FBI
demi-heure. »
J. Edgar Hoover attend dans sa limousine noire à l’heure et au lieu dits. Il a disposé une dizaine d’agents aux alentours. Walter Winchell, suivi de Lepke, le rejoint. « Hoover avait de grosses lunettes noires pour ne pas être reconnu par les passants », dira par la suite Winchell. Le parrain demande au directeur du FBI combien d’années de prison il devra purger. « Entre douze et quinze », répond Hoover.
Louis Lepke Buchalter réalise alors qu’il est tombé dans un piège. Il n’y a jamais eu d’accord avec le FBI.
Buchalter est condamné par un tribunal fédéral à quatorze ans de prison pour trafic de drogue. Thomas Dewey, le procureur de l’État de New York, ne renonce pas : il le réclame afin de le faire juger pour meurtre par un tribunal de l’État de New York, comme il s’y est lui-même engagé envers ses électeurs. Le parrain se démène pour ne pas être transféré à New York. Il fait contacter J. Edgar Hoover et lui promet des révélations. Le directeur du FBI accepte. Mais Thomas Dewey n’a pas dit son dernier mot. Comme par hasard, le Chicago Tribune affirme que le FBI a passé un accord avec Lepke afin de protéger l’administration Roosevelt, qui risque d’être éclaboussée par les révélations du parrain. Pour montrer sa bonne foi, le président Roosevelt ordonne alors au Procureur général de livrer « ce fils de pute » de Lepke à Dewey.
Le procès Lepke s’ouvre dans un climat de vives tensions à New York. Un témoin de l’accusation, pourtant protégé nuit et jour par la police, meurt défenestré de sa chambre d’hôtel. Reconnu coupable d’assassinat, Louis Lepke Buchalter est condamné à mort. L’exécution est fixée au mois de mars 1944.
Quelques jours avant la date fatidique, la presse new-yorkaise affirme que Lepke aurait enfin décidé de tout dire et que, s’il parle, il y aura de quoi faire trembler la Maison-Blanche sur ses bases. Cette fois, l’attaque est plus précise : elle vise un dirigeant syndical proche du président Roosevelt, accusé d’avoir commandité des meurtres.
Le jour de son exécution, Lepke demande à rencontrer le nouveau procureur de l’État de New York. Au bout d’une heure et demie, le procureur appelle Thomas Dewey, gouverneur de l’État de New York depuis le 1 er janvier 1943. Or celui-ci est le futur candidat républicain à l’élection présidentielle face à Roosevelt : c’est dire s’il est intéressé par les révélations de Lepke ! Il ordonne donc de suspendre l’exécution de quarante-huit heures. Le New York Mirror affirme que le parrain va fournir à Dewey de quoi remporter l’élection présidentielle. Mais Lepke se rétracte après avoir reçu la visite de sa femme, et annonce qu’il ne donnera pas d’informations à Thomas Dewey. Il est exécuté à la prison de Sing-Sing, le 4 mars 1944. Il est le premier parrain du crime organisé à avoir été arrêté par le FBI. Il faudra attendre près de trente ans pour que le Bureau procède à de nouvelles arrestations de mafieux.
Quelque temps plus tard, Hoover débarque à la convention nationale des avocats, à El Paso, encore grisé par l’arrestation de Buchalter. Arrivé la veille des débats, il profite de ce déplacement pour se rendre de l’autre côté de la frontière mexicaine, à Juarez. Il veut faire la connaissance d’un des meilleurs indics du Bureau, la tenancière du principal bordel de la ville. Le lendemain soir, le Procureur général Frank Murphy, supérieur de Hoover, manifeste le désir de visiter les quartiers « chauds » de Juarez, dont on lui a dit le plus grand mal. Hoover l’accompagne pour une visite éclair sous bonne garde. Passant devant le bordel, la voiture de J. Edgar ralentit. Du trottoir, une des pensionnaires interpelle le patron du FBI :
« Alors, vous voici revenu, ce soir ? »
« Hoover m’a juré que, pendant un court instant, il a cru sa carrière terminée », explique en souriant Cartha DeLoach.
1- John Miller est un ancien journaliste vedette de la chaîne ABC, auteur d’un scoop remarqué en son temps. Il est en effet l’un des deux seuls journalistes américains à avoir interviewé Ben Laden. Son embauche par le FBI après les attaques du 11 septembre 2001 a été interprétée comme un symbole fort.
2- Le 13 février 1929, les hommes d’Al Capone déguisés en policiers assassinent dans un garage sept hommes d’une bande
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