FBI

d’ironie : l’avocat qui sera commis d’office aux États-Unis sera d’origine juive…
    Dans l’avion qui le ramène aux États-Unis, Ramzi Yousef se laisse aller aux confidences. Il explique aux agents américains chargés de le rapatrier qu’au départ il voulait s’en prendre à des cibles israéliennes sur le territoire américain, mais qu’il y avait renoncé, car elles étaient trop bien défendues. Son choix s’était alors porté sur le World Trade Center. Son but était de tuer des dizaines de milliers de personnes en faisant s’effondrer la tour Nord sur la tour Sud. Après avoir obtenu une feuille et un crayon, il dessine un plan du parking du World Trade Center et explique pourquoi il a garé le véhicule là où il a explosé. Puis il prend la feuille, la froisse, en fait une boulette qu’il avale pour ne pas laisser de traces.
    L’avion qui transporte le terroriste se pose sur la base militaire de Steward, au nord de New York. Le numéro deux de la section antiterroriste du bureau de New York, l’ASAC Lewis Schilliro, accompagné d’une équipe d’intervention (SWAT), réceptionne Ramzi Yousef et l’embarque à bord d’un hélicoptère Sikorsky S-76A qui décolle en direction de la prison de Manhattan.
    « Il avait les yeux bandés et était menotté quand ils l’ont fait monter à bord de l’hélicoptère. On lui a laissé les yeux bandés pendant le décollage, rapporte Lewis Schilliro. Un des membres du SWAT m’a ensuite demandé s’ils pouvaient lui ôter son bandeau. Je leur ai dit oui, et ils l’ont fait. La nuit était très claire, il était environ 23 h 30. Ses yeux se sont réhabitués à la lumière et, au moment où l’hélicoptère approchait du World Trade Center, un des gars à ses côtés lui a dit : “Tu vois, il est encore debout.” Yousef lui a répondu, sans chercher ses mots, sans la moindre émotion, qu’il ne l’aurait plus été s’ils avaient disposé de plus d’argent. Et je pense que c’est là qu’on a commencé à se rendre compte que c’est une culture et une façon de voir les choses radicalement différentes des nôtres, que nous ne pouvions pas vraiment comprendre la haine qu’il y a derrière leurs actions. »
    Le pire est que Ramzi Yousef avait raison. Il avait bourré la voiture de tout l’explosif qu’il avait pu acheter grâce à la somme qui lui était allouée. Les experts du FBI estiment que, avec 200 kilos de plus, l’explosion de la voiture aurait bel et bien provoqué l’effondrement de la tour Nord.
    Ramzi Yousef avait en effet placé sa voiture à l’endroit adéquat. Il avait parfaitement localisé ce que les enquêteurs appelleront le « talon d’Achille du World Trade Center ».
    En attendant d’être jugé, Ramzi Yousef est détenu à la prison de Manhattan. Il se lie avec l’homme qui occupe la cellule voisine de la sienne. L’homme prétend être membre d’une milice d’extrême droite proche de celle qui a fait sauter le bâtiment fédéral d’Oklahoma City. Ce n’est pas le premier contact entre terroristes islamistes et miliciens américains. Un même ennemi les rapproche : l’État fédéral. Ramzi Yousef lui livre certains des secrets de son organisation. Il ne se doute pas que son nouvel ami est un informateur du FBI chargé d’infiltrer les réseaux islamistes implantés à New York. Il s’appelle Greg Scarpa Jr. et, tout comme son père, c’est un des tueurs de la famille mafieuse des Colombo. Tout comme son père, il est inscrit sur la liste des Top Echelon Informant du Bureau. Mais, bientôt, Greg Scarpa Jr. sera accusé, tout comme son père, d’être de mèche avec son agent traitant, Lindley DeVecchio, et entraîné dans le scandale qui s’ensuivra. L’opération d’infiltration des réseaux de Ramzi Yousef s’arrêtera là.
     
    Peu après avoir remis Ramzi Yousef entre les mains de l’administration pénitentiaire, Lewis Schilliro évoque l’affaire avec John O’Neil :
    « John, lui dit-il, jamais ils n’abattront les deux tours.
    – Tu as tort, lui répond O’Neil. Ils ne renonceront jamais. »
    Sans disposer de tous les éléments en possession de la CIA, John O’Neil a compris, après la première attaque contre le World Trade Center, que les choses n’en resteraient pas là.
    Dan Coleman et la « Pierre de Rosette »
     
    Lors de l’enquête sur la cellule terroriste dirigée par le cheik aveugle, le FBI tombe sur un nom jusqu’alors inconnu, mais