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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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après les États-Unis. Haig tente de convaincre son interlocuteur que ses puits de pétrole seront la prochaine cible de la subversion. Rien n’y fait : « Le Mexique ne laissera personne s’en prendre à Cuba », déclare son président le 1 er mars. Sollicité, tout comme le Canada et le Venezuela, pour participer à une sorte de « mini-plan Marshall » pour les Caraïbes (Initiative pour le bassin des Caraïbes ou CBI), Mexico fait connaître à Washington qu’il n’en sera membre que si Cuba n’en est pas exclue. D’autres pays n’offrent pas la même résistance. Ainsi la Colombie, la Jamaïque puis le Costa Rica rompent-ils avec Cuba. Le Pérou l’avait déjà fait en 1980, alléguant une aide de La Havane au lancement de la guérilla du Sentier lumineux. Et, le 2 août 1981, le général Torrijos, homme fort de Panama et ardent ami de Castro, meurt dans un accident d’avion…
    Pour toutes ces raisons, Cuba est, en 1981, dans une position difficile. Pourtant, même les pays qui ont un contentieux avec La Havane sont hostiles à une intervention militaire américaine. Car le castrisme n’inquiète plus : il fait partie du paysage continental. Il n’est plus une référence que pour de tout petits pays, centraméricains ou insulaires. Et, en toute hypothèse, le Sud ne veut pas donner de prétexte à un retour du « gros bâton » américain.
    À l’automne 1981, toutefois, Washington semble avoir choisi la force, et que ses alliés aillent au diable ! Des manœuvres militaires débutent. Elles associent aux États-Unis le Honduras, petit pays devenu, depuis 1979, un « porte-avions yankee ». « Il n’est pas question pour Castro de se mêler des affaires des autres pays latino-américains », assure le vice-président Bush ; le
Lider
le traite de « crétin hystérique et fasciste ». Cuba mobilise jusqu’à ses ultimes réserves. La tension est à son comble. Moscou a livré soixante mille tonnes d’armes sophistiquées depuis le printemps – son plus colossal effort depuis 1962. Dans l’île, on croit la Troisième Guerre mondiale imminente. Or, Ronald Reagan, le 10 novembre, annonce qu’il n’y aura pas d’intervention armée. Que s’est-il passé ? Un vif débat a eu lieu au sein d’une équipe présidentielle divisée, et les « faucons » ont perdu. Car les sondages et la presse ont révélé que l’opinion américaine est hostile à une action de force : le « syndromeviêtnamien » persiste. Le républicain se trompait en croyant avoir été élu sur un programme musclé. Le 23 novembre, une rencontre secrète à Mexico entre Alexander Haig et Carlos Rafael Rodríguez met un point final à la guerre des nerfs. Castro avait, peu avant, déclaré qu’un accord avec Moscou lui interdisait de rétrocéder des armes soviétiques à des pays tiers. Le
Lider
accepte donc, lui aussi, le profil bas. Mais Reagan n’aura pas été le tombeur de Fidel : la démonstration de force n’aura pas été plus efficace que les cajoleries de Carter, les bonnes grâces de Ford, la tentative d’étranglement économique de Nixon, le parti pris de déstabilisation de Johnson, le choix des armes en retour de Kennedy ou le
benign neglect
d’Eisenhower…
    Exclu, en principe, le recours à la force, la politique américaine envers Cuba n’en restera pas moins très hostile durant les années Reagan. Le président républicain a, en effet, décidé d’essayer « toutes les options », selon le mot du sous-secrétaire d’État Enders. Souffler en permanence le chaud puis le froid dans l’espoir que le
Lider
commettra l’erreur qui permettrait de l’attaquer avec l’aval de l’opinion, tel et le but. Mais Castro est, à cinquante-cinq ans, après vingt ans de pouvoir, plus aguerri que Reagan.
    L’une des méthodes utilisées par Reagan sera de « refuser toute légitimité » internationale à Cuba. C’est eux ou nous : la formule devient un
leitmotiv
du mandat. Ainsi les États-Unis menacent-ils, en octobre 1981, de boycotter la conférence Nord-Sud de Cancún (où la France de François Mitterrand s’essaie à une diplomatie plus « tiers-mondiste ») si Castro en est. La mort dans l’âme, le président cubain des non-alignés accepte, à la demande embarrassée de Lopez Portillo, de renoncer à venir.
    Washington s’efforcera aussi de mettre à quai l’économie insulaire. Dans son optique, ce choix est judicieux car l’île est dans une nouvelle phase difficile : elle doit demander

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