FBI

en vigueur à Mexico. Si j’avais interrogé Lee sur ses visites aux consulats cubain et soviétique, il en aurait appris plus qu’il ne m’en aurait dit. » Mais, le 22 novembre, James Hosty, qui a enfin reçu le dossier de La Nouvelle-Orléans, va pouvoir interroger Lee Harvey Oswald sur son voyage au Mexique. L’agent du FBI sent que le séjour d’Oswald est un événement clef pour comprendre l’assassinat du président Kennedy. « C’est, dit-il, le talon d’Achille d’Oswald. »
    Avant d’interroger Oswald, James Hosty laisse néanmoins le capitaine Fritz poser les premières questions. Au bout d’une dizaine de minutes, n’aboutissant à rien, Fritz se tourne vers Hosty et lui demande s’il a des questions à poser. James Hosty a une carte maîtresse en main grâce aux deux mémos du FBI sur les contacts soviétiques de Lee Harvey Oswald à Mexico : celui qui cite le rapport de la CIA du 18 octobre 1963 concernant la rencontre entre Oswald et V.V. Kostikov, vice-consul à l’ambassade soviétique à Mexico ; et celui qu’il vient de lire, qui fait état de la lettre de Lee Harvey à l’ambassade soviétique à Washington à propos de ses contacts avec ladite ambassade soviétique à Mexico.
    « Capitaine, demandez-lui s’il a déjà été à Mexico.
    – Bien sûr que j’ai déjà été au Mexique, répond Oswald. Quand j’étais dans les marines, j’étais basé à San Diego et, avec des potes, on descendait souvent à Tijuna.
    – Je ne vous ai pas demandé si vous avez été au Mexique, mais à Mexico.
    – Pourquoi pensez-vous que j’aie jamais été à Mexico ? Je n’y suis jamais allé. »
    Oswald secoue la tête, il transpire. James Hosty a l’impression d’avoir « touché un nerf ». Lee Harvey est déstabilisé. À ce moment, la porte de la salle s’ouvre sur un policier qui dit :
    « Tout est prêt pour la reconnaissance. Les témoins sont arrivés, capitaine. »
    Alors, à la stupeur de l’agent du FBI, le capitaine de police interrompt l’interrogatoire de Lee Harvey Oswald à l’instant le plus crucial. Hosty suit les policiers et Oswald jusqu’à la pièce où a lieu la reconnaissance. Il voit deux témoins de l’assassinat de l’agent de police Tippit identifier Lee Harvey Oswald au milieu d’une dizaine de personnes.
    Alors qu’il est dans le couloir, James Hosty est intercepté par un de ses collègues du FBI, Harlan Brown :
    « Hosty, je te cherchais. Tu ne dois pas retourner dans la salle d’interrogatoire. Tu ne dois communiquer aucune de nos informations sur Oswald à la police. C’est un ordre d’en haut. Tu comprends ? »
    Non, James Hosty ne comprend pas. Cela va à l’encontre des instructions d’Al Belmont. Qui est à l’origine de ce contrordre ? Comment expliquer ce revirement ? Qu’y a-t-il de si secret dans le dossier Oswald ? Hosty ne voit qu’une chose : les deux mémos du FBI concernant les contacts de Lee Harvey Oswald avec des diplomates soviétiques à Mexico.
    Hosty croise alors Forest Sorrells, le responsable de l’antenne de Dallas du Secret Service, qui est avec un de ses agents. Forest Sorrells, à deux doigts de la retraite, est hagard. Ses cheveux sont ébouriffés, ses épaules affaissées, ses vêtements froissés. L’angoisse se lit sur le visage de cet homme qui était chargé d’assurer la sécurité du président Kennedy. James Hosty va vers lui et l’entraîne dans un coin. L’agent qui accompagne Sorrells s’approche discrètement pour écouter leur conversation. Hosty veut mettre Sorrells sur la piste mexicaine :
    « Monsieur Sorrells, je ne peux pas vous raconter toute l’histoire, mais dites à votre quartier général de contacter notre quartier général. Nous avons deux documents secrets sur les contacts d’Oswald. Je pense que vous devriez aussi les avoir… »
    Avant de repartir, Sorrells bredouille qu’il fera ce que Hosty lui suggère. Sans le savoir, l’agent du FBI vient d’allumer la mèche d’une bombe qui explosera quelques années plus tard.
    James Hosty décide de rester afin d’en apprendre un peu plus long. Il part à la recherche des affaires personnelles d’Oswald. Elles sont sur le bureau du numéro deux du commissariat. Hosty s’installe, sort son bloc-notes et commence à feuilleter le carnet d’adresses du tueur. Il prend des notes. Au bout de quelques minutes, il s’arrête, interloqué. Il vient de tomber sur son nom, mal orthographié (Hasty),