FBI

part, les postes se mettent à sonner frénétiquement. Le Bureau et l’Agence battent le rappel de leurs troupes : une voiture-bombe quatre fois plus puissante que celle qui a détruit l’immeuble Murrah d’Oklahoma City vient d’exploser au pied des tours Khobar, à Dhahran, en Arabie Saoudite, tuant 17 soldats américains et blessant 450 personnes. Cet attentat survient dans un contexte chargé, quelques semaines à peine après l’exécution de quatre Saoudiens reconnus coupables d’une attaque contre des intérêts américains. Malgré ce contexte, la sécurité n’a pas été renforcée autour des tours Khobar, où résident près de la moitié des 5 000 soldats américains basés en Arabie Saoudite.
    L’attentat embarrasse tout le monde, à commencer par la Maison-Blanche. Les premiers éléments recueillis par la CIA et la NSA indiquent que l’opération pourrait avoir été commanditée par le Hezbollah, groupe libanais sponsorisé par les Iraniens. Or les Américains n’ont aucune envie de frapper le Hezbollah, les Iraniens semblant faire preuve à l’époque d’une certaine modération. Les Saoudiens ne sont pas non plus très enclins à l’action, de crainte d’apparaître comme plus pro-américains qu’ils ne le sont.
    Néanmoins, quarante-huit heures après l’attentat, le directeur du FBI envoie plus d’une centaine d’agents en Arabie Saoudite : c’est le plus gros déploiement d’hommes du FBI jamais réalisé à l’étranger. Les Agents spéciaux travaillent dans des conditions à la limite du supportable ; la chaleur est telle qu’ils doivent boire tous les quarts d’heure. Rapidement, ils ne travaillent d’ailleurs plus que la nuit. Ils ne peuvent compter sur la collaboration des Saoudiens ; la situation est si tendue que même une visite éclair en Arabie Saoudite du directeur du FBI, Louis Freeh, accompagné de John O’Neil, ne parvient pas à « fluidifier » les relations.
    Où l’on retrouve Brad Garrett et Mir Aimal Kasi
     
    Début 1997, les rapports entre le FBI et la CIA sont meilleurs qu’ils ne l’ont jamais été et qu’ils ne le seront jamais. En dehors d’Alec Station, les liens se resserrent à l’occasion d’une des plus vastes chasses à l’homme de l’histoire des États-Unis : celle lancée pour retrouver et intercepter Mir Aimal Kasi, l’homme qui a ouvert le feu devant le QG de l’Agence, à Langley. Pour la première fois depuis sa création, la CIA associe à une opération clandestine une équipe du FBI dirigée par Brad Garrett. Pendant près de deux ans, l’agent a passé plus de temps au Pakistan qu’aux États-Unis. Il a appris la langue, s’est habillé en costume traditionnel, n’a pas hésité à aller dans les zones tribales où aucun autre Agent spécial n’a jamais mis les pieds. Tout semble indiquer qu’il s’est aussi rendu clandestinement dans l’Afghanistan des Talibans, mais le sujet est trop délicat : Brad Garrett refuse de l’aborder.
    Au Pakistan, Garrett travaille avec l’équipe constituée par la CIA pour retrouver Mir Aimal Kasi. Les membres de cette équipe sont issus des tribus du Waziristan et ont été employés par la CIA lors de la guerre contre l’Armée rouge en Afghanistan. La CIA baptise l’équipe « FD/Tropint » et lui fournit un équipement à la hauteur de sa mission : outre les traditionnels kalachnikovs, ils sont dotés de mines anti-personnel, d’un matériel d’écoute sophistiqué, d’un système de communication radio satellite du dernier cri, des camions, des motos, et des centaines de milliers de dollars en cash.
    Mir Aimal Kasi se trouve en Afghanistan, non loin de la frontière pakistanaise. Faute de pouvoir compter sur la coopération du régime des Talibans, la CIA repositionne ses satellites sur la région en vue d’une opération clandestine. Une équipe se rend même sur le terrain pour effectuer des repérages.
    Au printemps de 1997, un membre de la tribu qui protège Mir Aimal Kasi se rend au consulat américain de Karachi pour le livrer et toucher ainsi la récompense de 2 millions de dollars promise pour sa capture. Brad Garrett se souvient : « Il nous a dit : “J’ai des informations sur Mir Aimal Kasi. Je sais où il est. Je peux le faire venir en un endroit précis.” »
    L’informateur promet à Garrett et aux agents de la CIA de faire en sorte que Mir Aimal Kasi se trouve à l’hôtel Shalimar, à Dera Ghazi Khan, dans la province du