FBI
Penjab, non loin de la frontière afghane, dans la nuit du 15 juin.
« Puis, poursuit Brad Garrett, nous sommes allés voir le gouvernement pakistanais, qui nous a autorisés, en tant qu’agents fédéraux américains, à arrêter Mir Kasi au Pakistan. »
Le 15 juin 1997 à 4 heures du matin, les Agents spéciaux Brad Garrett, Jimmy C. Carter, chef de la section Enquête criminelle du WFO, quatre membres des troupes d’intervention du FBI (HRT, Hostage Rescue Team) et le chef de l’antenne de la CIA à Islamabad s’entassent à bord d’un 4x4 aux vitres fumées et font le chemin jusqu’à l’hôtel Shalimar.
« Dera Ghazi Khan est une petite ville qui ne déparerait pas dans un western spaghetti du type Le Bon , la brute et le truand , relate Brad Garrett. On a décidé d’intervenir à 4 heures du matin, parce que nous pensions qu’il n’y aurait personne dans les rues. Or, en raison de la chaleur, il y avait plus de 300 personnes dehors qui s’affairaient… »
Le commando, en habits traditionnels pakistanais, sort du 4x4 et se dirige vers la porte d’entrée de l’hôtel.
Mauvaise surprise : elle est fermée à clef, contrairement à ce qu’avaient annoncé les éclaireurs. Ils frappent. Au bout d’interminables minutes, le gardien de nuit vient leur ouvrir. Le commando s’engouffre et se rue dans l’escalier. Le gardien est armé. Il est sur les talons de Brad Garrett, qui redoute de le voir faire usage de son arme. Parvenu à l’étage, Garrett sort son fusil à pompe de sous son shawar-kamiz , et l’arme. En entendant le bruit caractéristique, le gardien s’arrête et redescend l’escalier en courant.
Deux minutes plus tard, Brad Garrett est assis sur le dos de Mir Aimal Kasi dans la chambre 312 de l’hôtel Shalimar de Dera Ghazi Khan.
« Êtes-vous Mir Aimal Kasi ? » demande l’agent.
« Je ne peux répéter ce qu’il m’a répondu, mais il l’a dit dans un très bon anglais, rapporte Brad Garrett. J’avais peur de me tromper. Il était plus gros ; il ressemblait à Kasi, mais ç’aurait aussi bien pu être quelqu’un d’autre. »
Brad Garret donne un ordre aux autres Agents spéciaux :
« Nous ne sortirons pas de cet hôtel tant que je ne serai pas sûr que c’est la bonne personne. »
Il sort de son sac à dos des photos agrandies des empreintes digitales de Kasi, ainsi qu’une loupe. Toujours assis sur le dos du suspect, il s’empare de son pouce et le frotte sur un tampon encreur avant de le presser sur un bout de papier. Puis il se met à genoux, allume une lampe de poche et compare les empreintes recueillies à celles des photos. Au bout de quelques secondes, il se redresse, satisfait :
« OK. On lève le camp. C’est le bon gars ! »
Le lendemain, le commando et son prisonnier se trouvent à bord d’un avion de l’armée américaine pouvant être ravitaillé en vol afin de pas avoir à atterrir.
« Quand on atterrit dans certains pays, si la personne sait où elle est, elle peut techniquement demander le droit d’asile, explique l’agent du FBI. Durant le vol, il était installé à côté de moi, menotté. Il s’est penché vers moi et m’a demandé : “Vous allez me ramener aux États-Unis et m’exécuter, n’est-ce pas ?” Qu’est-ce que vous pouvez répondre à ça ? »
Arrivé aux États-Unis, Brad Garrett accompagne Mir Aimal Kasi jusqu’à la prison où il sera détenu en attendant d’être jugé. Il établit avec le détenu une relation qu’il qualifie volontiers de « spéciale ». L’agent est en quelque sorte devenu la seule « famille » du terroriste pakistanais, qui ne reçoit aucune autre visite que les siennes. Garrett fait là plus que son devoir.
« Il m’écrivait des lettres, raconte Garrett. Il aimait discuter avec moi, et le Bureau estimait que je devais continuer à lui parler, car il détenait des informations sur l’Afghanistan et les Talibans, peut-être aussi sur Al Qaida. Lors de ses séjours en Afghanistan, il était protégé par les Talibans qui le traitaient en héros. »
Mir Aimal Kasi est condamné à la peine capitale pour avoir tué deux fonctionnaires de la CIA le 2 novembre 1977. Dix jours plus tard, à titre de représailles, quatre hommes d’affaires américains et les trois Pakistanais qui les accompagnaient sont assassinés en plein Karachi.
En octobre 2002, Mir Aimal Kasi a épuisé tous les recours. Il doit être exécuté dans un mois. Il demande à
Weitere Kostenlose Bücher