FBI
à un distributeur, en pleine rue, il est braqué par un petit voyou qui brandit une arme à feu. Jack Danahy ne se laisse pas impressionner. Lui aussi est armé. Comme on le lui a appris à Quantico, il dégaine et tire. L’homme est touché, mais parvient à s’enfuir. Danahy le poursuit. Il n’a pas à aller très loin : le truand s’effondre au milieu de la chaussée, raide mort.
Quelque temps plus tard, rebelote : le retraité du FBI fait face à un déséquilibré qui ne cache pas son intention de jouer du couteau. Faisant un pas en arrière, Danahy joue les vieillards fragiles et tremblants, avant de dégainer et d’ouvrir le feu. Les réflexes sont toujours bons : Danahy fait mouche une seconde fois ; l’homme est blessé.
Légitime défense, concluent par deux fois le shérif et le procureur.
Jack Danahy est depuis lors retourné à ses souvenirs dans sa maison de banlieue années 1950, trop exiguë depuis qu’il la partage avec deux de ses fils, revenus y vivre pour cause de chômage et de divorce. Écoulant les meubles qui l’encombrent auprès des passants lors de garage sales (équivalent américain de nos vide-greniers), le vieillard entend se débarrasser de tout, sauf du nécessaire et des précieux dossiers où dort un quart de siècle d’histoire américaine…
Pour Jack Danahy, tout commence avec l’entrée en guerre des États-Unis, au lendemain de l’attaque de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941. Il a le choix entre s’engager dans l’armée ou rejoindre le FBI. Il sera agent fédéral. À l’époque, on compte 1 596 Agents spéciaux ; l’année suivante, ils seront 2 987 et, à la fin de la guerre, 4 370. Pendant les hostilités, les employés du Bureau sont exemptés de service militaire.
Jack Danahy est nommé à Boston quelques mois après sa sortie de l’école du FBI ; il doit enquêter sur les agissements suspects d’un quidam qui se rend trop souvent à New York au gré du FBI. Nous sommes au début de 1942, l’Amérique vit dans la psychose des saboteurs ou des espions nazis. New York est alors la plaque tournante des réseaux nazis en Amérique. Danahy, chargé de la filature, connaît la ville comme sa poche. Pour s’y rendre, le suspect prend le bus – Danahy aussi. Au premier voyage, l’homme s’assoit même à côté de lui. Chemin faisant, on discute, on se confie. L’agent du FBI apprend la raison des fréquents voyages de son compagnon : une aventure avec une femme mariée. Voilà une affaire rondement menée…
Ce n’est qu’un hors-d’œuvre. Le plat de résistance est servi dès son arrivée à New York, au printemps 1942. Par une étonnante coïncidence, Jack Danahy se trouve dans le bureau de son superviseur quand ce dernier reçoit un coup de fil du « Siège du Gouvernement » à Washington. L’appel concerne une affaire top secret qui ne va pas tarder à défrayer la chronique. Jack Danahy ne peut s’empêcher de sursauter quand son superviseur prononce un nom qui va bouleverser la vie du jeune agent du FBI et le propulser dans l’Histoire avec un grand H. Ce nom est celui de George Dasch !
Au soir du 13 juin 1942, un sous-marin allemand, le U-202 Innsbruck , fait surface au large de Long Island. Quatre hommes prennent place à bord d’une frêle embarcation qui se dirige vers les plages d’Amagansett. Ils ont revêtu des uniformes de la marine allemande, précaution censée leur éviter d’être fusillés comme espions en cas d’arrestation. Une fois débarqués, les quatre individus perdent un temps précieux à enterrer leur matériel et à se changer. Ils sont surpris par un jeune garde-côte qui patrouille sur la plage. Un des hommes est encore en caleçon.
Ce sont quatre saboteurs au service de l’Allemagne nazie. Leur mission, baptisée « Pastorius » en hommage au premier colon allemand en Amérique, consiste à mener une première vague d’attaques contre la production industrielle américaine2. Ils ont notamment pour cibles le barrage hydro-électrique de Niagara Falls, les écluses de l’Ohio River et des usines d’aluminium.
Les quatre saboteurs ont tous vécu aux États-Unis. Ils ont été recrutés par l’Abwehr parmi les Allemands qui ont choisi de rentrer dans l’Allemagne nazie. Un bref passage par les camps d’entraînement de l’Abwehr, où ils ont appris à faire sauter des ponts, des barrages, des usines, et les voici en route de la base sous-marine française de Lorient.
Weitere Kostenlose Bücher