FBI
qui jonchent les rues, un passant ramasse un passeport vert à peu près intact, avec des inscriptions en arabe : il est au nom de Satam Al Suqami, un des pirates de l’air qui se trouvaient à bord de l’avion qui s’est enfoncé dans la tour Nord. Le passant remet le passeport à un policier avant de disparaître. Les agents du FBI enregistrent la pièce à conviction sans se poser de questions.
En ce début de matinée du 11 septembre, peu après l’attentat, Dan Coleman, dit « le Professeur » en raison de sa bonne connaissance du dossier Ben Laden, n’est pas loin de la tour Nord du World Trade Center. Il n’a pas entendu l’ordre de repli des Agents spéciaux, car il est trop occupé à établir des liaisons entre les agents et policiers qui se trouvent au Yémen et leurs familles. Il vient juste d’en terminer et de quitter le PC des communications. Il est dans sa voiture, à hauteur de l’église Saint Paul, à un bloc de la tour Nord, quand celle-ci commence à s’effondrer. Sur Broadway, qu’il remonte en direction du World Trade Center, il voit fondre sur lui un énorme nuage de poussière et de débris de toutes sortes. Il pense : «Tiens, une tornade ! » Puis il corrige : « Sauf que, à New York, il n’y a pas de tornade. »
Le passager qui se trouve à côté de lui descend de voiture et se met à remonter à toutes jambes Broadway vers le nord. « Un bon agent du FBI préfère être damné plutôt qu’abandonner sa voiture », soupire Dan Coleman.
Coleman est un bon agent : il braque brusquement, fait faire un demi-tour hasardeux à son véhicule et remonte vers le sud. Sur les trottoirs et dans les rues, c’est la panique, les gens courent en tous sens. Dan Coleman veille à n’écraser personne. Il pile net devant quatre policiers.
« Aidez-nous, lui dit l’un d’entre eux, mon collègue a une crise cardiaque, conduisez-nous à l’hôpital le plus proche ! »
Les policiers s’engouffrent dans la voiture, qui redémarre au milieu du nuage de poussière et de débris qui continue à remonter Broadway à toute allure. Dan Coleman n’y voit plus rien. Autour de lui, tout est gris ou marron ; une pluie de bouts de métal, d’éclats de béton, de papiers et d’autres matériaux balaie tout sur son passage.
Le policier victime de la crise cardiaque halète de plus en plus. Un de ses collègues dit :
« Il nous faudrait de l’air conditionné. »
Dan Coleman s’exécute, met l’air conditionné dans la voiture et règle la ventilation sur sa puissance maximale.
« Ce n’était pas une bonne idée, commente-t-il aujourd’hui, les volets de la clim’ se sont ouverts. »
Les policiers crient :
« Non, pas ce genre d’air conditionné ! »
Immédiatement, des flots de poussière envahissent la voiture et s’abattent sur les occupants. Dan Coleman et les policiers sortent en toussant du véhicule pour se retrouver pendant cinq minutes au cœur des ténèbres provoquées par le nuage de ce qui était le World Trade Center. Coleman est secoué de quintes de toux. Elles ne le lâcheront jamais plus. Depuis, le « Professeur » se consume de l’intérieur pour avoir inhalé plus de poussière d’amiante et de substances cancérigènes que son corps ne peut en supporter. Il fait partie de ces dizaines de milliers de victimes du 11 Septembre qui ne seront jamais comptabilisées. Témoin vivant de l’horreur de l’attaque, il est plus que jamais résolu à traquer jusqu’à son dernier souffle son ennemi mortel, Oussama Ben Laden.
Par une tragique ironie du sort, ce 11 septembre 2001, sans le vouloir, Al Qaida s’est débarrassé d’un autre de ses ennemis les plus redoutables : John O’Neil.
Où l’on apprend la disparition du « Frère John »
et ce qui s’ensuit
Ali Soufan apprend la nouvelle de l’attaque des tours jumelles le 11 septembre 2001 alors qu’il se trouve à l’ambassade américaine de Sanaa, capitale du Yémen. Désemparé, il compose le numéro de téléphone de son ami John O’Neil et tombe sur son répondeur. Soufan craint le pire : il a raison. O’Neil a péri dans l’effondrement de la tour Sud, alors qu’il tentait de sauver des vies humaines. L’homme qui avait dédié la fin de sa carrière à la lutte contre Al Qaida a été finalement rattrapé par son ennemi.
Au matin du 12 septembre 2001, Washington ordonne à Ali Soufan et aux quelques agents qui sont avec lui de rentrer aux
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