FBI
dresser une cartographie d’Al Qaida à travers le monde. Si l’Agence lui avait passé l’information, le Bureau ne serait certainement pas resté les bras croisés.
Laurence Wright, dont l’enquête sur le 11 Septembre a été couronnée par le prix Pulitzer, écrit que les agents de l’équipe I-49 du FBI de New York sont partis à l’assaut de la « muraille » de la CIA de manière « agressive et créative ». Quand la CIA a refusé de leur fournir les comptes rendus d’écoute des téléphones satellitaires de Ben Laden, les agents du FBI ont monté leur propre station d’interception en édifiant deux antennes, à Palau, dans le Pacifique, et à Diego Garcia, dans l’océan Indien. Ils ont aussi installé à Kandahar, non loin de la frontière avec l’Afghanistan, une cabine téléphonique payante avec relais satellite, afin d’écouter les conversations des djihadistes. Cerise sur le gâteau, cette cabine téléphonique a été dotée d’une caméra vidéo qui permet aux agents fédéraux d’en identifier les usagers. « Des millions de dollars et des centaines d’heures de travail ont été dilapidés pour obtenir des informations que d’autres agences refusaient de partager », écrit Laurence Wright.
Le disque des Pink Floyd, The Wall (« Le Mur »), est en tête du hit-parade des Agents spéciaux de l’équipe I-49. Ils le passent quand, au téléphone, les responsables de l’Agence justifient leur refus de collaborer en invoquant le « mur » qui les sépare du FBI ; ils reprennent alors en chœur les paroles du refrain : Just another Brick in the Wall (« Ce n’est qu’une autre brique dans le Mur »)…
« Un jour, il y aura des morts »
Au début du mois de juin 2001, la police yéménite arrête huit militants islamistes accusés d’avoir tenté de faire sauter l’ambassade américaine. Sur la suggestion de John O’Neil, le directeur du FBI, Louis Freeh, évacue les agents du FBI restés au Yémen. Ali Soufan rentre à New York pour apprendre une bien triste nouvelle : O’Neil s’en va.
Le SAC n’avait pas que des amis au sein du Bureau. Ses ennemis lui reprochaient de ne pas être stable, d’être un coureur de jupons, d’avoir une vie sentimentale trop agitée ; d’autres mettaient en avant les risques qu’il faisait courir au Bureau : « John était souvent comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, explique Pat d’Amuro. Mais il savait ce qui devait être fait, et il le faisait. »
En août, le magazine Time tire à boulets rouges sur John O’Neil. Citant des sources internes au FBI, l’hebdomadaire révèle qu’il s’est fait voler une mallette bourrée de documents confidentiels alors qu’il participait à une conférence en Floride. La mallette a certes été retrouvée avec les dossiers secrets, mais le mal était fait. Chargé des enquêtes internes au FBI, l’OPR lance ses limiers aux basques de John O’Neil. La presse annonce qu’un responsable du Contre-terrorisme du FBI est sur la sellette. Écœuré, O’Neil démissionne du FBI.
Ali Soufan le retrouve dans son bureau le 22 août, son dernier jour au FBI, alors qu’il fait ses cartons. Les deux hommes vont prendre un sandwich dans un Deli, non loin du siège new-yorkais du FBI. Voyant John O’Neil mordre à belles dents dans son jambon, Soufan lui dit en riant :
« Si tu ne modifies pas tes pratiques d’infidèle, tu iras en enfer ! »
Avant de quitter le Bureau, John O’Neil prend une dernière décision : à sa demande, il renvoie Ali Soufan au Yémen. Le jeune agent sent que quelque chose de terrible se prépare. Il espère pouvoir rassembler suffisamment d’informations pour l’empêcher. Il sait que la réponse à ses questions se trouve là-bas. En juillet 2001, il a envoyé à la CIA une troisième demande d’informations sur la réunion au sommet de Kuala Lumpur. Cette fois, il a la certitude que, outre l’attentat contre l’ USS Cole , une autre action a été envisagée. Une nouvelle fois, la CIA ne répond pas.
Cette même semaine, une analyste du FBI basée à Alec Station tombe sur des câbles concernant la réunion de Kuala Lumpur et réalise que Kahled al-Mihdhar et Nawaf al-Hazemi se trouvent aux États-Unis. Elle passe l’information au Quartier général, qui alerte le superviseur de l’équipe I-49. Mais, en raison du « mur », seuls les agents de la section Contre-espionnage sont informés. Steve Bongart, un des
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