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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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balance commerciale est équilibrée. Les gains en devises passent en un an de huit cents millions à plus de deux milliards de dollars. On desserre la vis de la consommation.
    Le vice-Premier ministre Carlos Rafael Rodríguez, officieux numéro 3 du régime, se met à courir le monde en quête d’équipements modernes. À Paris, début 1975, il est reçu avec les honneurs par le Premier ministre Jacques Chirac, qui lui accorde sept milliards et demi de francs de crédits sur deux ans pour faciliter l’achat d’usines clés en main et de matériel français. Une Commission mixte est établie. C’est dans cetteatmosphère qu’est adopté le premier Plan : Rodríguez annonce de douze à quinze milliards de dollars d’investissements pour le quinquennat 1976-1980. Ces chiffres laissent augurer une croissance de 6 % l’an. Tous ceux qui, à Cuba et ailleurs, n’aiment pas le castrisme vont nommer « le quinquennat gris » cette période de « soviétisation » qui va de l’échec de la
zafra
de 1970 à la reprise des aventures « internationalistes » en 1975. Pour les Cubains, au contraire, ce fut une rare période de relative euphorie économique depuis 1959.
    Las ! la conjoncture va se retourner et, en quelques mois, les cours du sucre chuteront des trois quarts. Aussi, dès le 26 juillet 1975, Castro pourra-t-il annoncer que « les prochaines années seront difficiles ». L’économie, il est vrai, sera loin d’être la seule cause de ces difficultés.

9
L ES CAMPAGNES D’ A FRIQUE
 (
1975-1979
)
    Je te remercie, Lénine.
    Fidel Castro, 28 avril 1963
    C’est donc comme s’achève la brève euphorie du milieu des années 1970 qu’a lieu, fin 1975, le I er Congrès du PCC. Surtout, l’événement survient alors que le pays est engagé depuis quarante jours dans une guerre à dix mille kilomètres de chez lui, en Angola. Mais les Cubains n’en savent encore rien ! Bien sûr, ils n’ignoraient pas tout car ils sont familiers de l’écoute des radios de Miami – ne serait-ce que pour entendre les résultats des équipes américaines de
base-ball
que, « faute de place », la presse nationale ne publie pas, alors que les insulaires sont fanatiques de ce sport. En outre, malgré les consignes, certains « volontaires » ont bien dû glisser quelques mots à une fiancée. La ville bruit donc de folles rumeurs.
    Dans une capitale repeinte et aux pelouses tondues comme jamais après trois lustres d’abandon, le congrès s’ouvre le 17 décembre au théâtre Karl-Marx. Aux trois mille cent trente-six délégués et aux invités venus de quatre-vingt-six pays (le Soviétique Souslov, le Hongrois Kádár, le Bulgare Jivkov, le Français Marchais, le Portugais Cunhal…), Castro assène un discours de onze heures, détaillant ses réalisations en un flot de statistiques qui n’épargnent ni le nombre des ponts ni les variations de l’indice de ponte des poules. Il ne manque même pas une pincée d’autocritique : nous avons marqué trop « d’autosatisfaction », de « mépris envers les autres ». « Si nous avions été plus humbles », que d’erreurs auraient été évitées. Mais il nuance : « Sans un peu de rêve et d’utopie il n’y a pas de révolutionnaires. »
    Passant à la politique étrangère, Fidel délivre l’attaque attendue contre « l’impérialisme yankee ». Il détaille vingt-quatretentatives de la CIA répertoriées par ses services en vue de l’assassiner : la publication, un mois plus tôt, du rapport du sénateur américain Frank Church sur ce sujet lui est une inattendue confirmation. Il exhorte le président Gerald Ford à s’excuser. Il manque cependant une pièce au discours : l’Angola. Après une référence cryptique aux « devoirs internationalistes », le congrès entre en huis clos.
    Le 22 décembre seulement, Fidel dira tout : « Nous aidons l’Angola, et nous continuerons à aider l’Angola. » Les trois mille délégués se lèvent alors et battent des mains, scandant « An-go-la, An-go-la… ». Le
Lider
refait alors l’histoire de l’implication de Cuba en Afrique. Dès 1961, sa diplomatie et ses conseillers militaires et civils ont entrepris un patient travail. La Révolution a notamment accueilli chez elle maints cadres du « continent noir » qui, après des études dans l’île, sont repartis galvanisés. Des liens ont été créés avec les mouvements de libération des colonies lusophones, et singulièrement auprès d’Amilcar Cabral, en

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