FBI
années 1930 la « Commission », le gouvernement de la Mafia. Luciano, Lansky et Siegel organisent le crime, et Costello les protections. Son influence auprès des politiciens, des juges et des policiers est telle qu’elle lui vaut le surnom de « Premier ministre de la Mafia ».
Depuis la fin de la guerre, Frank Costello a renforcé ses positions. Le chef de sa famille, Vito Genovese, s’est réfugié en Italie afin d’éviter d’être arrêté pour meurtre. Officiellement, il est employé comme interprète par l’armée américaine ; en fait, il dirige une importante organisation de marché noir avec le chef de la mafia sicilienne. Profitant de l’absence de Genovese, Costello a pris les rênes de la famille Luciano et entend bien ne pas les lâcher de sitôt. Il est entré dans l’affaire du Flamingo à la demande de son ami Meyer Lansky. Mais, en ce mois d’octobre 1946, il s’en mord les doigts.
Costello a l’habitude de régler ses affaires dans deux hauts lieux de la vie new-yorkaise : il se rend tous les matins au Waldorf Astoria, où il est possible de le rencontrer chez son barbier, au stand du cireur de chaussures, dans le tea-room, au bar, au restaurant, voire dans le lobby ; en revanche, le soir, il mène ses affaires dans la plus en vue des boîtes de nuit new-yorkaises, le Storke Club. C’est là qu’il a convoqué Benjamin Bugsy Siegel pour qu’il s’explique sur le gouffre financier qu’est devenu le Flamingo.
Prévenus de la rencontre, Jack Danahy, Robert Maheu et d’autres agents du FBI ont envahi le Club. Ils repèrent Frank Costello au bar, en compagnie d’un homme à la mine patibulaire. Bugsy Siegel arrive peu après 18 heures. Il rejoint les deux hommes, les embrasse avant de s’attabler avec l’interlocuteur de Costello. Pendant ce temps, celui-ci règle ses affaires en passant d’une table à l’autre, s’y asseyant et discutant. De temps à autre, des jeunes gens tirés à quatre épingles viennent prendre ses ordres, s’éloignent pour passer des coups de téléphone, puis reviennent rendre compte. Quand Bugsy Siegel en a fini avec son interlocuteur, il rejoint Frank Costello. Leur conversation est brève : un quart d’heure à peine. Jack Danahy a l’impression que les deux hommes finalisent une affaire. Il n’a pas tort. Sous les yeux de l’agent du FBI, Siegel vient d’obtenir de la mafia new-yorkaise un prêt de 1,5 million de dollars pour poursuivre les travaux du Flamingo. Mais le budget risque encore d’exploser et la Mafia commence à se poser des questions.
De retour à Las Vegas, Bugsy Siegel se démène comme un beau diable afin que tout soit prêt pour la soirée d’inauguration du Flamingo, prévue pour le 26 décembre 1946. Les agents du bureau de New York s’apprêtent à passer des fêtes de fin d’année tranquilles. Frank Costello s’est envolé pour Cuba, via Miami. Les parrains américains sont comme chez eux à Cuba : ils ont massivement investi dans l’industrie des jeux et du sexe, sans que personne y trouve rien à redire. Ils ont acheté toutes les protections qui pouvaient l’être, à commencer par celle du dictateur Fulgencio Batista et de son chef de la police, Benito Herrera, qui a pourtant fait ses classes à l’école du FBI de Quantico.
Si le FBI avait disposé alors d’une structure centrale de lutte anti-Mafia, il se serait aperçu que Frank Costello n’était pas le seul à se rendre à Cuba en cette fin d’année 1946. Venus des quatre coins des États-Unis, les parrains organisent fêtes après fêtes dans leurs casinos, convient leurs épouses et leurs proches à venir écouter un chanteur ami des Familles, Frank Sinatra. La future star est arrivée dans l’île en compagnie de trois cousins d’Al Capone, les frères Charlie, Rocco et Joe Fish Fiscetti. Son garde du corps, Joe Fish Fiscetti, a emporté deux millions de dollars destinés à Charles Lucania, dit Lucky Luciano, le chef de la mafia italo-américaine qui vient de débarquer tranquillement sur l’île alors qu’il est recherché par les polices de trois continents.
Le représentant du FBI à La Havane (Legal Attaché ou Legat) apprend la présence de Lucky Luciano à Cuba. Il en informe J. Edgar Hoover, qui lui fait parvenir une « note blanche » consacrée aux derniers démêlés judiciaires du parrain. Emprisonné à New York avant la guerre pour faits de proxénétisme, Lucky Luciano a demandé, le 8 février 1943,
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