FBI

événements : Jean-Paul Marie Cavaillez se rendant à la messe tous les dimanches, les agents du FBI s’arrangent pour que Dieudonné Costes aille communier à ses côtés. Les deux hommes se reconnaissent. Les vacances sont finies.
    Commence alors une étrange partie de cache-cache entre les responsables de « Cocase », l’agent double Costes et son radio Cavaillez. Avant de pouvoir émettre, Cavaillez doit se procurer un émetteur radio. Costes lui présente l’homme susceptible de l’aider : c’est Bob Maheu, alias Robert Marchand, le roi du marché noir, qui se fait fort de lui procurer le matériel nécessaire à la construction d’un émetteur. En attendant, Bob Maheu installe Costes et Cavaillez dans une villa de Long Island censée être la résidence d’été d’un de ses amis industriel. Elle est parfaitement située sur la côte. Jean-Paul Marie Cavaillez s’y sent comme chez lui.
    « Nous ne voulions pas que Cavaillez ait sa radio avant d’être prêts, explique Bob Maheu ; alors je n’arrêtais pas d’inventer des histoires, lui disant que je n’arrivais pas à avoir les pièces indispensables. Pendant ce temps, Costes et moi continuions d’envoyer aux Allemands, par la poste, des messages aisément vérifiables mais inoffensifs sur des mouvements de troupes, afin de maintenir notre crédibilité sans nuire à l’effort de guerre. Nous avons fait en sorte qu’on ait l’impression que Costes tenait directement ses informations du Pentagone. »
    Ainsi, Bob Maheu et Dieudonné Cortes peuvent se rendre régulièrement à Washington pour mettre au point la suite de l’opération.
    Pendant ce temps, en Grande-Bretagne, les troupes alliées se préparent à débarquer en Normandie afin de partir à l’assaut de la forteresse nazie. L’imminence du débarquement ne pouvant plus être cachée, en raison de la concentration de troupes sur les côtes anglaises, à la fin de 1943, l’état-major suprême allié (Supreme Headquarters Allied Expeditionary Forces – SHAEF) brouille les pistes : il lance l’opération « Fortitude » afin de protéger les lieu et date du débarquement allié sur les côtes françaises. « Fortitude » repose sur la création d’unités fantômes, sur des fuites et des manœuvres de désinformation soigneusement orchestrées, et sur l’utilisation d’agents doubles chargés de dépister les services secrets allemands. Gérés par le comité Double Cross de J. Edgar Hoover, les agents doubles britanniques jouent un rôle essentiel dans l’opération « Fortitude ». Le meilleur d’entre eux n’est autre que Tricycle, Dusko Popov, le play-boy qui a tenté en vain de prévenir J. Edgar Hoover de l’imminence de l’attaque japonaise sur Pearl Harbor.
    L’opération « Fortitude » est divisée en deux branches : Fortitude-Nord est chargée de conforter l’hypothèse émise par le haut commandement allemand d’un débarquement allié en Norvège ; Fortitude-Sud milite pour un lieu plus conforme à la logique : le pas de Calais. « Cocase » est une de ses sous-opérations. À la fin de mai 1944, les responsables de « Cocase » donnent leur feu vert à Bob Maheu, qui procure enfin à Jean-Paul Marie Cavaillez les pièces qui lui faisaient défaut. Peu après, l’agent du FBI remet à Dieudonné Costes un message qualifié d’urgent, concernant l’imminence d’un débarquement allié dans le pas de Calais.
    Jean-Paul Marie Cavaillez est arrêté peu après sa première et unique transmission radio. L’opération « Cocase » se termine. Après avoir été payé par le FBI, Dieudonné Costes rentrera en France à la fin de la guerre. Accusé d’intelligence avec l’ennemi, l’aviateur sera alors écroué à la prison de Fresnes où il restera vingt mois, avant d’être acquitté le 17 mars 1949.
    Bob Maheu n’a plus jamais entendu parler des deux hommes. « Je pouvais travailler avec Costes, dit Bob, mais je n’avais pas de respect pour lui. À l’inverse, je n’aurais jamais pu travailler avec Cavaillez, mais je le respectais. »
    La fin du SIS
     
    La fin de la guerre surprend Wallace F. Estill à l’ambassade américaine à Managua, où il vient d’être affecté. À la plus grande satisfaction des Américains, le pays est dirigé d’une main de fer par un dictateur, Anastasio Somoza Garcia. La plupart des hauts gradés de son armée sont d’anciens marines américains, presque tous mariés à des