FBI
l’interrogatoire, à la question de savoir s’il est sincère dans son désir d’aider les agents fédéraux, Griebl répond « oui » sans hésiter. La machine ne détecte aucune réaction. Turrou en déduit que l’espion allemand dit la vérité. Ravi de l’issue du test, il ordonne la libération de Griebl. Par la suite, il sera forcé de reconnaître qu’il a un peu baissé la garde. Le chef des espions allemands prend congé de l’agent du FBI. Nous sommes le 5 mai 1938. Cinq jours plus tard, Ignaz Theodor Griebl s’enfuit des États-Unis pour regagner l’Allemagne à bord du SS Bremen …
Quand s’ouvre le procès du réseau, quatorze des dix-huit inculpés ont trouvé refuge en Allemagne. Sans doute pour se justifier, Leon Turrou organise des fuites dans la presse et finit par signer une série d’articles qui donnent lieu à un livre : Nazi Spies in America 5. Mais il n’a pas demandé l’autorisation : J. Edgar Hoover le renvoie du FBI. L’affaire Purvis recommence ! Le directeur du FBI est à nouveau trahi par un de ses protégés, désireux de tirer à lui toute la couverture médiatique.
J. Edgar Hoover n’a rien pu faire contre l’éclosion des clubs Junior G-men de Purvis. Cette fois, il a les moyens d’agir : il poursuit l’éditeur de Leon Turrou et obtient même une injonction temporaire de suspendre la publication du livre. Mais l’injonction est levée en appel. Le livre est un succès de librairie et Hollywood s’en empare, ce qui ne fait qu’augmenter le ressentiment de Hoover.
La Warner confie au réalisateur Anatole Litvak le soin de porter à l’écran l’œuvre de Leon Turrou sous le titre Confession d’un espion nazi , avec en vedette Edward J. Robinson, ami de J. Edgar Hoover. Le directeur du FBI tente d’arrêter le tournage. Mais il ne peut stopper la machine hollywoodienne. Avant même sa sortie, le film est un événement. De crainte de sabotages, la sécurité sur le tournage est renforcée. Des stars d’Hollywood (on parle d’Anna Sten et, plus surprenant, de Marlene Dietrich) refusent des rôles par peur de représailles sur leurs parents restés en Europe. Une caméra manque de s’effondrer sur Anatole Litvak. La production crie à l’attentat.
Dans l’impossibilité de faire interdire le film, J. Edgar Hoover fait pression sur la Warner. Le 3 juillet 1939, à la veille de la sortie de Confession of a Nazi Spy , le studio fait disparaître le nom de Leon Turrou de ses campagnes de publicité. Les avocats de la major informent toutes les salles de cinéma qu’elles n’ont pas le droit de faire savoir que le film se fonde sur le livre de l’ancien agent du FBI. Leon Turrou figure au générique, mais en tant que conseiller technique. Interdit dans une vingtaine de pays, dont l’Allemagne, le Japon et dix-huit États d’Amérique latine, le film est un triomphe. J. Edgar Hoover vient de perdre une importante bataille publicitaire. Il va rapidement prendre sa revanche, grâce à la Mafia.
L’affaire Buchalter
À la fin des années 1930, le procureur de l’État de New York, Thomas Dewey, déclare la guerre aux cinq familles de la Mafia qui règnent sur la ville. Après Lucky Luciano, tombé pour prostitution, sa cible principale, Louis Lepke Buchalter, est un gangster juif riche à milliards.
À l’époque, Louis Lepke Buchalter occupe un luxueux appartement au cœur de Manhattan. Il mène grand train et dispose d’un chauffeur, de femmes de ménage et de valets de chambre. Il passe ses hivers entre la Floride, la Californie et Hot Springs, véritable paradis pour truands de haut vol. Louis Buchalter, dit Lepke, « Petit Louis » en yiddish, a bâti sa fortune en moins de dix ans. Protégé du parrain juif Arnold Rosthein, il vend au début des années 1920 sa « protection » au syndicat new-yorkais des tailleurs, qu’il ne tarde pas à contrôler. Puis il rackette le syndicat des transporteurs de la boulangerie, et touche un cent sur chaque miche de pain livrée. Ensuite, il étend sa protection à tous les autres syndicats. Chaque année, ses rackets lui rapportent 10 millions de dollars. Il est désormais l’égal des parrains mafieux qui contrôlent la ville.
Au début des années 1930, les principaux chefs de la Mafia, Meyer Lansky, Frank Costello, Lucky Luciano, Dutch Schultz et Bugsy Siegel, lui confient la direction d’un syndicat d’un genre très particulier : la Société anonyme d’assassinat, ou
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