FBI
déçu. Je ne peux pas vous en dire plus, si ce n’est que nous sommes vite arrivés à une impasse. »
Peu après, les écoutes de la NSA révèlent une activité anormale. Ben Laden et ses hommes s’apprêtent à quitter Khartoum pour aller se réfugier en Afghanistan après la mort d’un des chefs militaires du groupe, Abou Ubaidah al-Banshiri, dans un accident de ferry sur le lac Victoria. Les hommes de Ben Laden sont convaincus qu’Abou Ubaidah al-Banshiri a en fait été tué par les services secrets américains.
En septembre 1995, Dan Coleman, accompagné de deux substituts du procureur de Manhattan, se rend en Allemagne pour rencontrer le premier transfuge du groupe Ben Laden, un Soudanais nommé Jamal al-Fadl. L’homme joue un rôle fondamental dans l’histoire de la « guerre de l’ombre » menée par le FBI contre Ben Laden. Coleman le surnomme « la Pierre de Rosette », parce qu’il livre au FBI tous les secrets du groupe. C’est lui qui, le premier, révèle à Coleman le nom de l’organisation qu’il traque : Al Qaida.
Jamal al-Fadl décrit l’organisation dans ses moindres détails. Il dévoile l’existence de « cellules dormantes » en Europe et aux États-Unis, l’emplacement de camps d’entraînement. Il explique qu’Al Qaida est responsable d’attentats commis au Yémen en 1992, et que certains de ses hommes ont entraîné et épaulé les insurgés somaliens qui affrontaient les troupes américaines dont ils abattaient les hélicoptères. Enfin, la « Pierre de Rosette » fait une révélation qui donne la chair de poule à Dan Coleman : Ben Laden chercherait à se procurer des armes nucléaires et chimiques.
Pendant un an et demi, Dan Coleman travaille dans son coin sur Ben Laden. Le Bureau a pratiquement oublié son existence. Avec patience et méticulosité, il poursuit l’interrogatoire de Jamal al-Fadl. Il le revoit régulièrement jusqu’en août 1998, recoupe ses informations, les compare à celles recueillies grâce aux écoutes électroniques de la NSA et de la CIA. À la fin, l’agent du FBI a dressé une carte détaillée des réseaux d’Al Qaida au Moyen-Orient, en Asie, aux États-Unis et en Europe. Il réalise qu’il a devant lui une organisation terriblement dangereuse. Pourtant, ses supérieurs ne répondent même pas à ses appels téléphoniques. Seul John O’Neil est réellement intéressé par ses découvertes.
Alec Station
En janvier 1996, préoccupée par la montée du fondamentalisme islamiste dans le monde et par les risques terroristes qu’elle fait courir aux États-Unis, la CIA a créé une unité spéciale qui s’installe au Gloucester Building, une tour abritant des bureaux gouvernementaux à Tysons Corner dans la banlieue de Washington, en Virginie. Au départ, Alec Station emploie douze agents de la CIA, mais elle va vite s’ouvrir aux autres agences fédérales chargées de lutter contre le terrorisme islamiste, dont la NSA et le FBI. Une trentaine de fonctionnaires renforcent ainsi ses effectifs. Le projet plaît à John O’Neil, qui rêve de combler le fossé qui sépare depuis près d’un demi-siècle le FBI et la CIA, et de mettre en commun les informations recueillies par les divisions antiterroristes des deux agences. On trouve un nom à l’unité, Alec Station, d’après le prénom du fils adoptif de son chef, Michael Scheuer. Le représentant du FBI au sein d’Alec Station prend ses fonctions le jour de la Saint-Patrick, le 17 mars 1996. Il s’appelle Dan Coleman.
Le chef d’Alec Station, Michael Scheuer, est un ancien analyste de la cellule antiterroriste de la CIA (CTC). Au début, il se méfie de Coleman, qu’il pense être un espion du FBI chargé de dérober les secrets de l’Agence. Mais le courant passe entre les deux hommes, qui s’estiment en dépit de leurs divergences. En tant qu’agent du FBI, Coleman a pour mission d’arrêter Ben Laden et de le déférer à la justice. De son côté, le responsable de la CIA est programmé pour remplir des missions plus complexes et, après avoir hésité sur l’usage qu’il pourrait faire de Ben Laden, il décide que le mieux serait de l’assassiner.
Le 26 juin 1996, John O’Neil organise un barbecue à l’académie du FBI, sur la base de Quantico, afin de renforcer les liens entre la CIA et le FBI. Au menu : hamburgers, hot dogs et bavardages divers entre responsables des deux agences. Mais le barbecue tourne au cauchemar quand, de toute
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