FBI

destiné à devenir vite célèbre. Ce nom est celui du fils d’un milliardaire saoudien fort bien introduit dans tous les milieux moyen-orientaux et pakistanais ; il dirige l’association « caritative » qui a servi à financer l’attentat fomenté contre le World Trade Center. Il s’appelle Oussama Ben Laden. Les terroristes new-yorkais l’appellent Cheik Oussama. À l’époque, Ben Laden n’est pas une cible prioritaire pour les responsables du contre-terrorisme américain ; pour eux, le Hamas, le Hezbollah, voire le Sentier lumineux, sont bien plus dangereux que l’obscur milliardaire saoudien.
    Dans ses rapports, la CIA indique que Ben Laden est un des financiers des terroristes islamistes. L’Agence devrait pourtant savoir qu’il est bien plus que cela, pour l’avoir encadré et armé dans son combat contre les troupes soviétiques d’occupation en Afghanistan.
    « Oussama Ben Laden n’est pas qu’un financier, répète inlassablement John O’Neil aux conseillers du président Clinton. Bien sûr qu’il a de l’argent et qu’il sait en trouver. Mais ce n’est pas tout. Il a un but : il est en train de constituer un réseau terroriste international. Nous devons attraper ce type. Toutes les pistes mènent à lui ! »
    John O’Neil lance alors Dan Coleman, un des meilleurs limiers du Bureau, sur la piste de Ben Laden.
     
    S’il est un Agent spécial susceptible de travailler avec l’Agence, c’est bien lui. Son air débonnaire inspire confiance, mais l’homme est retors, rompu aux intrigues les plus échevelées pour avoir travaillé pendant des années à la section Contre-espionnage du FBI de New York, la plus importante du pays. Avant, il traquait les fugitifs et terroristes du mouvement clandestin d’extrême gauche « Weathermen ». Quand, au début des années 1980, ses supérieurs ont été renvoyés devant les tribunaux pour s’être aventurés dans ce qu’il appelle les « zones grises » de la justice, il est descendu dans la rue pour protester en compagnie d’un millier de ses collègues. Chargé de surveiller les agents de Ceausescu à New York, il apprend alors le roumain. Puis il traque les espions d’Allemagne de l’Est. Le jour de la réunification des deux Allemagnes, il accompagne son collègue des services secrets de RFA, le BND, qui prend possession des locaux de l’antenne des services secrets de RDA à New York.
    Dan Coleman appartient à la division n˚ 4, une des rares à avoir à New York son propre SAC ; elle est d’abord chargée de traquer les terroristes de l’IRA et du Hezbollah à New York. Après la première guerre du Golfe, Coleman travaille sur les réseaux irakiens, puis sur les autres États de la région soupçonnés de sponsoriser le terrorisme. Dans le cadre de l’enquête sur les attentats planifiés par la cellule du cheik aveugle (tunnel de Holland, siège des Nations Unies, etc.), il manipule un des « cerveaux » des opérations, un officier des services de renseignement soudanais.
    Dan Coleman commence par rassembler toutes les informations disponibles sur Oussama Ben Laden. Il débarque dans les bureaux du CTC, la section Contre-terrorisme de la CIA, en décembre 1995, et demande à consulter le dossier de Ben Laden. Le responsable du CTC, Michael Scheuer, lui remet une quarantaine de dossiers. L’ensemble est loin d’être complet : il n’y a aucune information sur l’aide fournie par la CIA à Ben Laden alors qu’il dirigeait un groupe de moudjahiddin, pendant l’occupation de l’Afghanistan par l’armée soviétique. Coleman est déçu : la plupart des informations proviennent d’écoutes effectuées par une autre agence de renseignement américaine, la NSA. Il réalise néanmoins que l’aspect financier de l’action de Ben Laden est secondaire par rapport à ses aspects opérationnels.
    Dan Coleman se rend ensuite à Londres pour rencontrer ses homologues des services secrets britanniques. L’accueil est chaleureux, mais le MI-6 et le MI-5 affirment ne rien savoir de Ben Laden. Pour compliquer les choses, depuis décembre 1995, les États-Unis ont décidé de fermer leur ambassade à Khartoum, où sont basés Ben Laden et son groupe. « Pendant pratiquement un an, nous sommes restés sans nouvelles de Ben Laden, déplore Coleman. En mai 1996, le FBI espère en apprendre un peu plus quand un des associés de Ben Laden est kidnappé en Europe par un service occidental. Mais cet espoir est vite