FBI
capitale, Quito. La ville est en effervescence. Le président de la République, José Maria Velasco Ibarra, a des problèmes. Deux ans après son retour au pouvoir en 1944, « le glorieux rais de la révolution du 28 Mai » vacille : la colère gronde, les manifestations se succèdent, il fait donner la cavalerie contre les manifestants. Les rumeurs de coup d’État se multiplient. Le Président a besoin d’argent : le FBI va lui en fournir.
Dans les caves de l’ambassade américaine, Wallace Estill découvre des dizaines de jarres pleines d’une poudre grise qu’il connaît bien. C’est le platine confisqué aux contrebandiers nazis lors de son premier passage en Équateur, et mis hors de portée des convoitises de la police dans les locaux de l’ambassade. Informé de la présence de ces jarres, le Président exige leur restitution. Le représentant du FBI en Équateur s’exécute : les jarres sont remises en mains propres au chef de l’État dans son palais de Quito.
Ce sera l’une des dernières missions du Bureau en Équateur. La CIA s’apprête alors à prendre le relais. Wallace Estill en est chargé, avant de partir pour de nouvelles aventures. Quelques mois après son départ, José Maria Velasco Ibarra sera renversé par un coup d’État. Il se réfugiera en Argentine, où il préparera la contre-révolution. Estill apprendra la nouvelle en lisant Time Magazine . L’article s’interroge sur l’origine des finances de l’ex-Président, qui semble disposer de réserves illimitées de platine…
Hoover etTruman
Le 12 avril 1945, à 17 h 48, trois semaines avant la reddition de l’Allemagne et quatre mois avant celle du Japon, la Maison-Blanche annonce le décès du président Franklin Delano Roosevelt. Un obscur démocrate du Missouri, vice-président depuis trois mois, Harry S. Truman, lui succède. À la demande de J. Edgar Hoover, une véritable chasse à l’homme a lieu au « Siège du Gouvernement » afin de trouver un agent qui ait accès au nouveau Président. « Hoover espérait développer une relation personnelle avec Truman, écrit William Sullivan dans ses mémoires. Le choix de Hoover se porte sur Marion Childs III, un agent du FBI dont le père était un ami d’enfance du Président. Truman le connaissait depuis tout bébé, et cela convenait parfaitement (par la suite, Childs me dira qu’il ne voulait pas de cette mission, mais qu’il l’avait acceptée dans la mesure où son avenir au Bureau en dépendait). »
Quoique débordé par l’énormité du fardeau qui lui échoit, le nouveau Président trouve le temps de recevoir le rejeton de son ami d’enfance. Passé les premiers préliminaires, il lui demande ce qu’il peut faire pour lui.
« Je suis porteur d’un message de Monsieur Hoover ; il vous fait dire que le FBI est à votre disposition personnelle, et vous aidera dans votre tâche.
– Je vous en remercie, dit Truman, mais chaque fois que j’aurai besoin des services du FBI, je le ferai savoir par le truchement de mon Procureur général. »
J. Edgar Hoover prend la réponse du Président comme un camouflet personnel. « À compter de ce jour, sa haine envers Truman ne connaît plus de bornes », note William Sullivan.
Harry Truman nourrit des sentiments hostiles envers J. Edgar Hoover depuis sa prise de fonctions à la vice-présidence, le 20 janvier 1945, après le début du troisième mandat de Franklin Delano Roosevelt. « Truman voulait des dossiers du FBI, explique Cartha DeLoach, mais Hoover refusait de les lui fournir. Truman a été obligé de passer par le Procureur général pour les obtenir. À la mort de Roosevelt, quand il est devenu Président, Truman refusait systématiquement de lire les rapports du FBI, même les plus importants. Il les faisait lire par un de ses subordonnés. »
Dès lors, l’existence de Hoover s’épuise en un combat toujours recommencé contre Harry Truman. Dans cette lutte, il pense avoir une discrète alliée dans la franc-maçonnerie. Depuis son entrée en loge en 1921, il y a gravi un à un les échelons. Mais, en 1946, son ascension est bloquée à deux pas du sommet de la pyramide. À l’intérieur de la loge d’Alexandria, en Virginie, quelqu’un de très puissant l’empêche d’accéder au trente-troisième grade. Mais qui ? Louis Nichols, directeur adjoint chargé de la communication et des relations avec le Congrès, infiltre la loge d’Alexandria et démasque
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