FBI
mafieux d’Appalachin – L’Entreprise, ou la multinationale des héritiers d’Al Capone – Où il est question des rapports entre J. Edgar Hoover et les Kennedy – Des Kennedy et de la Mafia – À propos d’un mythe urbain : la Mafia et Gay Edgar Hoover – Dans lequel on revoit Bob Maheu, la Mafia et la CIA – Où Jack Danahy retrouve Joe Valacchi – JFK, un caillou dans la chaussure du parrain…
Opération « Capga »
Le lundi 24 juin 1946, une voiture attend aux feux du carrefour de State Street et Pershing Avenue, à Chicago. À son bord, un riche homme d’affaires de soixante-cinq ans qui s’appelle James Ragen. C’est le propriétaire de Nationwide News Service, une agence télégraphique qui donne avec un très léger différé les résultats des courses aux officines de pari mutuel dans 223 villes des États-Unis, du Canada, du Mexique et de Cuba. Il a pour clients pratiquement tous les bookmakers légaux et clandestins d’Amérique du Nord. Nationwide News Service a exercé un monopole pendant près de vingt ans1. Mais trois malfrats ont lancé en Californie une agence concurrente, Trans-America Wire, puis proposent à James Ragen de la racheter. Ce sont des hommes de paille derrière lesquels se profile l’ombre inquiétante d’anciens associés du roi de la pègre de Chicago, Al Capone. Les jours de Ragen sont comptés. Prenant peur, il s’en est allé au FBI tout raconter de ce qu’il connaît de la mafia de Chicago. Et il en sait long. Ragen a réclamé la protection du Bureau. Mais, après avoir recueilli ses confidences, le FBI l’a renvoyé chez lui sans protection. « Nous ne sommes pas une agence de gardes du corps », aimait à répéter J. Edgar Hoover. Pis : un fonctionnaire du Département de la Justice a prévenu les hommes de la Mafia que James Ragen les avait balancés aux fédéraux.
C’est un homme effrayé qui attend au feu rouge de State Street. Il a aussi envisagé de se placer sous la protection de la police municipale. Mais autant demander la protection des amis d’Al Capone ! Il a dès lors embauché des gardes du corps qui le suivent à bord d’une voiture.
Un camion bâché, chargé de caisses d’oranges, s’arrête à sa hauteur. La bâche se soulève. Deux coups de feu claquent. L’homme s’effondre au volant, blessé à l’épaule et au bras. Le camion s’éloigne sans que les gardes du corps de Ragen aient eu le temps d’intervenir.
James Ragen est transporté d’urgence à l’hôpital. Placé sous tente à oxygène, il subit dix transfusions. Et s’en sort. Un miracle, de l’avis des médecins ! Mais le 14 août 1946, vers 4 heures du matin, il est pris de violentes convulsions et décède peu après. L’autopsie révèle des traces de mercure dans son sang. James Ragen a été empoisonné alors qu’un policier était posté devant sa chambre. Par la suite, quatre témoins identifient formellement les tueurs de Ragen : la piste conduit à un ancien garçon de courses d’Al Capone, Jack Ruby, qui passera dans l’histoire pour avoir assassiné Lee Harvey Oswald2, l’assassin présumé de John Fitzgerald Kennedy. Le premier témoin est assassiné, le deuxième disparaît, les deux autres se rétractent. Les tueurs ne seront jamais jugés.
Le célèbre journaliste Drew Pearson s’empare de l’affaire. Dans son émission de radio dominicale du 30 juin 1946, il affirme que l’exécution de James Ragen a été décidée au cours d’une réunion au sommet des parrains du pays, le 19 juin à New York, à l’issue du match de boxe opposant Joe Louis à Bill Conn pour le titre de champion du monde des poids lourds. Pearson précise que les tueurs sont originaires de Chicago. Il dénonce leurs commanditaires. Parmi eux, Benjamin Bugsy Siegel. J. Edgar Hoover ne peut plus rester les bras croisés.
Bugsy Siegel est une vieille connaissance du directeur du FBI. C’est un des membres fondateurs de Murder Inc., le syndicat du crime qui a tant fait couler de sang dans les rues de New York, et d’encre dans les journaux. Bras armé de la « Commission », le gouvernement de la Mafia, Murder Inc. a été constituée par des poids lourds du crime organisé : Frank Costello, Meyer Lansky, Lucky Luciano et Benjamin Bugsy Siegel. Son tableau de chasse : 700 assassinats en dix ans. On se souvient que Murder Inc. a permis à J. Edgar Hoover d’entrer dans la légende à la suite de l’arrestation de son principal
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