FBI
bienvenu dans l’enquête. Mais le jeune agent s’obstine et réussit à convaincre le général, qui lui remet les précieux clichés de Khallad. Quelques jours plus tard, l’informateur de Soufan identifie formellement Khallad comme étant Tawfiq bin Attash, principal lieutenant de Ben Laden.
À partir de là, Ali Soufan fait ce que tout bon agent du FBI aurait fait : il remonte la piste de l’argent qui a servi à financer l’attentat. Il découvre que l’argent qui a permis d’acheter le bateau employé lors de l’attaque a été remis par Khallad à Fahd al-Quso. Mais il tombe aussi sur des opérations financières plus anormales : quelques mois avant l’attaque, Fahd al-Quso s’est rendu à Bangkok pour remettre 36 000 dollars à Khallad. Selon Fahd al-Quso, cet argent devait servir à acheter une prothèse pour Khallad. L’agent du FBI ne croit pas un mot de cette explication. Mais il se demande pourquoi des terroristes yéménites envoient de l’argent en Thaïlande. Financeraient-ils une opération internationale encore plus importante que l’attaque contre l’ USS Cole ?
Lors de son séjour à Bangkok, Fahd al-Quso était descendu à l’hôtel Washington. À la demande d’Ali Soufan, le « legat » (Legal Attache), représentant du FBI à Bangkok passe en revue les numéros de téléphone appelés depuis l’hôtel à cette époque. L’Agent spécial trouve trace de nombreux appels au domicile d’al-Quso à Aden, mais aussi à destination d’une cabine téléphonique de Kuala Lumpur, en Malaisie. Soufan demande à la CIA si elle a des informations sur Khallad et sur la mystérieuse cabine de Kuala Lumpur. Pour lui donner plus de poids, c’est le directeur du FBI, Louis Freeh, qui adresse personnellement sa requête à l’Agence. La CIA répond qu’elle ne peut aider l’Agent spécial.
En fait, la CIA en sait bien plus long qu’elle ne veut le reconnaître. Elle est au courant de l’existence de la cabine téléphonique et n’ignore pas que les hommes d’Al Qaida s’en servent régulièrement pour leurs conversations téléphoniques. Elle sait aussi que Khallad s’est rendu plusieurs fois à Kuala Lumpur pour participer à des réunions d’Al Qaida dans un appartement situé juste en face de la fameuse cabine.
Ali Soufan appartient à une génération d’agents du Bureau habitués à travailler en bonne intelligence avec la CIA. Il a l’impression que, à l’heure de la guerre mondiale contre le terrorisme, le fossé entre le Bureau et l’Agence est en train de se combler. Il sait que son collègue Dan Coleman travaille pour Alec Station, la cellule de la CIA chargée de traquer Al Qaida. Il n’ignore rien des efforts de son mentor, John O’Neil, pour aplanir les difficultés avec l’Agence. Lui-même a été approché par des agents de la CIA qui lui ont proposé de rejoindre la « face obscure de la force », comme ils disent non sans humour. Ce contact s’est déroulé après une mission effectuée en Jordanie en compagnie de son superviseur, Pat d’Amuro, dans le cadre d’une enquête sur une cellule d’Al Qaida qui menaçait de s’en prendre aux touristes étrangers. Après avoir discuté avec les Jordaniens, Ali Soufan s’est aperçu que la CIA fondait ses analyses sur des données erronées. Il l’a signalé au chef de la station d’Amman. Résultat : le chef d’antenne a détruit douze câbles qu’il devait envoyer au quartier général de l’Agence.
Plus grave : au siège de l’antenne d’Amman de la CIA, Ali Soufan est tombé sur un carton plein de documents provenant des services jordaniens, que personne ne s’est donné la peine d’ouvrir. Dans le carton, une liste d’objectifs d’Al Qaida et un plan d’attaques détaillé. Ces éléments serviront à faire condamner une vingtaine de terroristes arrêtés par les Jordaniens. On comprend que la CIA n’aime pas trop ce jeune Libanais qui marche sur ses plates-bandes.
L’Agent spécial Ali Soufan croit encore un peu naïvement que le Bureau et l’Agence échangent sans arrière-pensée toutes leurs informations. En 1998, dans le cadre de l’enquête sur les attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, le FBI s’intéresse à un numéro de téléphone situé au Yémen. Les terroristes responsables des attaques contre les ambassades l’ont appelé avant de passer à l’action ; Oussama Ben Laden aussi. Il s’agit d’un véritable central
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