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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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Fidel sur les mouvements de gauche est redevenue forte, au moins dans l’environnement immédiat. En 1975, une conférence à La Havane des partis communistes d’Amérique avait entériné la réconciliation du PCC avec ses homologues, après que leur relation eut été mise à mal par l’Olas en 1966. En 1980, à nouveau, Fidel appuie la tenue « quelque part en Amérique centrale » (au Nicaragua) d’une conférence communiste. Mais, redevenu, à cette occasion, le fringant
comandante en jefe
des années 1960, il martèle que la « voie pacifique » vers la Révolution est plus sanglante que la « lutte armée », comme cela a été prouvé au Chili en 1973. Et les Cubains ont les moyens de convaincre leurs interlocuteurs centraméricains que l’insurrection ne saurait attendre.
    Le pays où la situation est la plus mûre est le Salvador, petite République accablée depuis des décennies par des juntes militaires répressives agissant comme les chiens de garde d’une oligarchie réactionnaire. Or, le 15 octobre 1978, un coup d’État a bouleversé les choses : les forces démocratiques sont appelées à participer au jeu politique. Mais trop de frustrations se sont accumulées et la situation est instable. L’extrême gauche procubaine, à laquelle s’est donc joint le petit PC, passe à « l’offensive finale » le 15 janvier 1981. Castro confirmera implicitement, le 15 septembre suivant, au politicien italien Giulio Andreotti, avoir fourni des armes aux insurgés. L’idée est-elle que les révolutionnaires salvadoriens mettent Reagan devant un fait accompli avant sa prise de fonction ? Ouvrant un nouveau front, ils dilueront la pression que le président républicain a dit vouloir mettre sur Cuba. Cet événement fait vivre au pacifique Carter une fin de mandat douloureuse : il est obligé, en catastrophe, d’accorder une aide militaire à la junte salvadorienne. Et Reagan, élu sur un programme de restaurationde la dignité américaine bafouée depuis le Viêtnam, se trouve confronté, sitôt installé, à une insurrection dans l’isthme.
    Or, « l’offensive finale » du Front Farabundo Marti échouera, et la junte de San Salvador va tenir. La guérilla s’installera dans ce quart du pays qu’elle est parvenue à contrôler. Une sale guerre s’engage, à laquelle les citoyens paient un lourd tribut. En hâte, le département d’État a rédigé un Livre blanc démontrant, avec pas mal d’erreurs et extrapolations, « l’interférence communiste » dans la petite République centraméricaine. Cuba, y est-il dit, a joué un « rôle central » dans « l’unification, l’encadrement et l’armement des forces insurgées ». L’argumentation convainc mal les alliés européens. Certes, après la poussée sur tous les fronts de l’Union soviétique dans les années 1970, la tension mondiale est au plus haut. Mais bien peu, sur le vieux continent, se réjouissent de l’arrivée à la tête de la première puissance mondiale d’un homme qui a une réputation de «
cow-boy
».
    À Cuba, on fait d’abord le gros dos : on en a vu d’autres. Mais la crainte s’insinue. Le 22 février 1981, Castro file au XXVI e Congrès du PCUS. Il convainc les Soviétiques que la situation est grave. Car le nouveau secrétaire d’État des États-Unis, le général Haig, a menacé de traiter le problème du Salvador « à sa source », ce qui se comprend : à Cuba. Dans un document dit « de Santa Fé », rédigé en mai 1980 par l’entourage de Reagan à propos de l’Amérique latine, il était dit qu’une « guerre de libération devra être lancée contre Cuba si la propagande ne suffit pas ». Brejnev promet sa « totale solidarité ». Alors, à La Havane, on se défoule. Raúl reproche à Reagan de menacer « de sa haine de cerf notre Révolution inflexible ».
    De fait, ayant désormais paré au plus pressé – le Salvador –, les États-Unis concentrent, dès le début de 1981, le tir diplomatique et l’action de propagande sur Cuba. On annonce vouloir « frapper à la tête » ou « extirper le mal à la racine », mots d’une grande détermination. Mais l’offensive auprès des capitales latino-américaines bute contre un obstacle plus irréductible que prévu : le Mexique. Son président, López Portillo, ne cache pas son admiration pour Fidel, « le plus grand Latino-Américain de ce siècle ». Or, rien n’est possible sans ce paysdans une région dont il est la principale puissance

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