FBI
lequel offre pour sa capture une récompense de 2 millions de dollars. Son avis de recherche figure même sur des boîtes d’allumettes larguées par avion dans les territoires contrôlés par les tribus musulmanes du sud du Pakistan. Depuis lors, les dénonciations affluent.
John O’Neil et Richard Clarke décident néanmoins qu’il est urgent d’attendre.
Quelques heures plus tard, la nouvelle est confirmée : Ramzi Yousef a été localisé à Islamabad. L’information est solide : il a été dénoncé par un de ses hommes qui s’est présenté à l’ambassade américaine. Robert Blitzer, numéro deux du contre-terrorisme au sein du FBI, prend l’affaire en main. Il lui faut agir prudemment : depuis des mois, des dizaines de prétendus Ramzi Yousef ont été arrêtés dans différents pays… Avant d’agir, il lui faut s’assurer de l’identité du suspect. Il communique à son correspondant à Islamabad une liste de questions. D’après les réponses, les responsables du FBI comprennent qu’ils sont sur la bonne piste : elles ne peuvent émaner que d’un proche de Yousef.
C’est le premier gros dossier de contre-terrorisme de John O’Neil. L’ASAC n’hésite pas une seconde : « Il n’avait jamais travaillé sur le dossier, mais il en a compris d’emblée l’importance et a commencé tout de suite à bouger, explique Richard Clarke à l’émission de télévision FrontLine de la chaîne PBS. Il était d’abord incroyablement brillant. Il ne sortait peut-être pas du Massachusetts Institute of Technology, mais son QI était bien au-dessus de la moyenne. Il montrait une endurance et une résistance infinies. »
Pendant trois jours, John O’Neil se démène comme un beau diable. Il ne dort pratiquement pas, tout occupé qu’il est à orchestrer l’arrestation du terroriste le plus recherché des États-Unis à plus de 10 000 kilomètres de Washington. Il envoie fax sur fax, multiplie les appels téléphoniques au Pentagone, au Département d’État, à celui de la Justice et à ses homologues au Pakistan. L’affaire est loin d’être simple, mais O’Neil est conscient de l’importance capitale de la prise.
Ramzi Yousef a déjà fait la une des hebdomadaires américains, qui le présentent comme un expert en explosifs qui entend mettre à genoux les États-Unis comme ses prédécesseurs l’ont fait avec l’Union soviétique en Afghanistan. La rencontre avec le cheik aveugle Omar Abdel Rahman à Peshawar a été l’un des temps forts de sa vie. Depuis lors, il combat pour le Djihad après avoir rejoint le cheik aveugle aux États-Unis et ébranlé la tour Nord du World Trade Center. Puis Yousef s’est réfugié aux Philippines, d’abord dans l’île de Basilan, auprès du mouvement de guérilla islamiste d’Abu Sayaf, ensuite à Manille, où il a fomenté une série d’attentats à la bombe. Il envisage de tuer le pape Jean-Paul II lors de son voyage aux Philippines, ou encore Bill Clinton et la Premier ministre pakistanaise Benazir Bhutto. Son plan le plus fou a été élaboré avec son oncle Khalid Cheik Mohammed et a pour nom de code « Bojinka », en serbo-croate « Explosion ». Les deux hommes ont prévu de faire sauter simultanément onze avions de ligne américains au-dessus de l’océan.
Après avoir mis au point des engins explosifs à base de nitroglycérine, Ramzi Yousef décide d’en tester un. Le 11 décembre 1994, il embarque à bord du vol de la Philippines Airlines qui doit rallier Tokyo. Il descend à l’escale de Cebu après avoir amorcé la bombe qu’il a placée sous le siège qu’il occupait. L’engin explose, faisant un mort, mais l’avion réussit à se poser en catastrophe sur la piste de l’aéroport de Naha, non loin d’Okinawa.
De retour à Manille, Ramzi Yousef peaufine son plan tout en planifiant un attentat contre le pape Jean-Paul II, dont la visite officielle doit débuter le 12 janvier 1995. Tout est prêt pour l’attentat : les hommes de Yousef ont acheté des vêtements de prêtre, des bibles, des crucifix qu’ils ont bourrés d’explosifs.
En attendant de passer à l’action, Ramzi Yousef met au point les explosifs prévus pour l’opération « Bojinka ». Mais, une semaine avant l’arrivée du souverain pontife, l’appartement où il confectionne ses bombes prend feu. Yousef s’enfuit et se réfugie au Pakistan, abandonnant derrière lui un ordinateur sur lequel les agents du FBI découvriront tous
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