait reposer ses conclusions sur des spéculations, non sur des faits scientifiques. En charge du dossier de l’attentat d’Oklahoma City, le même expert a récidivé et livré des conclusions pour le moins hasardeuses. Après s’être penché sur une dizaine de cas signalés par Whitehurst, l’OIG lui donne raison. Le scandale est tel que les experts scientifiques du FBI ne sont pas appelés à témoigner lors du procès de Timothy McVeigh, qui n’en est pas moins condamné à mort et exécuté le 11 juin 2001.
    Le directeur du FBI, Louis Freeh, a tenu à suivre en personne l’enquête sur l’attentat d’Oklahoma City. C’est un ex-agent du FBI, devenu procureur anti-Mafia. Il connaît parfaitement le fonctionnement du Bureau. Par la suite, on lui reprochera de s’être acharné sur James Nichols, frère du complice