FBI
l’interrompt. Il est très en colère :
« Ah, c’est vous, Hosty, l’agent du FBI qui persécute ma femme ! Ma femme Marina est une citoyenne russe qui réside légalement dans notre pays, elle est protégée par les lois diplomatiques contre le harcèlement du FBI. Le FBI, c’est pas mieux que la Gestapo. Si vous vouliez me parler, il fallait venir me voir, moi, pas ma femme ! »
Lee Harvey Oswald ajoute :
« En plus, vous n’avez jamais répondu à mon mot. »
James Hosty comprend alors qu’Oswald est l’auteur d’une lettre anonyme qu’il a reçue il y a dix jours de cela.
Le capitaine Fritz tente de faire retomber la fièvre. Si Oswald ne se calme pas, il n’y aura pas d’interrogatoire possible. Il parle doucement au tueur, sans rien comprendre de ce qui vient de se passer. Il ne se doute pas que Lee Harvey Oswald n’est pas un client comme les autres…
L’enquête de James Hosty
En 1959, après avoir fait son service militaire dans les marines, Lee Harvey Oswald se « réfugie » en Union soviétique. Deux ans plus tard, il est de retour aux États-Unis, accompagné de Marina, une jeune soviétique qu’il vient d’épouser. Lee Harvey rejoint sa famille à Forth Worth, puis s’installe dans la ville voisine de Dallas. Son séjour en Union soviétique attire l’attention d’un agent du FBI basé à Forth Worth, John Fain, qui l’interroge par deux fois. Oswald endort sa méfiance. L’agent du FBI classe le dossier avant de partir à la retraite en octobre 1962, en pleine crise des missiles de Cuba.
James Hosty hérite des dossiers de John Fain. Il vient d’effectuer un stage de contre-espionnage ; ses instructeurs l’ont sensibilisé à la présence d’« agents dormants » soviétiques susceptibles d’être « activés » selon les besoins. Il s’agit souvent d’immigrants, jeunes et instruits. Tout le portrait de Marina Oswald. Hosty demande l’autorisation à son superviseur d’enquêter sur Marina Oswald. Ken Howe refuse, jugeant le dossier trop maigre. Hosty insiste ; Howe cède, mais ordonne à son agent d’attendre six mois avant de bouger.
La curiosité de James Hosty redouble quand il lit dans un mémo du bureau de New York que Lee Harvey est abonné à un journal communiste, The Daily Worker . Il en conclut qu’Oswald a menti à son collègue en affirmant avoir quitté l’Union soviétique parce qu’il ne croyait plus en la cause communiste. Normalement, Lee Harvey Oswald aurait dû être inscrit d’office sur la liste des personnes à arrêter d’urgence en cas de conflit. Une telle inscription entraîne automatiquement une surveillance renforcée. Ce qui ne sera jamais fait.
En mai 1963, James Hosty se rend au dernier domicile connu des époux Oswald. Il est vide. Trois semaines plus tard, il reçoit un mémo du bureau de New York concernant une organisation pro-castriste américaine, le comité « Fair play pour Cuba ». Le FBI tient d’un informateur que ledit comité vient d’ouvrir à La Nouvelle-Orléans une antenne dont le président n’est autre que Lee Harvey Oswald. Le bureau de La Nouvelle-Orléans est chargé de l’affaire : James Hosty communique ses dossiers à Milton Kaack, l’Agent special qui a hérité là-bas de Lee Harvey et Marina Oswald. Un second agent de La Nouvelle-Orléans, Warren Debrueys, vient en renfort. Mais la branche du comité « Fair-play pour Cuba » de La Nouvelle-Orléans a pour seul et unique membre Lee Harvey Oswald ! Deux agents pour un seul homme, c’est un peu beaucoup, se dit James Hosty. Ce n’est pas la seule anomalie dans cette histoire : Lee Harvey Oswald est arrêté dans une rue de La Nouvelle-Orléans, le 9 août 1963, après s’être battu avec des passants lors d’une distribution de tracts du comité « Fair-play pour Cuba ». Il demande à parler à quelqu’un du FBI. Le bureau lui envoie le seul homme disponible : c’est un agent spécialisé dans les affaires criminelles, qui n’a aucune expérience en matière de contre-espionnage et ne connaît rien du dossier. L’entretien tourne court, et nul ne saura jamais pourquoi Lee Harvey Oswald voulait parler au FBI. Oswald est libéré peu après et se fait oublier.
Trois mois plus tard, le bureau de La Nouvelle-Orléans informe James Hosty de la disparition des époux Oswald. Une femme parlant russe, circulant à bord d’une voiture de type break immatriculée au Texas, est venue chercher Marina.
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